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Chances à saisir

Barrage à l’homophobie! Le 9 février prochain, la population sera appelée à se prononcer sur une extension des codes pénal et militaire sanctionnant toute forme de discrimination fondée sur l’appartenance raciale, ethnique et religieuse. En cas de Oui, il sera aussi possible de punir les comportements et les insultes, les actes de propagande ou d’incitation à la haine ciblant les personnes en raison de leur orientation sexuelle. Un élargissement législatif qui aurait dû couler de source après son acceptation claire par les deux Chambres et une évolution des mentalités qu’on prenait pour acquise. A tort. Ou en tout cas, c’était compter sans l’Union démocratique fédérale (UDF) qui l’a combattu via un référendum notamment soutenu par les Jeunes UDC.

Rappelons à ce propos que la récolte de paraphes dans la rue aurait été menée de manière guère catholique, plusieurs signataires ayant témoigné avoir été grugés sur la nature de la démarche. Quoi qu’il en soit, les opposants se sont lancés dans la bataille, masquant leur étroitesse d’esprit derrière la question de la censure. Estimant que cet ajout à la norme antiraciste menacerait la liberté d’expression, de conscience (!) et de commerce. Soit. Mais de quelle liberté parle-t-on? Celle de dénigrer, d’injurier, de criminaliser en public la différence sexuelle de manière générale? Celle de refuser une prestation professionnelle à des parents du même sexe? Celle, au motif d’une idéologie dominante, de pouvoir tenir des propos fielleux à l’encontre du groupe LGBTIQ+, d’entretenir insidieusement un climat homophobe au travail, dans le monde sportif...? Dans ce sens, le risque d’autocensure dont se plaignent bigots et fondamentalistes est... une bénédiction, l’éventuelle retenue contestée par les réactionnaires, rien de plus qu’une exigence de respect.

La haine n’est pas une opinion et l’extension juridique nécessaire: L’ONU et la Commission européenne contre l’intolérance ont à plusieurs reprises critiqué notre pays pour ses filets sécuritaires lacunaires à l’égard de la communauté homosexuelle. Selon une organisation active dans le domaine, on compte cinq fois plus de suicides dans les rangs des gays et lesbiennes adolescents. Les citoyens ont demain la possibilité de corriger une faille dans notre système pénal en élargissant la protection à toutes les minorités. Certes, ce changement ne résoudra pas tous les problèmes mais contribuera à établir des garde-fous indispensables au bon fonctionnement d’une démocratie dont la mission première consiste à garantir à tous les mêmes droits et chances. Et la possibilité de se saisir de la justice au besoin.

Ce même 9 février, les votants pourront aussi se positionner sur une augmentation des logements à loyer abordable. Soutenue par l’Union syndicale suisse, cette initiative vise à favoriser les habitations d’utilité publique soustraites à la spéculation. Avec l’idée, à terme, de permettre aux familles et à la classe moyenne de bénéficier de toits sans que leurs prix ne grèvent trop sévèrement le budget. Proposition plus que pertinente: depuis 2005, les loyers ont augmenté de près de 19%. Les salaires réels n’ont de loin pas suivi cette courbe, érodant le pouvoir d’achat de la majorité de la population.

Dans ce contexte, un double Oui dans les urnes serait une bonne manière d’entamer l’année sur une base plus équitable, respectueuse de tout un chacun, et sociale. Ne ratons pas le coche...