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Lutte contre le plastique: des mesures «bidon»

Selon un récent rapport de Greenpeace, remplacer le plastique par d’autres matériaux est loin d’être suffisant. L’ONG appelle l’industrie à investir dans le réutilisable

La crise du plastique est une réalité maintenant intégrée par la plupart des acteurs de nos sociétés. Les choses commencent à bouger au niveau de l’industrie des biens de consommation, mais pas dans le bon sens selon le dernier rapport de Greenpeace publié le 1er octobre. D’après cette étude, intitulée «Throwing away the future: how companies still have it wrong on plastic pollution “solutions”», remplacer le plastique par d’autres produits jetables en carton, en papier ou en «bioplastique», ne seraient que des solutions factices. «Ils ne soulagent pas l’environnement, souligne l’ONG. Au contraire, ils augmentent la pollution, avec des conséquences dévastatrices.»

Le rapport indique que les produits à usage unique, de quelques matériaux qu’ils soient, renforcent la culture du jetable, à laquelle nous devons les immenses montagnes de déchets qui polluent l’environnement. «Malheureusement, leur fabrication et leur démantèlement sont également inacceptables.»

La tromperie des «bioplastiques»

Greenpeace accuse ni plus ni moins les entreprises de faire du greenwashing (procédé de marketing utilisé dans le but de se donner une image de responsabilité écologique trompeuse) et de remplacer un gaspillage par un autre. C’est le cas notamment avec les «bioplastiques», qui font référence au plastique fabriqué à partir de matières premières naturelles, mais qui, après transformation, ne diffèrent guère du plastique traditionnel à base de pétrole. «Même le plastique biodégradable ou compostable n’est pas à la hauteur des promesses annoncées, selon Matthias Wüthrich, expert zéro déchet pour Greenpeace Suisse. Dans des conditions naturelles, il ne se décompose pas du tout ou beaucoup trop lentement. Il y a ainsi un grand danger qu’il finisse dans les océans. Pour les animaux marins, étouffer à cause de plastiques ou de bioplastiques ne fait aucune différence.»

Autre exemple, Nestlé, qui a annoncé le remplacement de ses pailles en plastique par des pailles en papier. Pour produire ce papier, rappelle l’étude, il faut défricher des zones forestières indispensables à la régulation du climat et à la préservation de la biodiversité. «Les entreprises de biens de consommation réagissent parce que de plus en plus de personnes exigent des mesures durables. Mais avec ces solutions bidon, qui visent avant tout à améliorer l’image des acteurs du secteur, la crise des déchets ne fera qu’empirer», poursuit Matthias Wüthrich.

Recyclage inefficace

Du côté du recyclage, c’est le même son de cloche: il s’avère que plus de 90% du plastique produit globalement n’a jamais été recyclé. Et le nouveau système dit «de recyclage chimique» n’offre aucun avantage, selon ce rapport. «Les déchets plastiques sont décomposés en composants de base en utilisant beaucoup d’énergie et de produits chimiques. Puis ces éléments sont réassemblés. Les taux de collecte et de recyclage sont ridiculement bas, alors que l’utilisation du plastique et les émissions qui y sont liées demeurent élevées. La crise du plastique n’est pas recyclable.»

Urgence écologique

Greenpeace tire la sonnette d’alarme: d’ici à fin 2019, la production et la combustion du plastique à l’échelle mondiale émettront autant de carbone que 189 centrales à charbon. «Les grandes entreprises comme Nestlé, Unilever, Coca-Cola et PepsiCo profitent de modèles jetables. Il n’y aura pas de véritable changement tant qu’ils n’auront pas mis un terme à la croissance de la quantité de plastique utilisée», d’après Graham Forbes, chef de projet mondial pour Greenpeace USA. Au niveau suisse, le raisonnement est le même pour les acteurs du commerce de détail tels que Migros, Coop ou Denner.

Réutilisons!

Quelles mesures, donc, pour réellement mettre fin à l’invasion du plastique à usage unique? Sortir de la culture du jetable et développer des systèmes d’approvisionnement fondés sur la réutilisation. Greenpeace exhorte les industriels à investir dans des emballages réutilisables durables, pratiques et solides, qui soient financièrement abordables, adaptés aux différents styles de vie et dont les composants seraient non toxiques. Mais aussi à autoriser les clients à apporter leurs propres contenants dans les magasins. L’ONG appelle également à une consommation plus locale, dans le but de réduire l’emballage et le transport des marchandises.

Tout cela en collaboration avec les consommateurs, aux besoins variés et multiples, afin de réimaginer tous ensemble nos supermarchés et nos achats et, enfin, proposer des produits sans pour autant sacrifier notre planète.

Retrouvez le rapport et plus d’infos sur: greenpeace.ch/fr

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