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Feu vert pour la 13e rente AVS

Les délégués de l’Union syndicale suisse ont approuvé le lancement de l’initiative décidée au dernier congrès.
© Thierry Porchet

Les délégués de l’Union syndicale suisse ont approuvé le lancement de l’initiative décidée au dernier congrès.

Les délégués de l’Union syndicale suisse ont approuvé le lancement de l’initiative décidée au dernier congrès, ainsi que la demande d’affecter une part des bénéfices de la Banque nationale à l’AVS. Ils soutiennent aussi le mouvement pour le climat et appellent à envisager une heure de grève ou d’action le 15 mai 2020, jour de mobilisation décidé par les jeunes.

Réunis en assemblée vendredi dernier, les délégués de l’Union syndicale suisse (USS) ont décidé de lancer l’initiative populaire pour une 13erente AVS. Le dernier congrès de la faîtière des syndicats, fin 2018, avait adopté ce projet dont l’idée était toute simple: le versement d’une rente de vieillesse supplémentaire, du même montant que la pension AVS perçue chaque mois, soit une augmentation de 8,33%.

Un montant non négligeable sachant que la moitié des personnes ayant pris leur retraite en 2007 doivent joindre les deux bouts avec moins de 3600 francs par mois. «Avec cette 13erente, je pourrais, avec mon partenaire, me permettre quelques jours de vacances au Tessin, un bon dîner au restaurant ou une excursion sur le lac des Quatre-Cantons», a illustré Ursula Mattmann devant la centaine de délégués présents à la réunion. La présidente de la commission femmes d’Unia a avoué «devoir survivre avec une faible rente», alors même qu’elle a travaillé sa vie entière.

Secrétaire général du Syndicat des services publics (SSP), Stefan Giger a fait part de sa crainte qu’après AVSplus et PV2020, cette initiative rencontre un nouvel échec dans les urnes: «Dans cinq ans, l’AVS sera certainement dans les chiffres rouges, il sera difficile d’argumenter pour un supplément. Je vois déjà les affiches: “Pas de cadeau de Noël quand l’AVS va mal!”» Pierre-Yves Maillard a répondu en prenant le contre-pied: «Je me réjouis qu’on nous attaque de telle façon! A Noël, on a justement besoin d’avoir un petit peu d’argent pour faire un cadeau à ses petits-enfants…» Et le président de l’USS a utilisé la formule attribuée à Bertolt Brecht: «Celui qui se bat peut perdre, mais celui qui ne se bat pas a déjà perdu… Et on va se battre!»

«Si on ne fait rien, nous assisterons à une privatisation de la prévoyance professionnelle par le biais du 3epilier. Et ceux qui n’ont pas d’argent resteront sur le carreau», a prévenu Daniel Lampart, économiste et premier secrétaire de l’USS, en rappelant que la Suisse est «l’un des seuls pays où les rentes baisses». «Avec cette initiative, nous nous dotons d’un instrument pour mettre la question du montant des rentes au centre des discussions. Si nous ne lançons pas ce débat, personne ne va le faire», a souligné la présidente d’Unia, Vania Alleva. 

Plusieurs délégués du SSP sont intervenus pour demander que cette initiative ne serve pas de «monnaie d’échange» face à AVS21, le projet du conseiller fédéral Berset prévoyant un relèvement à 65 ans de la retraite des femmes. «Nous avons bien compris le message des femmes exprimé lors du vote sur PV2020 et le 14 juin. Il n’est pas question de faire cette négociation, nous nous battrons contre toute élévation de l’âge de la retraite des femmes, comme des hommes», a assuré Pierre-Yves Maillard.

Plusieurs syndicalistes se sont également exprimés en faveur de l’inclusion, dans l’initiative, de l’assurance invalidité. «Le premier pilier englobe l’AVS et l’AI, la lutte doit rester commune, solidaire, il n’y a pas de raison de sortir l’AI. Nous susciterons plus de sympathie si nous l’incluons», a plaidé la présidente du SSP, Katharina Prelicz. «C’est grâce à la dynamique de l’AVS qu’on peut espérer améliorer les rentes AI. Si le wagon de l’AI est détaché de l’AVS, on n’aura aucune chance de gagner. Si on veut que le progrès social profite à tous, il faut aussi qu’il bénéficie à nos collègues qui ont un handicap», a déclaré de son côté Philippe Martin du SSP. «Ne pas inclure les assurés de l’AI serait délivrer à leur égard un message d’abandon», a dit encore Davide de Filippo du syndicat genevois Sit. «Personne ne veut maltraiter les gens à l’AI, mais il nous faut être ici pragmatiques», a expliqué Aldo Ferrari, vice-président d’Unia. Au vote, une majorité des délégués a été de cet avis.

Le comité présidentiel de l’USS a été chargé de choisir le meilleur moment pour lancer l’initiative, ce sera sans doute au début du printemps prochain.

