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C'est le bon moment pour augmenter les salaires horlogers

Unia réclame une hausse des salaires minimums et lance une grande enquête auprès des employés de la branche

Les salaires minimums de l'industrie horlogère et microtechnique sont négociés d'année en année par canton ou région entre les représentants syndicaux et patronaux. Entamées en début d'année, les négociations sont aujourd'hui suspendues dans plusieurs régions faute d'accord.

Les négociations sur les salaires minimums dans l'horlogerie sont suspendues dans plusieurs régions. Ces salaires minimaux ne sont pas inscrits dans la Convention collective de travail (CCT) des industries horlogères et microtechniques, ils sont négociés d'année en année par canton ou par région entre les représentants syndicaux et patronaux. «Cela fait plusieurs années qu'ils sont restés au même niveau et, si l'horlogerie a traversé deux années de crise, la reprise est maintenant plutôt forte», indique Rolando Lepori, responsable Unia de la branche horlogère et microtechnique. Selon la Fédération horlogère, les exportations de montres suisses ont en effet progressé de 2,7% en 2017. «Le moment nous a semblé approprié pour demander une augmentation de 100 francs des salaires minimaux. Or, la réponse des délégations patronales a été décevante. En Suisse romande, on nous a ainsi proposé 26 francs seulement, soit la compensation du renchérissement, dans la région jurassienne, la vallée de Joux et le Valais, et rien du tout à Neuchâtel.» Notons qu'à Genève, ces négociations n'ont pas encore débuté.

Stress et bas salaires
Pour le syndicat, cette revalorisation doit non seulement compenser la hausse du coût de la vie, mais aussi l'intensification des rythmes, l'augmentation de la charge de travail, de la productivité et du stress imposés aux travailleurs de la branche durant la dernière période. Elle permettrait aussi par un effet mécanique de revaloriser les salaires réels. Mais pour la partie patronale, les conditions ne seraient pas réunies pour ce relèvement. «Si on écoutait les patrons, ce ne serait jamais le bon moment pour augmenter les salaires», ironise Rolando Lepori. Les employeurs prétendent en outre que les entreprises versent des salaires supérieurs aux minimas, qui ne concerneraient finalement que peu de monde. «Selon nous, 10 à 20% des salariés sont tout de même touchés», estime le responsable syndical. C'est dans la région jurassienne que ces salaires minimaux atteignent le plancher avec 3400 francs pour un travailleur non qualifié et 3940 francs pour un ouvrier avec CFC.

100 francs pour tous à ETA Sion
En Valais, ces salaires sont à peine plus élevés, respectivement 3440 francs et 4440 francs, comme l'a rappelé Unia dans un tract distribué le 26 février au personnel de l'usine ETA de Sion. Ce fabricant de composants horlogers appartient à Swatch, groupe qui a enregistré une croissance de ses ventes de 5,4% l'année dernière et qui va rallonger de 11% le revenu de ses actionnaires. Le syndicat relève que pratiquement l'ensemble des salariés des corps de métiers valaisans couverts par une CCT ont obtenu une augmentation de salaire en 2018, alors même que les marges bénéficiaires de leurs entreprises sont traditionnellement moins élevées que celles de l'horlogerie. Unia Valais exige 100 francs pour les salaires minimaux de la branche, mais aussi que cette augmentation soit répercutée sur l'ensemble des salaires d'ETA Sion.

Grand coup de sonde
«Nous avons suspendu les discussions et lancé une enquête sur les salaires. Nous voulons déterminer en particulier combien de personnes sont concernées par ces salaires minimaux, ce qui devrait nous donner plus d'arguments en retournant à la table des négociations. Parallèlement, nous allons continuer de consulter les travailleurs au travers d'assemblées de branche et d'entreprise, explique Rolando Lepori. Si d'ici un à deux mois, nous n'obtenons toujours rien, nous nous tournerons vers nos instances nationales, comme le prévoit la CCT, et si cela ne débouche encore sur rien, un médiateur sera désigné dans chaque région.»

Jérôme Béguin

Pour participer au sondage: unia.ch/sondage-horlogerie