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Le mouvement s'élargit dans les EMS

A Genève de nouveaux débrayages ont eu lieu contre l'externalisation des services hôteliers

La résistance s'organise dans les EMS genevois. Et prend de l'ampleur. Après la grève du personnel hôtelier de deux résidences contre le projet de la direction de sous-traiter leurs prestations à la société Adalia SA, d'autres débrayages ont eu lieu. La position du magistrat de tutelle, Mauro Poggia, qui n'a pas respecté le mandat confié par le Grand Conseil, a été largement critiquée lors de ces actions.

La lutte contre l'externalisation des services hôteliers des EMS prend de l'ampleur à Genève. Après les 11 jours de grève du personnel des Résidences Notre-Dame et Plantamour, mouvement aujourd'hui suspendu, la Chambre des relations collective de travail ayant été saisie, trois nouveaux débrayages ont eu lieu la semaine dernière.
Le jeudi 9 novembre, une quarantaine d'employés de l'EMS des Bruyères à Champel, tous secteurs confondus, ont cessé le travail durant une demi-heure et se sont rassemblés avec banderoles et pancartes devant l'établissement. L'après-midi, ce sont plus de 60 salariés des EMS La Vendée et Les Mouilles à Lancy qui débrayaient à leur tour durant une demi-heure. Nettoyeuses, femmes de chambres, employées de cafétéria, soignants, animateurs, personnes de l'administration, et même résidents, ont dit leur colère contre les déclarations du conseiller d'Etat Mauro Poggia, lequel a autorisé les externalisations des services hôteliers des EMS malgré le vote du Grand Conseil lui enjoignant de s'y opposer. Une décision prise à la suite du déclenchement de la grève dans les EMS Notre-Dame et Plantamour face à la volonté de la direction de sous-traiter les services hôteliers à la société Adalia SA.

»L'âme de la maison »
Lors des débrayages à Champel et Lancy, plusieurs intervenants ont dit l'importance des employés des services hôteliers dans la prise en charge et la qualité de vie des résidents. A l'instar d'une pensionnaire de l'EMS La Vendée qui a affirmé: «Ici, nous sommes comme une grande famille. Si une partie de ses membres était sous-traitée, c'est toute l'âme de la maison qui serait perdue.»

Des directeurs contre la sous-traitance
Deux jours avant ces arrêts de travail, six directeurs de onze EMS du canton envoyaient une lettre ouverte à Mauro Poggia, le mettant en garde contre les conséquences de l'externalisation des secteurs socio-hôteliers des EMS. Ils rappellent notamment que «le personnel hôtelier contribue grandement au projet de vie du résident en assurant une écoute et un accompagnement personnalisé. Le service hôtelier collabore également avec le secteur animation, en organisant tout l'événementiel de l'établissement du point de vue logistique, mais aussi en participant aux sorties des résidents». Pour ces directeurs, en cas d'externalisation, «le concept d'interdisciplinarité sera impossible à maintenir et pourtant, il est un des critères de qualité exigé par les services de la Direction générale de la santé.» Ils expliquent aussi que les économies escomptées par une externalisation ne permettront pas de diminuer le prix de la pension des résidents, mais ne servira qu'à combler des pertes financières dans d'autres rubriques comptables.
Lundi, un autre débrayage a eu lieu, cette fois à l'EMS Bon-Séjour de Versoix. Ce jour-là, Unia recevait une lettre des services de Mauro Poggia par laquelle, souligne le syndicat, «le magistrat propose une sortie de crise possible par la concertation des partenaires sociaux». Unia salue la démarche et attend de voir si elle est suivie d'effet, afin de garantir des conditions de travail dignes et des prestations de qualité pour les aînés. Pour discuter de la suite de la lutte contre les externalisations, et des autres problèmes existants dans les EMS, une assemblée du personnel* est convoquée par les syndicats Unia, Sit, Syna et SSP demain soir.

Sylviane Herranz

*AG du personnel des EMS genevois: jeudi 16 novembre à 20h à l'UOG, place des Grottes 3 à Genève (à deux pas de la gare).