Les bénéfices de la BNS à l’AVS

Toujours concernant l’AVS, les délégués ont par ailleurs approuvé l’exigence que les bénéfices de la Banque nationale suisse (BNS) soient mis à contribution pour financer l’AVS. «On a de l’argent qui dort à la BNS, il est grand temps que les travailleurs et les rentiers puissent en profiter», a lancé Gilbert D’Alessandro du syndicat des transports SEV. Pierre-Yves Maillard a articulé le chiffre de 110 milliards de francs d’augmentation des fonds propres en deux ans, tandis que Daniel Lampart évoquait les 800 milliards investis à l’étranger, qui rapportent au moins 10 milliards par an. Il s’agira d’œuvrer au Parlement afin de rallier une majorité en faveur de cette idée. Si la voie parlementaire devait échouer, l’USS examinera le lancement d’une initiative.

La grève du 14 juin a également fait l’objet d’une discussion des délégués. «La grève des femmes n’était qu’un début», a dit Regula Bühlmann, secrétaire centrale de l’USS, en proposant aux délégués d’agir dans les domaines de la garde d’enfants, des soins et de l’assistance. Mandat a été donné à un groupe de travail d’élaborer un projet en ce sens et de constituer une alliance.

Enfin, les délégués ont décidé que la question des services publics serait l’un des thèmes centraux de leur prochaine assemblée. «L’opposition aux privatisations reste essentielle, mais n’est plus suffisante, il faut passer à l’offensive. L’Union syndicale du canton du Tessin avait proposé des initiatives pour renationaliser les régies publiques, on pourrait commencer par La Poste», a lancé Graziano Pestoni. «Nous exigeons de mettre fin aux réorganisations, nous demandons du personnel en suffisance, bien formé et payé de manière décente, il faut arrêter avec les managers et revenir à des directeurs qui ont une sensibilité pour le service public», a déclaré pour sa part Giorgio Tuti, le président du SEV.

Une heure de grève pour le climat

Les délégués ont aussi adopté une résolution dans laquelle ils expriment leur soutien au mouvement en faveur du climat. «Les syndicats ont un devoir, c’est de soutenir ce mouvement du mieux que nous pouvons», a déclaré Dore Heim, secrétaire centrale de l’USS.

Sur proposition de la Communauté genevoise d’action syndicale (CGAS), trois points importants ont été ajoutés à la résolution: le mouvement syndical «doit intégrer une dimension relative à la protection de l’environnement», se doter «à brève échéance d’un cahier de revendications sur les questions climatiques en organisant notamment une journée nationale de réflexion sur cette thématique» et soutenir la journée de grève sur le climat du 15 mai 2020 proposée par les jeunes militants. «Il y a une prise de conscience que le changement climatique a un impact sur les conditions de travail, l’exemple a été frappant cet été sur les chantiers. Nous sommes dorénavant confrontés à des membres et des travailleurs qui nous posent des questions sur ce sujet. Nous avons un besoin urgent de développer des revendications», a expliqué Alessandro Pelizzari. Parallèlement, a noté le président de la CGAS, il y a ce «mouvement impressionnant de jeunes», il s’agit «de futurs travailleurs, syndiqués et syndicalistes», qui recherchent l’appui des syndicats et qui méritent d’être soutenus.

«Les jeunes sont arrivés devant un obstacle majeur. Ils voient que, sauf à la marge, rien ne bouge, ils comprennent que, pour que ça change, il faut faire des arrêts de travail et font appel au mouvement syndical», a souligné Agostino Soldini du SSP.

La CGAS proposait que l’USS «se déclare partie prenante de l’appel à la journée de grève sur le climat du 15 mai 2020» et «appelle les travailleurs à observer au moins une heure de grève dans l’ensemble des régions et des secteurs». La direction de l’USS a toutefois préféré et obtenu au vote une autre formulation. Au final, l’assemblée des délégués «invite les fédérations et les régions à envisager au moins une heure de grève ou d’action pendant le temps de travail». «D’expérience, il nous semble difficile de décréter une grève. Une grève, ça se prépare sur le terrain, c’est pour cela que nous proposons d’organiser des discussions sur les lieux de travail, a argumenté le président de l’USS. On a six mois pour dire aux jeunes, mais aussi aux femmes qui se sont mobilisées le 14 juin, de rejoindre notre mouvement. Si nous augmentons massivement le nombre de nos membres alors nous ferons peur aux puissants.»

Train de mesures pour le pouvoir d’achat

La veille de l’assemblée des délégués, l’USS avait organisé une conférence de presse pour présenter dix mesures afin de trouver une solution aux salaires faisant du surplace, aux rentes du 2epilier qui baissent alors que les cotisations augmentent et au fardeau des primes maladie qui grèvent le pouvoir d’achat des ménages. Ces mesures proposent: des hausses substantielles de salaire; la lutte contre la discrimination salariale des femmes; un 13esalaire pour toutes et tous; une amélioration substantielle de la situation professionnelle des femmes; davantage de CCT fixant des salaires minimaux et une meilleure protection des salariés; le renforcement de l’AVS par une 13erente; l’amélioration du rapport prix/prestations dans le 2epilier; la limitation de la charge représentée par les primes maladie à 10% du revenu; la distribution d’une partie des bénéfices de la BNS en faveur de l’AVS; et enfin une hausse des allocations familiales. 

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