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Les livreurs genevois se mobilisent

Camionnette de livraison.
© Thierry Porchet

Depuis le début de la crise sanitaire, les commandes en ligne ont explosé. Unia s’inquiète du sort des coursiers de DHL, DPD, UPS, Fedex ou encore de La Poste, les dispositions de sécurité n’étant pas, selon ses informations, respectées.

Dans une pétition, le personnel de la logistique exige la mise en œuvre de mesures visant à faire respecter les consignes sanitaires

A Genève, des travailleurs du secteur logistique soutenus par Unia ont lancé la semaine dernière une pétition exigeant le respect des consignes de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). «Depuis le début de la crise sanitaire, les commandes en ligne ont explosé, elles dépassent même les périodes de Noël ou du Black Friday. Les salariés de la logistique sont forcés de travailler encore plus qu’avant, ce qui est un comble durant l’urgence sanitaire. D’après nos informations, les dispositions de sécurité ne sont pas respectées, des cas positifs au coronavirus ont déjà été déclarés et les travailleurs ont peur», indique Umberto Bandiera, secrétaire syndical d’Unia Genève. Chaque jour, les coursiers de DHL, DPD, UPS, Fedex ou encore de La Poste se retrouvent au coude à coude dans les dépôts pour charger les paquets dans leur véhicule, la distance de sécurité n’est pas respectée, ils ne disposent ni de masques ni de désinfectant et partent pour une tournée qui va les amener à livrer jusqu’à cent colis en une seule journée de travail.

Livraison d’une... trottinette

«Nous avons des gants, oui, mais des masques on en a reçu une fois seulement, je n’en ai pas aujourd’hui et cela me manque», témoigne au téléphone João (prénom d’emprunt), employé d’une société sous-traitante d’un groupe international. «Je viens d’entrer dans un immeuble, je vais prendre l’ascenseur, sonner à la porte et le destinataire, dont je ne connais pas l’état, va peut-être m’ouvrir. On a beaucoup de contacts et on prend énormément de risques pour livrer des marchandises qui ne sont pas indispensables dans la situation que nous connaissons. Je viens par exemple de déposer une trottinette. Qu’est-ce que ces gens peuvent bien faire avec cette trottinette ou encore des chaussures et des vêtements alors que l’on demande à la population de rester à la maison!? C’est du grand n’importe quoi!» Le jeune homme ne cache pas le découragement qui l’étreint: «J’aime mon travail, mais en ce moment, il n’est pas facile du tout. Je pense appeler mon médecin pour qu’il me délivre un arrêt de travail. Je dois protéger ma santé, mais aussi celle de ma femme et de mes parents qui vivent sous mon toit.» Diabétique, son père appartient à la catégorie des personnes vulnérables. Le livreur a beau prendre toutes les précautions, comme laisser ses vêtements devant la porte d’entrée le soir en arrivant, il craint de contaminer sa famille, raconte-t-il encore avant de devoir nous laisser pour poursuivre sa tournée.

Prêts à arrêter le travail

En constatant que les règles de l’OFSP ne sont pas appliquées, la pétition du personnel demande que les polices cantonale et municipales puissent vérifier leur respect, que les entreprises soient le cas échéant suspendues et, en attendant que l’épidémie soit terminée, que toutes les marchandises hors des domaines de l’alimentaire, de la santé et de la sécurité restent dans les dépôts. «Notre santé est prioritaire, nous sommes prêts à arrêter notre travail si toutes les mesures ne sont pas prises pour protéger notre santé», conclut le texte de la pétition.

«Ça bouge beaucoup du côté des travailleurs, on nous demande des feuilles, même à La Poste ça signe, se félicite Umberto Bandiera. Cela montre qu’il existe un réel problème sur le terrain et que la position de limiter les livraisons aux biens essentiels est partagée par le personnel.» A la suite du lancement de la pétition, DHL a communiqué une liste de 24 actions en faveur de la sécurité de ses employés et des collaborateurs de ses sous-traitants sur le site de Genève, telles que l’organisation de «vagues» dans les dépôts pour limiter le nombre de coursiers, le marquage au sol afin d’assurer les distances, le déchargement des avions et des camions par une seule personne, l’adaptation des livraisons afin de limiter les contacts avec les clients ou encore la fourniture de masques et de désinfectants. Une livraison de 35000 masques était attendue ces jours. «Nous avons été toutefois prévenus que la mise en œuvre de ces mesures chez DHL pourrait prendre un certain temps. Quant à DPD, nous avons appris dans les médias par son directeur que la société mettait à disposition des gants et des masques… mais nous ne savons pas de quel canton il parle, ce n’est pas ce qui a été constaté à Genève», explique le secrétaire syndical. Unia a aussi transmis les informations en sa possession à l’Office cantonal de l'inspection et des relations du travail: «Nous espérons que l’office procédera à des contrôles. Il faut maintenant que les autorités prennent leurs responsabilités.»

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