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De la reconnaissance aux actes

Barrage à l’hémorragie du personnel, à la souffrance des soignantes et des soignants et à des cadences effrénées ne permettant plus d’assurer des prestations sûres et humaines. Le 6 octobre dernier, l’association «Oui à l’initiative sur les soins infirmiers» est entrée en campagne. Le texte sur lequel nous voterons ce 28 novembre vise à pallier le manque chronique d’effectifs et à revaloriser un métier pour le moins à la peine. Une situation bien antérieure au Covid-19 – le projet des initiants a par ailleurs été déposé en 2017 déjà – quand bien même la pandémie aura projeté une lumière particulièrement crue sur le secteur. Et contribué à exacerber des difficultés existantes dans le milieu hospitalier public, fruits de cures d’austérité répétées et d’objectifs de rentabilité. Quoi qu’il en soit, quelques chiffres, communiqués par l’association, suffisent à illustrer la situation délétère dans les soins. Au premier semestre, 11717 postes restaient à repourvoir dont 6266 concernant le personnel infirmier. Aucun autre secteur ne connaît une telle vacance. Autre donnée révélatrice: plus de 40% de soignants quittent prématurément la profession et un tiers avant l’âge de 35 ans! Et pour cause. Epuisés, frustrés, courant d’un malade à l’autre, les professionnels de la santé sont confrontés à une charge de travail particulièrement pesante qui les soumet de surcroît à un risque d’erreur accru. Ils n’ont guère plus le temps d’établir une relation avec les patients, bien qu’elle soit aussi capitale dans le processus de guérison. Sans oublier les contraintes administratives chronophages. Le facteur humain joue pourtant aussi très souvent un rôle fondamental dans le choix de ce travail. Au stress, à la perte de sens s’ajoute l’absence de perspective d’amélioration finissant fréquemment par pousser, sans surprise, nombre d’employés du domaine à changer de voie. L’initiative entend remédier à la problématique en misant sur deux volets: elle exige, d’une part, une amélioration des conditions de travail et, de l’autre, un renforcement et un encouragement de la formation avec notamment des aides financières aux étudiants. Une dernière offensive reprise par le contre-projet indirect du Parlement qui, conscient de la pénurie, se limite toutefois essentiellement à cette solution. Insuffisante. Pour fidéliser le personnel soignant, il est impératif de revaloriser son travail en lui offrant de meilleurs salaires, la possibilité de mieux planifier son temps, des adaptations favorisant une conciliation plus harmonieuse entre vie professionnelle et vie familiale, des projets de carrière... Pas de l’avis des opposants, qui estiment que la Confédération n’a pas à se substituer à l’employeur. Qu’elle ne dispose pas de compétences pour agir dans ce sens. Mais à quoi bon promouvoir le métier si, au final, les personnes démissionnent au terme de quelques années de pratique? Et sachant encore que le temps presse: selon les initiants, d’ici à 2029, 70500 soignants supplémentaires seront nécessaires, dont 43200 infirmiers. Environ un tiers ne sera pas formé en Suisse. Autant dire que notre système de santé dépendra toujours d’un renfort étranger incertain. Ce besoin prive également les pays instructeurs d’un personnel précieux. Pas très équitable, en particulier lors de crises comme celle que nous traversons.

Sans hésitation, l’initiative pour des soins infirmiers forts, soutenue activement par Unia, mérite l’adhésion du plus grand nombre. Après avoir applaudi les professionnels de la santé lors du premier pic de la pandémie, il est temps de montrer notre reconnaissance par des actes. Non de se borner à distribuer quelques primes au demeurant aléatoires. Il en va de la santé des soignants, des patients et de la qualité des prestations. Des services auxquels nous recourrons tous un jour ou l’autre...