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La mode, son dessein de vie

Julian Sinclair
© Neil Labrador

Habitué des séances photos, Julian Sinclair prend volontiers la pose. 

Jeune styliste, Julian Sinclair tente, du haut de ses 17 ans, de renverser les stéréotypes et les idées reçues sur la mode

Une attitude décontractée mais fashion jusqu’au bout des bagues. Julian Sinclair a décidé de consacrer sa vie à la mode. Un choix original et déjà une histoire hors du commun, le jeune homme, qui habite Vevey, venant de présenter sa collection d’été à la «Fashion Week Men» de Londres. Une collection tout en blanc qui a conquis les plus sceptiques par sa modernité et sa fraîcheur. 

La «Fashion Week» c’est le rendez-vous incontournable des plus prestigieux stylistes et des maisons de couture du monde. Lors de cette «semaine de la mode» sont montrées les nouvelles collections de prêt-à-porter et de haute couture. C’est donc aux côtés des plus grands stylistes de notre époque tels que Liam Hodges ou encore Charles Jeffrey Loverboy que le jeune homme a dévoilé sa marque «Discipled London» et son concept, en juin dernier. Victime de son succès, il devrait normalement participer à la «Fashion Week Men» de Londres en 2019, mais son esprit n’y est pas encore puisqu’il doit, pendant cet été, préparer la prochaine saison. 

De fil en aiguille

Interrogé sur l’origine de sa passion, Julian Sinclair rigole et explique que ses projets étaient tout autres au départ: «Il y a une année, j’étais convaincu que j’allais faire carrière dans le cinéma comme réalisateur, mais je me suis rendu compte que, dans cette industrie pourtant si créative, les gens n’étaient pas très ouverts. Je voulais avoir la liberté de créer ce que je voulais.» Malgré ses critiques, le jeune homme a quand même prévu de tourner un film cet été avec des amis. Celui-ci devrait être présenté lors de différents festivals de courts métrages en Suisse romande. Mais revenons à la mode. C’est lors d’un voyage en août 2017 à Copenhague que Julian Sinclair découvre, au musée du design, les petites robes noires de Chanel et le design japonais. Fasciné, il achète un carnet de croquis. Le processus est lancé et il ne s’arrête plus. De fil en aiguille, il décide de créer une petite collection de T-shirts sur Instagram (qui seront d’ailleurs sûrement vendus dans un magasin lausannois prochainement). Il part ensuite en Angleterre chez un fournisseur de tissus. Celui-ci, après avoir étudié ses dessins, lui dit qu’il a du potentiel et le prend sous son aile. Il lui conseille de commencer à Londres car c’est, d’après lui, le meilleur endroit pour lancer sa marque. «On a brûlé toutes les étapes. Je n’avais pas d’expérience, pas d’écoles d’art, pas de bagages. J’ai de la peine à réaliser que c’était il y a six mois. J’ai tellement appris et grandi depuis…» se remémore-t-il. Optimiste à cent pour cent, le styliste avoue néanmoins en avoir bavé pendant ces quelques mois. Le mot qui revient d’ailleurs le plus souvent lorsqu’il parle de cette période? Stress! «Heureusement, j’ai pu compter sur toute une équipe à Londres pour m’aider à créer ma collection», souligne-t-il non sans nuancer: «La distance était vraiment difficile à gérer, parce que je devais leur envoyer mes croquis par mail et leur faire comprendre ce que je voulais.» Il raconte également les difficultés financières qu’il a rencontrées pour mener à bien son projet. «La créativité domine mais, sans argent, elle ne peut être réalisée pleinement.» Pas de quoi décourager le styliste – qui aura bénéficié de l’appui de sponsors – relevant encore que sa jeunesse l’a servi dans sa démarche. 

Sa marque, son concept

«Aujourd’hui, des designers de 35 ou 40 ans doivent créer des vêtements pour des adolescents. Qui d’autre qu’un jeune est mieux placé pour connaître les attentes de sa génération?» Mais la concurrence reste féroce. Née avec Internet, la jeunesse est sans cesse bombardée d’informations et il est parfois difficile de se démarquer. Son originalité? «Mes habits ne sont pas nécessairement masculins. Je cherche à renverser les clichés ou les normes véhiculés par les réseaux sociaux. C’est un message que j’essaie de transmettre à travers les tissus et les coupes de mes vêtements. J’aimerais moins de stéréotypes et plus de mélange. Pourquoi, par exemple, les hommes ne pourraient-ils pas porter de robes?» N’ayant jamais dessiné autre chose que des vêtements, Julian Sinclair confie qu’il aimerait aussi réaliser des sacs. Le tote bag (sac en tissu rectangulaire, ndlr), pourtant si pratique, n’est pas assez utilisé par les hommes d’après lui. «On peut le plier comme on veut et ça donne toujours un bon look», argumente-t-il. Il assure d’ailleurs avoir quelques idées de modèles mais n’en dira pas plus. 

Fashion mais pas victime 

Quant à sa plus grande source d’inspiration? Julian Sinclair la trouve sur… les affiches suisses! «Il y a seulement dans notre pays que l’on en trouve avec un tel graphisme. Je ne sais pas vraiment pourquoi mais ça m’inspire énormément.» L’architecture, l’art contemporain et la nature sont d’autres supports nourrissant son imaginaire. 

Reste que la mode n’est qu’une partie de sa vie. Le jeune homme suit en parallèle un cursus en économie et droit dans une école internationale. Il fait également partie du MUN (Modal United Nation), un projet des Nations Unies créé il y a plus de dix ans et visant à former les participants, entre autres, aux négociations internationales et à les sensibiliser aux droits humains. Cette expérience l’a déjà amené à Barcelone et à Lisbonne où il a dû, par exemple, débattre du droit des femmes dans le monde. Des femmes qu’il compte habiller un jour de leurs plus beaux atours. 

Instagram: jj.sinclair

Site: http://discipled.london