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Genève: un pas important vers l’égalité des chances

Si elle est approuvée en votation le 15 mai, la réforme du cycle d’orientation (CO 22) offrira une meilleure transition entre l'école primaire (hétérogène) et le secondaire II, organisé en filières distinctes. Contrairement aux attentes, la réforme de 2011 (nCO) n'a pas réduit les inégalités. Avec le nCO, on a vu apparaître des phénomènes de ghettoïsation. Les catégories socioprofessionnelles défavorisées sont surreprésentées dans les regroupements les moins exigeants. Les attentes fondamentales ne sont pas remplies à la fin de la 11e année. Beaucoup trop d’élèves en échec, pris dans une spirale de dévalorisation, se destinent à grossir durablement les rangs de l’aide sociale. Or, le canton de Genève est déjà l’un des plus inégalitaires de Suisse du point de vue socioéconomique. Pour remédier à cela, la réforme vise à améliorer les compétences des élèves, notamment les plus fragiles. Elle entend faciliter leur orientation en fin d’école obligatoire, en particulier vers la filière professionnelle duale; enfin, elle a pour but de répondre aux besoins de tous les élèves, qu’ils aient des difficultés ou de la facilité.

Concrètement, en 9e année, les élèves seront regroupés au sein d'une même classe, mais avec des niveaux dans deux disciplines (mixité). En 10e année, il est prévu quatre disciplines à niveau et – comme aujourd'hui – l'introduction d'options. En 11e année, deux voies seront possibles: une voie maturité préparant aux filières du secondaire II aboutissant à la maturité gymnasiale ou professionnelle; et une voie certificat allant aux filières du secondaire II préparant aux CFC ou aux certificats de l'ECG (accès possible aux maturités professionnelles post-CFC et aux maturités spécialisées post-ECG). Le dispositif sport-art-études restera possible pour les jeunes ayant des talents artistiques ou sportifs. La réforme permettra d’éviter le regroupement des élèves les plus faibles dans une même classe. Le renforcement des connaissances et des compétences des élèves les plus faibles aura pour effet d’améliorer l’image de soi et de faciliter l’accès à un savoir identique pour toutes et tous.

La réforme suscite certes des craintes. Cependant, elle découle d'un travail collaboratif entre partenaires du cycle d’orientation. Elle est bien accueillie par les représentants des parents des élèves. Il est piquant de voir le PLR qui pourfend la réforme exiger un suivi individualisé des élèves. Or, il s’attaque, année après année, au budget du DIP! Pour réussir, le projet devra s’accompagner d’une maîtrise des effectifs par classe et d’un accompagnement au changement des enseignants et des enseignantes. Ceux-ci devront faire montre de flexibilité et de capacité d’adaptation, en particulier concernant les évaluations. Cependant, pour faciliter la transition, un travail de fond est déjà en cours sur le climat scolaire et la posture des élèves, ainsi que sur la pratique professionnelle des enseignants.

Emmanuel Deonna & Nicole Valiquer Grecuccio, députés PS au Grand Conseil genevois, membres de la Commission de l’enseignement.