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Assez de pingrerie!

Cette année, le renforcement de la solidarité ne sera pas une option, mais une nécessité absolue. Et toute restriction sanitaire supplémentaire devra s’accompagner de mesures financières immédiates à la hauteur de leur impact. Alors que le Conseil fédéral s’apprête, après consultation des cantons, à annoncer aujourd’hui de nouvelles dispositions pour freiner la pandémie, la situation sur le front professionnel n’a cessé de se dégrader. Avec des disparitions de postes et des pertes de revenus des ménages pour le moins inquiétantes. Avec un sous-emploi atteignant un niveau record à 10%. Rien que dans le secteur de l’hôtellerie-restauration, 30000 places sont passés à la trappe en 2020. Nombre de familles ont vu pour leur part leurs moyens fondre comme neige au soleil. Plus d’un million de personnes, dont une majorité à faibles rémunérations, ont au moins durant un mois, mais généralement bien davantage, été soumises au chômage partiel. En d’autres termes, elles ont dû composer avec un salaire amputé pour la plupart d’entre elles de 20%. Et l’embellie reste pour le moins incertaine. A titre d’exemple, dans le domaine de l’aviation, 1200 employés de Swissport à Cointrin viennent de recevoir des congés-modifications. A la clef, une forte baisse des revenus. De quoi appauvrir encore un peu plus une main-d’œuvre aux salaires déjà particulièrement modestes.

Les fermetures à répétition et des réductions de l’activité mettent en mode survie des pans entiers de l’économie. Des salariés sont confrontés à une précarité croissante. Sans remettre en question le bien-fondé des décisions prises, leur portée n’est clairement pas suffisamment atténuée pour ceux qui en subissent les conséquences. La mise en place de filets sociaux se révèle trop lente, les seuils pour en bénéficier sont souvent élevés et arbitraires. L’obtention d’aides se heurte de surcroît à une bureaucratie qui rajoute à la peine et à l’abattement, quand bien même les entreprises concernées comme les travailleurs ne sont en rien responsables de la situation.

Lors de sa conférence de presse annuelle, l’Union syndicale suisse a dressé un état des lieux alarmant du front du travail. Dans ce contexte, elle a présenté ses solutions et les luttes dans lesquelles elle s’engage. La redistribution des réserves excédentaires des caisses maladie à tous les assurés, histoire de soutenir le pouvoir d’achat, fait partie de ses chevaux de bataille. L’organisation faîtière plaide aussi en faveur d’une prolongation de l’indemnisation chômage afin d’éviter les arrivées de chômeurs en fin de droits. Et pour des mesures supplémentaires de protection visant à prévenir les faillites. Rien d’exagéré. Selon la Conférence suisse des institutions d’action sociale le soutien aux bénéficiaires augmentera de 21 % ces deux années à venir.

Plus que jamais, la Suisse doit jouer la carte de l’entraide, le Conseil fédéral mettre plus largement la main au porte-monnaie. Bien que figurant parmi les Etats les plus riches de la planète, notre pays, en comparaison avec d’autres, se montre particulièrement pingre dans sa gestion financière de la pandémie. Selon les derniers chiffres du Fonds monétaire international rapporté par la SonntagsZeitung, l’aide d’urgence liée au coronavirus versée aux entreprises s’est élevée à la mi-septembre à 4,8 % de son produit intérieur brut contre 8,3 % en Allemagne, 9,2 % au Royaume-Uni, ou encore plus de 11% au Japon et aux Etats-Unis. Une radinerie pour le moins déplacée, la protection de la santé et la sécurité sociale étant indissociable pour l’acceptation des dispositions des autorités et pour une sortie de crise qui ne creuse davantage encore les inégalités...