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La France verdit

La pandémie mondiale de Covid-19 aura au moins apporté quelque chose de positif. Totalement confinée, ou à moitié, la population a vu son quotidien révolutionné et a redéfini ses priorités. Les individus se sont recentrés sur eux-mêmes et leur famille, et ont revu leurs besoins jusqu’ici essentiels à la baisse. Ils ont pris le temps, ils ont (re)découvert le silence, le chant des oiseaux et ils ont vu la nature reprendre ses droits, même dans les grandes villes. Ils ont consommé beaucoup moins, se sont approvisionnés plus localement, privilégiant les circuits courts, et ils se sont montrés créatifs. Ils ont goûté à l’ennui, ont vu leurs enfants évoluer, les liens se resserrer, se sont remis au sport, ont pu expérimenter les avantages et les inconvénients du télétravail et ont déserté les stations-service. Tout à coup, l’apparence, la performance et la croissance n’avaient plus leur place. Ce qui était redevenu important, c’était l’humain, et son environnement.

Certes, le déconfinement a relancé la machine, mais que partiellement. En cause, la crise économique qui s’installe, mais pas seulement. Beaucoup d’entre nous avons envie de tirer les leçons de cette crise sanitaire gravissime qui a tué plusieurs centaines de milliers de personnes, et refusons un retour à la normale. Nombreux sont ceux qui pensent que le monde d’après doit être un monde centré sur le respect de la vie, humaine et animale, et de la nature. Preuve en est, les récentes élections municipales en France et la vague verte qui a déferlé sur l’Hexagone, notamment dans les grandes villes. Des victoires clés ont été remportées par les écolos à Strasbourg, Bordeaux, Lyon, Tours, Besançon, Poitiers, Annecy ou encore Marseille, jusqu’ici des fiefs de la gauche ou de la droite traditionnelles. On peut également se réjouir du fait que la moitié des dix plus grandes villes françaises sont désormais dirigées par des femmes, Anne Hidalgo pour n’en citer qu’une, qui rempile à la mairie de Paris.

Le taux d’abstention, historiquement haut, et les craintes liées au coronavirus ne suffisent pas à expliquer cette poussée écologiste. Il faut y voir aussi un désaveu du parti La République en Marche, autocentré sur la personnalité d’Emmanuel Macron, qui a échoué à s’implanter localement. Mais aussi un rejet massif des élus en place qui ont profondément déçu dans la gestion de cette crise sanitaire. Hasard ou pas, le lendemain du scrutin, le président recevait la Convention citoyenne pour le climat, ces 150 citoyens tirés au sort pour plancher et soumettre des propositions sur l’urgence climatique. Ce premier a retenu la quasi-totalité des 149 mesures proposées et annoncé le déblocage de 15 milliards d’euros pour les mettre en œuvre. Sans surprise, la taxe de 4% sur les dividendes pour financer la transition écologique a été balayée par l’ancien banquier, de peur de faire fuir les investisseurs, tout comme l’idée d’un modèle de décroissance… Après les paroles, place aux actes, et il y a fort à parier que le président sera scruté et attendu au tournant.