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Lever le drapeau de la résistance

Solidarité avec Domenico Lucano. Le 18 octobre, des militants étaient rassemblés devant la Chambre de commerce italienne à Genève. Organisée par Solidarités, avec le soutien d’Unia, la manifestation avait pour objectif de demander la libération de Domenico Lucano et de soutenir «celles et ceux qui, en Italie, luttent tous les jours contre ce gouvernement de la haine et de l’injustice sociale». Maire de Riace, en Calabre, Domenico Lucano a été assigné à résidence le 2 octobre. Ce professeur de chimie, âgé de 60 ans, est accusé d’avoir favorisé l’immigration clandestine et organisé des mariages blancs pour permettre à des sans-papiers de demeurer en Italie. Il y a deux semaines, les arrêts domiciliaires ont été levés, remplacés par une peine d’éloignement. Le banni a quitté sa maison le 17 octobre. La mesure paraît moyenâgeuse, surtout au regard des charges qui pèsent sur lui.

Riace, un symbole d’intégration. Elu en 2004 à la tête de cette localité de moins de 2000 habitants, plombée par la désertification rurale et le marasme économique, «Mimmo» Lucano a impulsé une politique d’accueil des réfugiés, qui a eu pour effet de redynamiser la bourgade à la faveur de la rénovation des logements vacants, de la relance de l’artisanat traditionnel et de la réouverture de petits commerces. Pour permettre aux migrants de faire leurs courses, la Municipalité est allée jusqu’à imprimer ses propres billets de banque, à l’effigie de Gramsci, Che Guevara ou Giuseppe Impastato, un journaliste tué par la mafia. Aujourd’hui, Riace dénombre plus de 600 ressortissants étrangers parmi ses habitants et est devenue le symbole d’une intégration réussie connue dans l’Europe entière.

Le fascisme s’exprime de nouveau. C’est en raison de ce succès que la commune et son édile sont sur la liste noire des partis et des hommes politiques qui font de la xénophobie et du racisme leur fonds de commerce électoral. Mimmo Lucano est en particulier dans le collimateur du sinistre ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini, qui l’a traité de «zéro», a coupé les aides à Riace et ordonné le transfert des réfugiés accueillis dans le village vers des centres d’internement. Alors que le dirigeant de la Lega criminalise l’ouverture et la solidarité, Luigi Di Maio, son allié du Mouvement 5 étoiles, ne trouve rien de mieux que d’accuser les journaux de «polluer le débat» en prévoyant de réduire les contributions publiques à la presse. Et dans les rues, les violences d’extrême droite sont en recrudescence. Le fascisme, qui n’avait jamais réellement disparu, trouve le moyen de s’exprimer de nouveau, rappelant les heures les plus sombres de la Péninsule. Encore une fois, il s’agit de lever le drapeau de la résistance.