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Givaudan Vernier à deux doigts d’un conflit social

Mécontente du résultat des négociations salariales, une forte minorité du personnel était prête à se battre

Il s’en est fallu de peu pour que le personnel de Givaudan Vernier ne décide fin novembre d’engager des mesures de lutte. Les travailleurs du site genevois étaient en effet frustrés par le résultat des négociations salariales.

«Avec les derniers chiffres communiqués par le groupe, les salariés attendaient plus cette année ou, au moins, autant que le 1,4% que nous avions obtenu en 2020», explique Xavier Henauer, président de la délégation syndicale de Givaudan Vernier. Le numéro un mondial des arômes et des parfums a affiché une solide croissance au premier semestre 2021. En progression de 4,7% sur un an, le chiffre d'affaires du groupe s'est inscrit à 3,37 milliards de francs, tandis que le bénéfice net bondissait de 16,5% pour s’établir à 481 millions de francs. «Givaudan enregistre de bons résultats, nous bossons beaucoup, il existe une forte demande de produits de première nécessité. Avec le Covid, les gens utilisent beaucoup de savons et autres détergents, ajoute le laborantin en chimie, par ailleurs président d’Unia Genève. Le passage aux trois-huit de la salle des mélanges, l’augmentation de l’activité et le remplacement des départs à la retraite se traduisent par des embauches, j’en ai dénombré plus d’une cinquantaine sur le site ces dernières années.» Le nombre de salariés rattachés à la convention collective de travail (CCT) d’entreprise du site se chiffre aujourd’hui à 355. «En même temps, nous subissons toujours de nombreuses contraintes en raison de la crise sanitaire. Pour restreindre le nombre de personnes dans un même lieu, des horaires vestiaires ont ainsi été mis en place. Ceux qui travaillent en équipe et ne peuvent se restaurer à l’extérieur, car la pause est limitée à 35 minutes, doivent attendre leur tour à la cantine. Et il y a toujours des collègues qui tombent malades ou sont placés en quarantaine. Les normes sanitaires sont bien appliquées par l’entreprise, c’est positif, mais elles rendent notre travail plus difficile.»

C’est dans ce contexte que la délégation syndicale a été amenée à négocier les augmentations salariales 2021 qui seront versées rétroactivement. «Nous avons négocié autant que nous pouvions, assure le syndicaliste, et avons obtenu des augmentations de 1,2% et une prime de 600 francs.» Des assemblées générales ont ensuite été organisées pour présenter ce résultat au personnel, puis un vote électronique s’est déroulé les 22 et 23 novembre. Les travailleurs avaient le choix entre accepter ces augmentations ou s’engager à «participer à des mesures de lutte déterminées collectivement». «La délégation n’a pas donné de mot d’ordre, mais a expliqué objectivement ce qui avait été discuté avec la représentation patronale», souligne le président. Par 46,4%, les votants se sont prononcés en faveur de la première solution, alors que 43,5% choisissaient les mesures de lutte et 10,1% s’abstenaient. La participation s’est montée à 71%. «Le vote traduit la déception des employés. Ils ont bien bossé et s’attendaient à un geste plus grand. Je pense aussi que l’entreprise pouvait donner un peu plus», estime notre interlocuteur.

«Maintenant, nous allons sonder le personnel pour les négociations salariales de 2022 en passant par des commissions ouvrières et des délégués représentant chaque secteur. Parallèlement, nous allons continuer les négociations pour le renouvellement de la CCT qui ont pris du retard avec le Covid.»

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