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Credit Suisse: objectif maintien des emplois!

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© Olivier Vogelsang

La débâcle de Credit Suisse est «la plus grande tempête dans le secteur bancaire helvétique depuis la crise financière», a souligné Michael von Felten, président de l’ASEB.

Après le sauvetage du géant bancaire helvétique, l’Union syndicale suisse exige que les emplois soient préservés et que des mesures de prévention efficaces soient prises par les autorités

La place financière suisse, et mondiale, a tremblé. Au bord de la faillite, Credit Suisse a été racheté en urgence le dimanche 19 mars par UBS, pour la somme de 3 milliards de francs. Réunis au sommet, conseillers fédéraux et banquiers ont opté pour cette opération de sauvetage afin d’éviter «des dommages économiques irréparables» sur l’ensemble du système financier. En guise d’assurance, le gouvernement offre à UBS une garantie de 9 milliards de francs. Par ailleurs, la Banque centrale lâchera jusqu’à 100 milliards de francs suisses de liquidités aux deux entités bancaires.

Pour l’Union syndicale suisse (USS), la chute de Credit Suisse est due aux graves manquements de ses responsables et à l’échec collectif de la réglementation. Lors d’une conférence de presse tenue à Berne le 21 mars, la faîtière syndicale a exposé son analyse de la situation. «La recherche de rendements à court terme, la prise de risque et les systèmes de bonus salariaux encourageant une telle attitude étaient toxiques», souligne Daniel Lampart, économiste en chef et premier secrétaire de l’USS. «A cela s’ajoute que l’équipe dirigeante de Credit Suisse manquait d’expérience bancaire et ne maîtrisait guère les risques et avait en outre négligé de constituer des réserves de liquidités et de fonds propres pour être à même d’affronter des temps difficiles, compte tenu des risques pris.»

Sauver les places de travail

La revendication principale de l’Association suisse des employés de banque (ASEB), soutenue par l’USS, est claire: le maintien des places de travail. En Suisse, la banque occupe quelque 17000 personnes, dont environ 10000 dans la région zurichoise. «Les employés de Credit Suisse ne doivent pas payer pour les erreurs commises par les managers et les autorités, insiste le syndicaliste. Les deux banques, Credit Suisse et UBS, ont le devoir d’éviter des coupes brutales dans les postes de travail.»

Président de l’ASEB, Michael von Felten évoque «la plus grande tempête dans le secteur bancaire suisse depuis la crise financière» et l’avenir de nombreuses personnes qui est en jeu. «On a beaucoup parlé ces derniers jours de la confiance qui doit être rétablie. Dans une banque, la confiance repose sur ses collaborateurs, et je suis consterné de voir que, jusqu'à présent, les responsables et les politiques n'ont pas dit un mot sur les emplois.»

Si des licenciements doivent toutefois avoir lieu, l’USS et l’ASEB exigent que les employés concernés bénéficient d’un soutien pour trouver un nouvel emploi le plus rapidement possible, se former ou se reconvertir. En outre, elles demandent que, lors de la fusion à venir entre UBS et Credit Suisse, les contrats de travail transférés soient assortis d’une protection contre le licenciement, en particulier pour les salariés de plus de 55 ans. «Quoi qu’il en soit, aucun licenciement ne doit avoir lieu avant l’intégration complète des deux entités», exigent l’ASEB et l’USS. Enfin, en dernier recours seulement, les représentants des salariés exigent qu’un bon plan social soit mis en place. Un groupe de travail devrait être constitué pour travailler sur ces différentes propositions.

Mieux vaut prévenir

L’effondrement de la deuxième plus grande banque internationale du pays, quinze ans après le sauvetage d’UBS, interroge les syndicats sur les mesures prises à l’époque. «Les responsables à la Confédération et à la Banque nationale ont jeté de la poudre aux yeux de la population. Ils ont prétendu avoir réduit les problèmes des banques “d’importance systémique” de telle sorte qu’il n’y aurait pas de nouvelle affaire UBS obligeant la Confédération à accorder une garantie pour réduire les risques de pertes bancaires, expose Daniel Lampart. Mais les plans de liquidation compliqués se sont révélés inutiles en cas de crise. Les perdants sont la population et les employés de Credit Suisse.»

L’USS appelle à prendre, enfin, des mesures de prévention efficaces pour éviter que de tels événements se reproduisent. «Les autorités doivent veiller à ce que les banques disposent de réserves suffisantes en liquidités et en fonds propres pour pouvoir supporter elles-mêmes les pertes dans tous les cas de figure», insiste l’économiste.

«Elles doivent par ailleurs imposer des restrictions sur les risques que les banques peuvent prendre. Les systèmes de primes salariales et de bonus qui poussent à la prise de risques doivent maintenant disparaître. Et seules les personnes disposant des qualifications requises devraient pouvoir diriger une banque.» Prévenir, plutôt que guérir, voilà ce à quoi appelle l’USS.

Enfin, cette dernière estime qu’une analyse approfondie des événements doit être réalisée. «Il faudra examiner dans quelle mesure le Département fédéral des finances, la Banque nationale et la FINMA (Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers, ndlr) ont assumé leurs missions ou manqué à leurs devoirs, soulève le responsable syndical. Il faudra également faire toute la lumière sur leurs liens avec la place financière.»

Rendre des comptes

A la suite de ce nouveau sauvetage étatique à coup de milliards, l’USS met le gouvernement face à ses responsabilités. Neuf milliards de francs, cela représente 1000 francs par habitant. «Face à la population, la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter va devoir expliquer pourquoi, d’une part, l’on soutient UBS et Credit Suisse, alors que l’on veut, d’autre part, économiser sur les rentes AVS, que la Confédération baisse les rentes du 2e pilier et que les primes d’assurance maladie ne cessent de prendre l’ascenseur», lance Daniel Lampart. Et de rappeler que les grandes banques ont grassement profité des baisses d’impôts accordées aux entreprises dans la plupart des cantons ces dernières années. «Il faut que cela change. La Suisse doit développer une politique du pouvoir d’achat et une politique fiscale qui soient axées sur les gens qui travaillent et font tourner le pays.»

 

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