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Algérie: libérée après 9 mois d’emprisonnement!

Capture d'écran d'images télé de la libération de Louisa Hanoune.

Une libération retransmise sur de nombreuses chaînes de télévision le 10 février dernier.

C’est une victoire de la solidarité internationale: Louisa Hanoune, dirigeante du Parti des travailleurs d’Algérie, a été libérée après une vaste campagne dans son pays et dans le monde

Libre! Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs d’Algérie a enfin pu sortir de prison au soir du deuxième jour de son procès en appel, le 10 février dernier. Elle aura passé 9 mois et 2 jours derrière les barreaux. Cette militante des droits des femmes et des travailleurs, engagée avec son parti contre le cinquième mandat du président Bouteflika et pour la tenue d’une assemblée constituante souveraine, avait été arrêtée le 9 mai 2019 et condamnée, en septembre, à 15 ans de prison dans un procès politique expéditif pour «complot contre l’autorité de l’Etat» et «atteinte à l’autorité de l’armée». Le 10 février, le tribunal militaire de Blida retirait ces deux accusations mais condamnait néanmoins Louisa Hanoune à 3 ans de prison dont 9 mois ferme pour «non-dénonciation d’une réunion secrète», peine contre laquelle la secrétaire générale entend faire appel afin d’être totalement innocentée.

A peine sortie de prison, ses premières paroles de femme libre ont été destinées à toutes les personnes qui, en Algérie et dans le monde, se sont battues pour sa obtenir sa libération. «La joie de retrouver la liberté ne sera totale qu’après la libération de tous les prisonniers politiques et d’opinion», a-t-elle aussi déclaré.

Plus de 150 personnes sont encore emprisonnées dans les geôles algériennes pour leur participation au Hirak, ce mouvement révolutionnaire et pacifique né le 22 février 2019, contre une cinquième candidature d’un président à l’agonie. Louisa Hanoune avait été la première dirigeante d’une organisation politique à être incarcérée. Depuis, les arrestations de militants, de responsables politiques, de syndicalistes, de journalistes, d’avocats, de démocrates ou encore de jeunes manifestants arborant le drapeau amazigh n’ont pas cessé.

L’élection de Abdelmadjid Tebboune, ancien ministre de Bouteflika, à la présidence de la République en décembre, n’a pas réussi à freiner la colère populaire exigeant depuis un an le départ du régime. Cette élection est jugée illégitime par une grande partie de la population. Tous les vendredis, et tous les mardis pour les étudiants, les manifestations ne désemplissent pas. Elles demandent notamment l’instauration d’un «Etat civil et non militaire» et une «Algérie libre et démocratique». A l’occasion du premier anniversaire du mouvement, alors que le président avait tenté d’amadouer le peuple en parlant de «Hirak béni» et en décidant de faire du 22 février une «Journée nationale de la fraternité et de la cohésion entre le peuple et son armée pour la démocratie», la population est à nouveau descendue massivement dans les rues de toutes les villes du pays, tant le vendredi 21 février que le samedi 22. Ces jours-là, un nouveau mot d’ordre a surgi sur le devant de la scène, en guise de réponse au président: «Nous ne sommes pas là pour faire la fête, mais pour que vous partiez tous!»

Message de Louisa Hanoune

Le 24 février, Louisa Hanoune adressait depuis Alger ses remerciements à toutes celles et ceux qui, dans 101 pays, ont participé à la campagne pour sa libération. «Si je suis libre depuis le 10 février courant, c’est en grande partie et indiscutablement grâce à votre mobilisation par la signature de la pétition internationale, les rassemblements et meetings auxquels vous avez pris part», écrit-elle, indiquant que pour la deuxième fois après 1983-1984, elle recouvre la liberté grâce à la solidarité internationale. «De la prison de Blida où j’étais incarcérée, j’ai suivi la campagne internationale: militants ouvriers, démocrates, syndicats, partis, députés, parlements, militants des droits de l’homme et de la démocratie, vous avez, par-delà les appartenances politiques et syndicales, défendu sur le terrain des principes mes droits et libertés d’opinion, d’expression, d’exercice de la politique contre leur criminalisation-judiciarisation. Et l’élargissement de la campagne internationale pour ma libération à la défense des autres détenus et détenues politiques et d’opinion en Algérie a, de mon point de vue, marqué un pas qualitatif qui a pesé sur le cours des événements. Dans l’impossibilité de m’adresser à chacune et chacun d’entre vous, à vous tous j’adresse mon salut fraternel et toute ma gratitude pour avoir non seulement contribué grandement à ma libération, mais aussi réaffirmé les nobles traditions des femmes et des hommes libres épris de démocratie et de justice. Par cet élan généreux, vous avez nourri ma résistance et ma foi en un dénouement heureux. Par là même, la campagne nationale a été renforcée.»

Louisa Hanoune dit avoir été très émue par le caractère pluriel et très large de la campagne, «ainsi que par les messages que j’ai reçus et qui m’ont été d’un grand réconfort d’autant que j’étais à l’isolement». Elle ajoute: «Dans un monde secoué par des renversements majeurs et ininterrompus, la magnifique chaîne de solidarité que vous avez formée pour ma libération et qui m’a protégée me conforte dans ma conviction profonde qu’il est possible de construire un monde débarrassé de toute forme d’oppression et d’exploitation. Et c’est forte de cette certitude que je reprends le combat dans mon pays, où nous venons de célébrer le premier anniversaire de la révolution populaire du 22 février 2019 qui a déjà inscrit à son actif plusieurs victoires sur le terrain de la démocratie, à commencer par la lutte pour la libération de tous les détenus et détenues politiques et d’opinion et l’arrêt de la répression sous toutes ses formes. Une révolution avec pour objectif le départ de l’ordre ancien et son remplacement par l’ordre de la majorité du peuple, celui de la démocratie véritable avec son contenu politique et social.»

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