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1400 entreprises genevoises déjà contrôlées

Cuisine de restaurant.
© Neil Labrador

Depuis le 27 avril et le début du déconfinement, 567 salons de coiffure et de beauté, 54 restaurants et 39 commerces non alimentaires ont été contrôlés par les inspecteurs.

L’OCIRT et l’Inspection paritaire des entreprises ont mis leur force en commun, quarante contrôleurs sont sur le terrain

La semaine dernière, quelque 1400 entreprises genevoises avaient déjà fait l’objet de contrôles du respect des mesures sanitaires liées au coronavirus. C’est la directrice de l’Office cantonal de l’inspection et des relations du travail (OCIRT), Christina Stoll, qui l’a annoncé au cours d’une conférence de presse. Une quarantaine d’inspecteurs sont déployés sur le terrain pour s’assurer que les plans de protection sont bien appliqués. «Chaque entreprise en activité doit en avoir un», a indiqué Christina Stoll. Depuis le 27 avril et le début du déconfinement, 567 salons de coiffure et de beauté, 54 restaurants et 39 commerces non alimentaires ont été visités par les inspecteurs. Onze coiffeurs, quatre magasins, trois sociétés de logistique et un restaurant ont été forcés de cesser leurs activités, une journée tout au plus, le temps d’une mise en conformité. Une seule fermeture a été prononcée, il s’agit d’un hôtel. Des centaines de contrôles sont prévus chaque semaine.

L’OCIRT et l’IPE s’unissent

L’OCIRT a donc passé la vitesse supérieure puisque, le 21 avril, le service annonçait environ 400 vérifications. «L’Office a mis en place un véritable dispositif de contrôle et ce qui est intéressant c’est que les contrôles sont désormais menés sur le terrain et pas depuis les bureaux comme au début», se réjouit Alessandro Pelizzari, secrétaire régional d’Unia et président de la Communauté genevoise d’action syndicale (CGAS). En mars et en avril, le Département de l’emploi était très réticent aux interventions sur le terrain, souligne Joël Varone, secrétaire de la CGAS et membre du bureau de l’Inspection paritaire des entreprises (IPE). Depuis un mois, en revanche, les forces de l’OCIRT ont été mises en commun avec celles de l’IPE. «Nous opérons des tournées par binôme et zones géographiques avec des contrôles inopinés. Il n’y a jamais eu autant de visites sur place. Je suis extrêmement satisfait du fonctionnement actuel et de la collaboration institutionnelle entre les inspecteurs professionnels et de milice, des liens très forts se tissent. Je suis également heureux de la qualité des contrôles, mais aussi de l’accueil que l’on reçoit dans les entreprises, tant de la part des salariés que des employeurs», explique Joël Varone, qui est lui-même allé sur le terrain durant deux jours au début du mois.

«Dans nombre d’entreprises, la mise en conformité se fait immédiatement, il s’agit la plupart du temps d’espacer des tables, de marquer des distances au sol ou de placer des écriteaux. Dans les commerces et les établissements publics, les masques sont généralisés, souvent pour rassurer la clientèle, mais lorsque l’on passe dans les arrière-boutiques, on constate fréquemment ce que l’on pourrait qualifier de relâchement, dans les salles de pause, les cantines, les gestes barrière ne sont plus forcément respectés, on s’attable pour boire le café entre collègues. Dans les restaurants, il faut parfois mesurer l’espace, 1,8 mètre au lieu des 2 mètres requis permet de gagner des couverts», raconte le responsable de l’IPE.

Uber Eats pas contrôlé

«A Genève, la réactivité est probablement plus forte que dans d’autres cantons», salue de son côté, Umberto Bandiera. «Reste que les contrôles n’ont pas été déclenchés tout de suite, il y a eu un décalage. Alors que nous étions submergés d’appels de travailleurs, nous n’avons toujours pas compris pourquoi du personnel de l’OCIRT était affecté à suivre le chômage partiel comme s’il n’y avait pas d’autres fonctionnaires de l’Etat disponibles», déplore le secrétaire syndical d’Unia, qui s’est démené toutes ces semaines pour alerter les autorités et l’opinion publique sur l’absence de protection pour les travailleurs de la logistique et de la livraison de repas. «J’ai pu constater que, malgré des requêtes de contrôle détaillées, il n’y a pas eu des sanctions dans les entreprises soupçonnées. De plus, certains contrôles se sont déroulés à distance, par téléphone et courriel. Les syndicats n’ont, en outre, pas été consultés par les employeurs, d’où l’impossibilité de vérifier les mesures prises. Ainsi dans la logistique, si des scotchs ont été placés dans les dépôts pour marquer les distances, selon les retours des travailleurs, celles-ci peinent à être respectées en raison de la charge de travail. Pour ce qui est de la livraison de repas à domicile, les trois grandes sociétés de la place que sont Just-Eat, Smood et Uber Eats n’ont, à notre connaissance, pas été contrôlées. J’ai écrit à deux reprises au Conseil d’Etat pour dénoncer les violations des conditions de travail et d’hygiène, un millier de travailleurs sont tout de même concernés. Le Canton a décidé, au contraire, de mettre des centaines de milliers de francs à disposition pour faciliter la livraison à domicile», critique Umberto Bandiera. En ce qui concerne la branche du déménagement, le secrétaire syndical «doute fortement» que, là aussi, des contrôles aient été menés dans les entreprises non conventionnées.

Les chantiers, le point noir

Suivant les branches, la situation s’affiche donc contrastée. Ainsi, dans l’horlogerie, c’est «a priori en ordre», selon Alejo Patino, secrétaire syndical d’Unia: «Lorsque Rolex a décidé d’interrompre le travail, toutes les grandes entreprises ont suivi. Les deux à trois semaines de fermeture ont permis ensuite de mettre en œuvre les mesures réclamées par le syndicat.»

Les chantiers, eux, n’ont pas encore retrouvé leurs inspecteurs. Un seul fonctionnaire de la Suva est disponible pour couvrir le canton et le district de Nyon. «Les chantiers sont un peu le point noir du dispositif actuel, reconnaît Joël Varone. Nous avons convenu de donner d’abord la priorité aux établissements publics et aux commerces dans la foulée de leur réouverture, mais nous referons le point avec la Suva ces jours-ci pour voir où ils en sont. Les tâches à mener dans la construction nécessitent souvent le travail à deux ou en équipe, ce qui pose la question du port du masque, et les cabanes de chantier sont aussi source problème.»

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