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La lutte continue!

Banderole Unia: "Egalité salariales et retraites dignes".
© Olivier Vogelsang

La colère des femmes romandes s’est exprimée samedi dernier à Lausanne contre le résultat du vote sur AVS 21. Après un rassemblement sur la place de la Riponne, les manifestantes et les manifestants ont défilé dans le centre-ville derrière une banderole appelant à la Grève féministe du 14 juin 2023 alors qu’une autre, portée par Unia, exigeait l’égalité salariale et des retraites dignes.

Après la victoire d’AVS 21 dans les urnes, une grande manifestation féministe romande s’est déroulée le 1er octobre à Lausanne. Déterminées et en colère, les militantes préparent déjà le 14 juin 2023. L’égalité salariale comme l’amélioration des rentes seront au menu

Samedi dernier, quelque 1500 personnes ont battu le pavé à Lausanne en réaction à l’acceptation de la réforme AVS 21, qui, pour rappel, prévoit l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans. Une mesure «injuste» contre laquelle Unia et la Grève féministe, notamment, ont fait campagne pendant des mois. Mais cela n’aura pas suffi. Cette manifestation de colère, qui a réuni des militantes de toute la Suisse romande, était aussi une belle démonstration de cohésion et de détermination pour les luttes à venir.

Tamara Knezevic, secrétaire syndicale à Unia Vaud et militante de la Grève féministe, nous en dit plus.


Quelle est la réaction générale à la suite du résultat du 25 septembre?

Les femmes sont en colère, tout comme la classe travailleuse qui, en majorité, ne dispose pas du droit de vote en Suisse bien qu’elle contribue à la prospérité du pays. Nous avons créé un bloc compact entre les milieux de gauche, les syndicats et les mouvements féministes afin de faire reculer cette réforme qui est tout sauf égalitaire. Il n’est pas normal de faire travailler les femmes une année supplémentaire pour moins de rentes, alors qu’elles font tourner l’économie et sont indispensables à la société, tout en ayant des emplois peu valorisés et moins bien rémunérés que ceux des hommes.

C’est pourquoi le mouvement féministe, avec l’appui des fédérations et de l’Union syndicale suisse, a appelé à une grande mobilisation de colère samedi dernier à Lausanne. Nous n’avons rien lâché, et la victoire contre AVS 21 en Suisse latine est le fruit d’un travail commun de longue durée et d’arrache-pied, c’est pourquoi nous nous sentions légitimes à convoquer cette manifestation.

Qu'est-ce qui a manqué pour inverser la tendance et gagner la votation?

La cartographie des résultats est claire: c’est la Suisse alémanique qui a accepté massivement cette réforme sur le dos des femmes, tandis que la composition sociale du vote montre, selon le sondage effectué par le Tages Anzeiger, que deux hommes sur trois (65%) ont soutenu la réforme contre uniquement 37% des femmes. Si, en Suisse romande et au Tessin, nous avons gagné ce vote, ce n’est pas uniquement dû à la différence culturelle ou politique de la population, mais surtout parce qu’une campagne de front a été menée jusqu’au dernier jour de la votation.

Pour moi, ce résultat victorieux en Suisse latine s’inscrit également dans le travail fait en amont lors de la réforme Prévoyance Vieillesse 2020. Il s’agissait également d’un paquet d’Alain Berset comprenant la hausse de l’âge de la retraite des femmes. Or, dans le cadre de la campagne PV2020, nous avons martelé partout que cette mesure devait être combattue par principe et qu’il était exclu qu’une réforme se fasse sur le dos des plus précaires. C’est ainsi que nous avons combattu cette réforme par référendum en 2017. Cependant, ce ne sont pas les choix qui ont été faits en Suisse alémanique à l’époque et, aujourd’hui, on en paie clairement le prix.

Dans ce contexte, comment préparer l'avenir et la lutte pour des retraites dignes pour toutes et tous?

Nous avons perdu de très peu. A 30000 voix près, nous aurions pu remporter cette bataille, mais nous subissons le vote alémanique. Toutefois, les luttes perdues sont surtout celles que nous n’avons pas engagées. Il s’agit d’une attaque frontale contre les travailleuses, mais le mouvement féministe et syndical doit partir de cette colère pour construire la mobilisation de masse du 14 juin 2023. Ce n’est pas parce que nous avons perdu un vote dit démocratique que nous devons nous laisser abattre. De plus, il est clair que la démocratie directe à la suisse est défavorable à la classe ouvrière qui est majoritairement d’origine étrangère et sans le droit de voter sur de tels sujets. En tant que plus grande organisation syndicale du pays, nous avons la responsabilité de répondre aux exigences de nos membres mais aussi de tous les salariés. C’est pourquoi, à la suite de la mobilisation massive de samedi dernier, nous convoquerons des assemblées tous secteurs confondus afin de laisser nos membres s’exprimer et préparer le plan de bataille pour la suite, notamment les revendications syndicales à porter en vue de la Grève féministe de 2023 qui doit se faire sur les lieux de travail. La seule vraie démocratie des travailleuses est celle de nos luttes et de nos grèves.

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