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Egalité à reculons…

L’année 2022 nous réservera-t-elle une confrontation sociale d’envergure? C’est ce qui pourrait arriver compte tenu de l’arrogance du Parlement à l’égard non seulement des femmes, mais aussi de toutes les personnes ayant travaillé des décennies en espérant une vie digne pour leurs vieux jours. Vendredi, l’Assemblée fédérale a approuvé la réforme AVS 21. Cette dernière comprend non seulement un relèvement de l’âge de la retraite des femmes d’une année, mais également des mesures favorisant l’allongement de la vie active de beaucoup. Comme le soulignent les partis de droite: la flexibilisation du départ à la retraite jusqu’à 70 ans permettra «de combler les éventuelles lacunes de cotisation». Autant dire que les personnes à petit revenu seront incitées à travailler bien au-delà de l’âge de référence fixé à 65 ans pour tous.

La hausse de 64 à 65 ans pour les femmes, justifiée par certains, et même certaines, comme un gage d’égalité, n’est qu’un profond mépris pour toutes celles qui sont encore payées en moyenne 20% de moins que les hommes. Un écart qui n’a pas tendance à se réduire, bien au contraire. Un mépris aussi des femmes effectuant la majeure partie du travail non rémunéré de prise en charge des enfants ou des proches. Combien doivent-elles se résoudre à travailler à temps partiel, faute de place en crèche ou en garderie? Des situations qui génèrent une explosion des inégalités à la retraite: près d’un tiers des femmes n’ont pas de rente du 2e pilier. Et quand elles en ont une, elles perçoivent en moyenne 50% de celle d’un homme, ou même, pour beaucoup, seulement quelques centaines de francs. Quant aux rentes AVS, elles ne permettent pas de vivre décemment sans apport du 2e pilier. La moitié des salariées ayant pris leur retraite en 2019 touchent moins de 1770 francs d’AVS par mois. Et on nous parle d’égalité…

Faire travailler les femmes un an de plus est une hérésie aussi face à toutes les personnes confrontées au chômage à cinquante ans et plus, sans grande perspective de retrouver un emploi. Or c’est sur elles et sur toutes les autres travailleuses que les partis bourgeois comptent pour passer le cap de l’arrivée à la retraite des mamy et des papy-boomers, nés durant les «Trente Glorieuses». Chaque année, le Conseil fédéral et le Parlement veulent économiser 800 millions sur leur dos. Or une hausse de 0,9% des cotisations couvrirait ce montant. Mais les partis bourgeois refusent de renforcer notre assurance sociale solidaire. Ils se réjouissent déjà des prochaines révisions de la prévoyance vieillesse qui leur permettront d’offrir des parts de marché aux banques et aux assureurs. Ils exhortent les syndicats et la gauche à ne pas lancer le référendum contre AVS 21. Le Centre, ex-PDC, se faisant le porte-parole de l’UDC et du PLR, ose même écrire que c’est «pour le bien des travailleurs et des travailleuses»…

Mais les salariés n’ont pas dit leur dernier mot. De l’argent, il y en a. Il suffirait de le prendre là où il se trouve, bien à l’abri dans les coffres-forts helvétiques. Le référendum sera lancé ces prochains jours par l’Union syndicale suisse. La mobilisation est plus que jamais nécessaire pour faire obstacle à la mainmise des partis bourgeois et des assureurs sur l’AVS et nos retraites. Surtout en ces temps incertains de pandémie et de précarisation galopante. Ne nous laissons pas diviser, battons-nous ensemble contre ce projet pour qu’il ne serve pas de marchepied à un allongement de la vie professionnelle de tous. L’année 2022 sera une année de luttes, essentielles, afin que l’égalité ne se fasse pas à reculons et que la solidarité l’emporte sur l’égoïsme de quelques-uns.