Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

Les maçons genevois sur le pont !

manifestation, feu dans des barriques, manifestants avec t-shirt noir: inscription: "tout au pont !"
© Neil Labrador

Le ciel s’est obscurci le 7 octobre dernier sur les dépôts des principales entreprises genevoises de la construction à Satigny. Les trois syndicats de la branche ont appelé les maçons à la grève le 16 octobre prochain et à défiler tous ensemble lors d’une grande manifestation qui franchira le Rhône sur l’emblématique pont du Mont-Blanc.

Les syndicats de la construction ont annoncé une journée de grève le 16 octobre à Genève pour dénoncer la précarisation des travailleurs orchestrée par les patrons du secteur

Il est 7h à peine dans la zone industrielle de Satigny, à Genève. D’épaisses fumées noircissent le ciel. Devant les dépôts d’Implenia, Maulini, Prelco, Perret, Belloni et Pitardi, les principales entreprises de construction du canton, des bidons remplis d’essence se consument. Les syndicalistes genevois d’Unia, du SIT et de Syna ont tapé fort ce 4 septembre, jour de lancement de la campagne de mobilisation dans la construction. Vêtus de T-shirts noirs, ces derniers ont annoncé une journée sombre dans le secteur le 16 octobre prochain. Au programme: une grande manifestation qui passera, évidemment, par le pont du Mont-Blanc, et une grève qui pourrait durer plusieurs jours. En cause? Les attaques frontales des patrons sur les conditions de travail actuellement en vigueur et la rupture des négociations, au niveau national comme genevois.

Attaques patronales

Pour rappel, la Convention nationale du secteur principal de la construction (CN) arrive à échéance à la fin de l’année. La Société suisse des entrepreneurs (SSE) a proposé une nouvelle convention dite moderne prévoyant une flexibilisation des horaires des travailleurs. Pour les syndicats, hors de question de cautionner cette précarisation. «Aujourd’hui, la CN prévoit 100 heures flexibles par an, explique José Sebastiao, responsable du secteur à Unia Genève et délégué aux négociations nationales. La SSE veut passer à 300 heures. L’hiver, les maçons seront renvoyés à la maison, et l’été, sous la canicule, ils feront des journées de 12 heures, samedi compris. C’est du travail sur appel déguisé!» A cela s’ajoute la déréglementation du travail fixe, avec l’explosion du recours aux travailleurs temporaires, «les esclaves des Temps modernes», selon le syndicaliste, posté devant l’entreprise Prelco, dont le directeur préside la section genevoise de la SSE.

Les syndicats dénoncent également les attaques salariales concoctées par les patrons. «Ils veulent baisser les salaires des travailleurs âgés, car leur rendement serait moindre, s’indigne Carlos Massas, de Syna. De même, alors qu’aujourd’hui, un maçon qui change d’emploi conserve sa classe salariale, la SSE exige que l’employé reparte de zéro.» Selon les syndicats, cela représenterait une perte de plusieurs centaines de francs par mois, voire près de 1000 francs pour un travailleur expérimenté. «Sans oublier que, pour le calcul de la retraite anticipée, c’est le salaire des sept derniers mois qui compte…»

Enfin, les patrons ont l’intention de réduire à néant la protection des travailleurs en cas d’intempéries, déjà maigre sur le plan national.

Immobilisme genevois

A Genève, la situation est au point mort. A la suite des grèves de 2015 pour le renouvellement de la CN, les maçons genevois avaient émis une série de revendications concernant la limitation du travail temporaire à 10% sur les chantiers, une meilleure protection contre le licenciement des travailleurs âgés, une solution aux intempéries, la hausse du pouvoir d’achat à travers une augmentation de 150 francs par mois et la mise en place d’outils plus performants pour lutter contre la sous-traitance. «Nous avons tout essayé pour pousser la partie patronale à négocier, explique Thierry Horner, du SIT. En vain. Depuis des mois, nous essuyons des fins de non-recevoir.»

Grogne générale

La coupe est pleine pour les travailleurs de la construction. Dans ce climat très tendu, ils n’ont d’autre choix que de passer à l’action pour manifester leur mécontentement. «Le tableau se noircit partout en Suisse», soulignent les syndicalistes genevois. «Le 16 octobre, tous au pont!» appellent ces derniers. D’autres actions auront lieu sur les chantiers du pays durant tout le mois d’octobre. L’automne s’annonce chaud!

 

Rendez-vous: mardi 16 octobre à 6h30 à la place des 22-Cantons à Genève.

 

 

Pour aller plus loin

«Licencier quelqu’un à 64 ans est inhumain et abusif!»

Moment d’appréhension pour Veli Gashi avant d’entrer dans la salle d’audience des Prud’hommes à Yverdon. Il en ressortira heureux d’avoir mené le combat jusque-là pour faire valoir ses droits.

Un ouvrier congédié un an avant sa retraite a saisi les Prud’hommes. Son ancien employeur, les Usines métallurgiques de Vallorbe, a accepté de verser près de quatre mois de salaire, en rejetant toute responsabilité

Le pouvoir de la rue

Pour Danielle Tartakowsky, il y a, depuis une vingtaine d’années, une volonté du pouvoir de se débarrasser des manifestations de rue. Un tournant qui n’a pas été admis par les organisations qui continuent à appuyer leurs revendications par des démonstrations de force. Ici, à Chambéry, lors de la mobilisation contre la réforme des retraites en janvier 2023.

L’historienne française Danielle Tartakowsky donnera à La Chaux-de-Fonds une conférence sur les manifestations de rue. Un puissant moyen de contestation

Genève: 1000 francs en attendant la 13e rente

A Genève, la pétition de l’Avivo pour une prime de 1000 francs en faveur des rentiers AVS/AI a été approuvée par le Grand Conseil. Bénéficiant de l’abstention de certains députés...

Vols sur Tel-Aviv d’EasyJet: recours à la médiation

En dépit de l’intervention du Syndicat des services publics (SSP), EasyJet Suisse a repris le 31 mars ses trajets sur Tel-Aviv. La compagnie britannique a toutefois accepté de...