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Femmes et 2e pilier: encore raté!

Nous sommes le 8 mars, Journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Le constat est amer. L’égalité n’avance plus, elle recule. Ce constat a traversé les Assises nationales de la Grève féministe samedi dernier. Il est aussi confirmé par un nouvel affront fait aux femmes par le Parlement qui est sur le point de mettre la touche finale à la réforme de la prévoyance vieillesse LPP 21. Cette réforme devait garantir les rentes, alors que le taux de conversion va être abaissé, assurer le financement des pensions, et enfin améliorer les retraites des femmes dans le 2e pilier. Pour cela, dans le compromis de départ, une part de solidarité avait été introduite et offrait des compensations pour les femmes travaillant dans des branches à bas salaires ou à temps partiel et pour les petits revenus. Or tant le Conseil National que le Conseil des Etats ont balayé le projet, tout en gardant des mesures qui tireront les rentes vers le bas. Les femmes déjà dans la précarité, comme les hommes, devront payer des cotisations supplémentaires pour voir leur espérance de toucher une rente correcte à l’âge de la retraite envolée. L’Union syndicale suisse chiffre à 3 milliards le surplus total de cotisations prévu par LPP 21 et dénonce un projet qui s’est retourné en son contraire: un démantèlement pur et simple.

Après l’immense déception du passage en force de la hausse de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans, sous couvert pour certains d’égalité, mais d’une égalité à l’envers, la surcharge de travail et les doubles journées n’étant plus reconnues, une autre attaque se profile. Dont une majorité de femmes seront à nouveau les principales victimes.

Rappelons qu’à l’heure actuelle, un tiers des retraitées ne touchent pas de rente du 2e pilier. Leur salaire ayant été trop bas pour qu’elles puissent y avoir accès. Et lorsqu’elles reçoivent une rente d’une caisse de pension, elle est en moyenne près de la moitié de celle d’un homme. Ainsi, une salariée sur deux ayant pris sa retraite en 2021 touche une rente LPP inférieure à 1200 francs alors qu’un homme touchera plus de 2000 francs. Une situation s’expliquant par un système de 2e pilier créé sur le modèle patriarcal du père à l’usine et de la mère au foyer. Seule l’AVS, 1er pilier basé sur la solidarité, permet aujourd’hui une quasi égalité de traitement entre hommes et femmes.

La problématique des retraites est l’une des dix revendications de la Grève féministe du 14 juin 2023 adoptées samedi à Fribourg. L’appel des Assises féministes demande un renforcement immédiat de l’AVS, ainsi que l’abolition du système des trois piliers pour le remplacer par un système public et solidaire, selon le modèle de l’AVS, afin de garantir aux personnes à la retraite une vie confortable. Le mot est lancé. Pour que cette revendication devienne réalité, une forte mobilisation sera nécessaire. L’enjeu étant que l’argent des travailleuses, comme celui des travailleurs, n’aille plus gonfler des fonds de prévoyance qui s’élèvent aujourd’hui à 1200 milliards de francs, et permettent aux assureurs et aux banques de se sucrer au passage. Il est évident qu’une redistribution sociale de cette fortune gigantesque, constituée avec nos cotisations, permettrait d’offrir une vie digne à toutes et à tous à l’âge de la retraite. Or cette évidence ne l’est pas pour tout le monde. Il faudra le dire haut et fort le 14 juin prochain!