Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

«Il y a davantage de vie dans la marge»

Portrait de Samuel Socquet.
© Thierry Porchet

Samuel Socquet, un amoureux de la nature adepte de la méditation et de la sobriété heureuse.

Journaliste indépendant et auteur de plusieurs livres, Samuel Socquet apprécie par-dessus tout les possibilités de rencontres que lui offre son métier. Nourrissantes...

C’est un globe-trotteur qui, en 2011, a décidé de renoncer à prendre l’avion pour diminuer son empreinte carbone. Un adepte de la sobriété heureuse tourmenté par la question de l’urgence climatique et le déni collectif. Un journaliste indépendant de radio et de presse écrite enthousiasmé par sa profession et les occasions de rencontres qu’elle lui offre. «J’adore mon métier. C’est un luxe de pouvoir s’informer, d’approfondir des thématiques, d’interviewer des personnes passionnées, des spécialistes...» souligne Samuel Socquet, plus séduit par les enquêtes au long cours et les portraits que par les scoops. Des thèmes révélateurs de son intérêt pour l’environnement et les sujets sociétaux mais aussi pour les parcours de vie atypiques. Dans cet ordre d’esprit, ce natif de France a réalisé plusieurs reportages pour la RTS et la presse écrite sur la Terre, les arbres, le mouvement Extinction Rebellion (XR), la transition. Il a également traité de l’exil, du handicap mental ou encore – objets de plusieurs ouvrages – de phénomènes surnaturels. «Il y a davantage de vie dans la marge», affirme cet homme de 46 ans, captivé par des réalités plus cachées lui offrant aussi la possibilité de jeter des ponts avec d’autres problématiques. «Le travail sur les mondes invisibles a contribué à mon ouverture, m’a permis de dresser une cartographie de la conscience. Je m’intéresse à la psyché humaine, la synchronicité, les liens, les racines... J’ai eu une posture bienveillante par rapport à ces matières sans me départir d’une neutralité critique», note celui qui, depuis ses livres sur ces dimensions parallèles, est souvent étiqueté «expert en médiumnité». Alors que son parcours de vie a également contribué à nourrir sa curiosité plurielle.

D’un bout à l’autre du globe

Diplômé en relations internationales de l’Université Paris 1 – La Sorbonne, Samuel Socquet a choisi au départ ce domaine parce qu’il favorisait son envie de découvrir la planète. «Autrefois, j’éprouvais le besoin de partir. Il me semblait qu’à l’étranger, j’étais plus libre d’être moi-même, échappant aux attentes de mon entourage, sortant d’une certaine construction sociale et éducative», précise le voyageur qui visitera de nombreux pays avant de poser en 2016 ses valises avec son épouse vaudoise et leur garçon de 6 ans à Savigny. Une période de bourlingues où il exercera différents métiers et se frottera à nombre de cultures. Elagueur à Long Island et à New York et serveur dans le Parc national de Yellowstone, aux USA, chargé de mission cinéma à Bogota en Colombie, attaché audiovisuel à Bangkok, en Thaïlande, bénévole dans un centre de méditation dans les Cévennes, etc., le pigiste passera aussi du temps dans l’oasis de Siwa en Egypte et à Rio de Janeiro au Brésil pour écrire ses livres. Il résidera également une année avec sa femme à Santiniketan dans l’Etat du Bengale-Occidental, en Inde. Un lieu où il va étudier la langue pali et le chant hindoustani, et s’adonner à la méditation qu’il a découverte dans l’ancien Siam. Autant de périples ayant forgé la personnalité de Samuel Socquet qui passera aussi plus de vingt ans à Paris et dans d’autres villes de l’Hexagone encore...

Eviter le précipice

«La méditation a changé mon existence. Elle m’a ôté cette nécessité que j’avais de vivre ailleurs. Le malaise ressenti dans mon pays s’est effacé», indique Samuel Socquet, précisant parvenir, à travers cette pratique, à relier l’intellect à ses émotions. Une voie qui a aussi mis un terme à ses interrogations relatives à «l’absurdité de la vie». «Je n’ai pas trouvé de réponse à cette question mais elle a cessé de me tarauder», explique le journaliste, confiant être habité par une certaine tristesse existentielle malgré tout. «Je peux être très déprimé», soupire cet homme de nature plutôt pessimiste, révolté par les difficultés que rencontrent les défenseurs du climat à se faire entendre. Et fustigeant entre autres les politiques prévoyant l’injection de milliards pour sauver les compagnies aériennes clouées au sol par la crise sanitaire... «On marche sur la tête», déplore le journaliste la gorge nouée et les larmes aux yeux, particulièrement inquiet de voir que la pandémie de coronavirus ne semble générer aucun revirement de cap «pour éviter le précipice». «J’ai peur que tout continue comme avant. Plus on fonce dans le mur, plus notre marge de manœuvre se rétrécit», poursuit le quadragénaire, convaincu par la théorie de l’effondrement et craignant que la situation actuelle en accélère le processus. Pas de quoi toutefois le détourner de son engagement écologique.

La sérénité synonyme de bonheur

«Même si on a peu de poids, on a la responsabilité d’agir.» Et l’homme de retrouver aussi un peu d’espoir face à la capacité de changement de personnes impliquées dans la transition. A ce titre, il se dit séduit par le mode de fonctionnement de XR. «L’horizontalité de ce mouvement, la dimension émotionnelle du lien me parlent. Je pourrais imaginer le rejoindre. Dans tous les cas, je crois davantage au levier de la société civile que politique», souligne le journaliste qui, pour se ressourcer, se balade volontiers en montagne ou dans la forêt. Le lac attire aussi cet amoureux de la nature qui, sans affirmer être heureux, précise bien aimer sa vie. Et aimer tout court son épouse et son fils. «Ma définition du bonheur? La sérénité pourrait servir de synonyme, et la joie. Une joie sans objet, sans relation avec des circonstances particulières, créant de l’espace intérieur pour autre chose que soi.» Questionné sur ses croyances, Samuel Socquet évacue l’idée d’un Dieu mais pas celle d’une force extérieure qui nous dépasserait: «Mais je n’entends pas creuser le sujet. La pratique de la méditation répond à ce questionnement via une cheminement intérieur, in fine une forme de libération.»