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Construction: attaque contre la retraite anticipée

Pour assurer les retraites anticipées, les entrepreneurs veulent couper dans les prestations. Les syndicats s’y opposent

Pour renflouer la caisse de retraite anticipée dans le gros œuvre, les patrons veulent diminuer les rentes. La Conférence des présidents de la Société suisse des entrepreneurs a signé, la semaine dernière, une résolution allant dans ce sens. Un texte qui attaque non seulement les droits des travailleurs, mais aussi les syndicats. Ces derniers préconisent depuis l’automne dernier déjà d’augmenter légèrement les cotisations.

 

 

La situation s’envenime dans le secteur de la construction. En marge des négociations pour une nouvelle Convention nationale (CN), le droit à une retraite anticipée dans le gros œuvre est attaqué. Car si les patrons et les syndicats s’accordent sur l’importance de renflouer les caisses de la FAR (Fondation retraite anticipée) – qui permet aux travailleurs du gros œuvre suisse (hormis Vaud et Valais qui ont leurs propres systèmes) de prendre une préretraite –, les oppositions sont vives sur la manière de garantir la pérennité du système.  

La solution préconisée par la Conférence des présidents de la Société suisse des entrepreneurs (SSE): couper dans les prestations. Elle a signé dans ce sens, la semaine dernière, une résolution pour assainir la Fondation FAR. Le texte demande aux syndicats «de ne pas abuser plus longtemps du système de retraite anticipée comme jouet de la politique syndicale» qui pourrait compromettre les négociations en cours de la CN 2019. Dans un communiqué, la SSE tire aussi à boulets rouges sur les syndicats en condamnant «l’obstructionnisme dangereux des syndicats, attitude qui entrave un assainissement durable de la Fondation FAR».

 

Contre-attaque syndicale

 

Une attaque à laquelle Unia et Syna ont répondu dans un communiqué commun en rappelant avoir invité la SSE l’automne passé déjà à négocier. Ce qu’elle a refusé. «Nous avons proposé une augmentation des cotisations entre 0,5 et 1% et étions prêts à discuter de la répartition entre patrons et travailleurs, explique Nico Lutz, membre du comité directeur d’Unia en charge du secteur de la construction. La SSE n’a pas voulu entrer en matière. Et a dit clairement vouloir une augmentation de la retraite à 62 ans ou une réduction de la rente de 30%. Or, les employeurs considèrent les travailleurs de plus de 50 ans comme moins productifs et donc n’en veulent plus ou veulent les payer moins, alors même qu’ils préconisent d’augmenter l’âge de la retraite… C’est indigne! Quant à la réduction de rente, si elle se monte à 4500 francs en moyenne, elle passerait à 3000 francs ce qui n’est pas vivable. La solution des employeurs réside donc dans la pénalisation des travailleurs.» 

La SSE n’est en effet pas prête à entrer en matière sur un relèvement des cotisations. Elle rappelle qu’en 2016, une augmentation avait déjà été introduite, portant les cotisations des employeurs à 5,5% du salaire et à 1,5% pour les travailleurs. 

Nico Lutz rappelle que la situation est transitoire puisque c’est l’arrivée à la retraite des baby-boomers qui prétérite la couverture complète des rentes. «Nous savons que c’est entre 2019 et 2024, qu’il y aura davantage de rentiers que de cotisants. Ce n’est pas correct de pénaliser les maçons qui arrivent à la retraite pendant ces années. Ce n’est pas de leur faute, s’ils sont nés à cette époque. C’est pourquoi nous devons porter ces coûts supplémentaires de manière solidaire, et les financer par des contributions de toute la branche.» L’an dernier quelque 1500 travailleurs ont pu prendre une retraite anticipée, environ 18 000 depuis la création de la FAR il y a quinze ans. 

Cette nouvelle attaque patronale intervient alors que, sur les chantiers, la colère gronde déjà. La semaine dernière, des actions ont eu lieu notamment à Bâle et à Genève. Le prochain round de négociations entre la SSE et les syndicats sur le renouvellement de la CN est prévu le 25 avril.

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