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Les salariés ne sont pas une variable d’ajustement!

Après l’été, l’automne risque d’être bien chaud lui aussi. Voire même brûlant sur le front des négociations salariales. Pendant le mois d’août déjà, des altercations par voie de presse ont eu lieu entre patronat et syndicats. Aux déclarations du président de l’Union syndicale suisse (USS) Pierre-Yves Maillard, qui avertissait que, dans un contexte de forte inflation, sans hausse des salaires il y aurait des troubles sociaux et politiques, le patronat avait rétorqué vertement. Considérant les revendications des travailleurs comme irréalistes, le président de l’Union patronale suisse appelait à se serrer la ceinture encore longtemps. Car la normalité tardera à se rétablir même après la fin de la guerre en Ukraine. Le patron de l’Usam avait aussi réagi, avertissant qu’une hausse générale des salaires n’était pas à l’ordre du jour. Par la suite, d’autres représentants de l’économie sont aussi descendus dans l’arène, expliquant que les entreprises devaient faire face à une explosion des coûts de production, notamment en raison de la hausse des prix des matières premières et de l’énergie. Néanmoins, l’économie suisse se porte bien. Malgré les années Covid, la majorité des entreprises sont dans une bonne situation commerciale et même l’hôtellerie-restauration reprend des couleurs. L’industrie d’exportation n’est pas à plaindre non plus, avec une croissance de 11,5% au premier semestre, ni celle de la construction dont les carnets de commandes sont pleins.

Pendant ce temps, l’inflation, de plus de 3% en juillet, grignote le revenu des travailleurs. Selon Daniel Lampart, premier secrétaire et économiste de l’USS, elle a déjà englouti les maigres hausses obtenues ces dernières années. Si elle se maintient à ce niveau, si les rémunérations ne sont pas revalorisées, les travailleurs touchant un salaire moyen perdront 50 francs de pouvoir d’achat par mois. Ceux faisant partie des 10% les moins bien payés, perdront 70 francs par mois. Cela sans compter la hausse estimée entre 5 et 10% des primes maladie qui vont elles aussi affecter très fortement le budget des ménages.

Vendredi dernier, l’USS et ses fédérations ont présenté leurs revendications salariales concrètes, exigeant une hausse générale des rémunérations de 4 à 5%, comprenant la compensation intégrale du renchérissement, une hausse des salaires réels ainsi qu’un rattrapage pour compenser la stagnation de ces dernières années.

Ces hausses, modestes au regard des bénéfices et de l’argent thésaurisé par les entreprises, seront bien sûr combattues par le patronat. Ce dernier souhaitant plutôt utiliser les peurs actuelles, par exemple face au risque de pénurie d’énergie, pour faire travailler leur personnel plus longtemps et quand il le souhaite. Or ces augmentations salariales sont plus que légitimes, non seulement parce que la productivité augmente et que les salariés sacrifient souvent leur santé pour faire tourner leur entreprise, mais aussi parce que cet engagement fait grossir les profits des patrons et des actionnaires. 

Dans le pays le plus riche du monde, où les directeurs des grands groupes se sont accordés, entre 2020 et 2021, en pleine pandémie, une hausse de leurs rémunérations de l’ordre de 8%, soit 400000 francs en moyenne par année, et dans un système où les dividendes des actionnaires s’envolent, il est temps de dire stop. Et de se battre pour des hausses générales dignes de ce nom. Les travailleuses et les travailleurs n’ont pas à être la variable d’ajustement d’une économie de marché en pleine folie et en pleine déliquescence.