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Le travail jusqu’au bout de la nuit…

La porte de la fin de la pandémie à peine entrouverte par le Conseil fédéral, sous pression des milieux économiques, que les parlementaires bourgeois s’y sont engouffrés pour reprendre leurs attaques contre les droits des salariées et des salariés. Vendredi passé, la majorité de la Commission de l’économie et des redevances du Conseil des Etats (CER-E) doublait par la droite les partenaires sociaux sur la question de l’assouplissement du temps de travail. Ces derniers discutaient, sur mandat du gouvernement, des possibilités d’adapter les horaires de certains employés dans l’ordonnance de la Loi sur le travail. Un mandat lié à l’examen par la CER-E de l’initiative parlementaire du démocrate-chrétien Konrad Graber, déposée en 2016 déjà. Cette dernière demande d’introduire un «régime de flexibilité partielle» dans la loi, avec la non-soumission de certaines catégories de travailleurs aux articles concernant la durée du travail, le temps de repos, l’interdiction du travail de nuit et du dimanche, ou encore les suppléments de salaires pour le travail atypique. Les employés visés sont ceux exerçant une «fonction dirigeante» et les «spécialistes», actifs dans une entreprise du secteur des services. Autre exigence, la possibilité dans certaines branches de dépasser la durée maximale de travail hebdomadaire, de diminuer le temps de repos de 11 à 8 heures et d’instaurer une annualisation du temps de travail. La commission était même allée jusqu’à la possibilité de travailler 67 heures par semaine… Elle avait suspendu ses débats dans l’attente d’une solution issue des pourparlers entre patronat et syndicats. Mais vendredi, elle annonçait avoir changé son fusil d’épaule, alors que ces discussions sont toujours en cours. La CER-E indique qu’elle abandonne la voie de l’annualisation du temps de travail, privilégiée jusque-là, pour se lancer sur celle de l’exemption, pour certains salariés, de la soumission à la Loi sur le travail. Une décision qui a provoqué une levée de boucliers des syndicats. L’Union syndicale suisse (USS) dénonce une «attaque incroyable contre la santé des travailleuses et des travailleurs» mais aussi contre le partenariat social et le Conseil fédéral. Unia s’insurge en parlant d’une «érosion de la Loi sur le travail» et d'un «jeu dangereux» avec la santé des salariés. Travailler sans limites, 24 heures sur 24, ne peut déboucher que sur des conséquences délétères: absence de vie sociale, stress, troubles du sommeil, burn-out, etc.

Si, pour l’heure, la mesure décidée par la commission se limiterait aux employés ayant une fonction supérieure et à certaines entreprises du domaine des services, du conseil ou des technologies de l’information, les termes choisis sont suffisamment vagues pour inquiéter Unia. Le champ des salariés concernés pourrait s’élargir, avec par exemple les spécialistes du commerce de détail, les contremaîtres, les chefs boulangers ou les spécialistes de soins de longue durée.

Cette attaque est le prélude de toutes celles annoncées en novembre 2021 par les trois principales associations patronales, l’Usam, l’Union patronale et Economiesuisse, sous prétexte d’une nécessaire «cure de revitalisation» de l’économie pour l’après-Covid. A peine le bout du tunnel perceptible, elles ont activé leurs relais au Parlement pour reprendre l’offensive contre les salariés et contre le «coût du travail». Pour y faire face, l’organisation de tous les travailleurs est cruciale. Pour la contrer, et pour que la «bella giornata» d’Ignazio Cassis ne soit pas uniquement celle de son camp…