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Non au démantèlement des retraites sur le dos des femmes!

Une secrétaire syndicale d'Unia, mégaphone à la main. A ses côtés une piñata "AVS 21" à briser.
© François Graf

Une large alliance réunissant syndicats, partis de gauche et collectifs féministes a officiellement lancé le référendum contre le projet AVS 21 début janvier.

Partout en Suisse, des stands se sont tenus le week-end dernier pour recueillir des signatures contre la réforme AVS 21. Une vaste alliance, réunissant syndicats, partis de gauche et collectifs féministes ont lancé le référendum contre ce démantèlement des retraites sur le dos des femmes

Augmenter l’âge de la retraite des femmes et baisser les rentes de ces dernières: la pilule ne passe toujours pas. Et face aux nouvelles attaques à venir très prochainement, il fallait dire stop. Le 4 janvier dernier, une large alliance, composée notamment de l’Union syndicale suisse (USS), du Parti socialiste, des Verts et des collectifs féministes, a lancé le référendum contre AVS 21 lors d’une conférence de presse à Berne.

Pour rappel, le projet concocté par le Parlement, adopté en décembre, propose d’augmenter l’âge de la retraite des femmes à 65 ans, ce qui permettrait de générer quelque 10 milliards de francs entre 2022 et 2031 pour financer le premier pilier. Les femmes seraient donc les seules à subir une réduction de prestations, équivalente à une diminution de leurs rentes de 1200 francs en moyenne par an selon les opposants au projet (calcul effectué sur la rente AVS médiane). «Et ce alors qu’aujourd’hui encore, les femmes perçoivent des rentes inférieures d’un tiers à celles des hommes, peut-on lire dans le communiqué de l’alliance. Au lieu de tenir enfin la promesse de rentes qui suffisent pour vivre, le Parlement cherche de nouveau à affaiblir l’AVS.»

Aux femmes de payer

Selon Pierre-Yves Maillard, président de l’USS, il est scandaleux que le Parlement ferme les yeux sur la situation de la population retraitée, à commencer par les femmes. «La moitié des femmes parties à la retraite en 2019 ont dû se contenter de moins de 1770 francs d’AVS par mois. Aujourd’hui encore, presque une femme sur trois ne touche aucune rente du 2e pilier. Et lorsqu’elles ont une caisse de pension, leur rente n’atteint que la moitié de celle des hommes. En 2019, la rente médiane des femmes dans le 2e pilier était de 1160 francs par mois. Dans les branches à forte majorité de femmes, des rentes entre 500 et 800 francs sont monnaie courante. Ça ne suffit pas pour vivre. Ces rentes sont trop basses et de nouvelles détériorations sont tout simplement intolérables.»

Vania Alleva, présidente d’Unia, ajoute qu’une femme sur six de plus de 65 ans vit dans la pauvreté en Suisse. «Nous parlons ici de vendeuses et de soignantes, de femmes de ménage et de coiffeuses, d’horlogères et d’employées de l’industrie alimentaire, de menuisières et de paysagistes. Nous parlons de personnes qui accomplissent chaque jour un travail précieux durant toute leur vie: dans leur métier, mais aussi le plus souvent dans leur vie privée, pour le ménage, l’éducation des enfants et les soins aux proches. Ces femmes partent à la retraite avec une rente de 1770 francs en moyenne. Et elles devraient maintenant travailler un an de plus, bien sûr sans rien recevoir en retour?»

Pour la syndicaliste, AVS 21 ne tient pas compte des problèmes actuels des femmes à la retraite et n’en résout aucun. Au contraire. «Les femmes sont amenées à payer une réforme, entièrement réalisée sur leur dos, dont elles n’ont rien à gagner. C’est pourquoi nous la combattrons de toutes nos forces.»

Multiples discriminations

Les femmes, déjà victimes des inégalités salariales tout au long de leur carrière professionnelle, doivent encore faire les frais de cette réforme. «L’AVS perd chaque année 825 millions de francs à cause de la discrimination salariale subie par les femmes», souligne Léonore Porchet, conseillère nationale Verte et vice-présidente de Travail.Suisse. «C’est honteux et inacceptable.»

Deux ans après la grande grève féministe de 2019, qui a fait descendre plus de 500000 femmes dans la rue pour réclamer plus de temps, de respect et d’argent, ces dernières constatent avec amertume que les revendications majeures du mouvement continuent d’être ignorées. «Le bilan est misérable: les bas salaires, la discrimination salariale, le travail à temps partiel ou non rémunéré restent le lot de beaucoup de femmes, rappelle l’alliance. Avec pour résultat qu’à la retraite, leur situation est scandaleusement délétère. Avec AVS 21, les choses ne feront qu’empirer.»

Michela Bovolenta, secrétaire centrale au Syndicat des services publics (SSP) et représentante des collectifs romands de la grève féministe, mesure la colère féminine. «Le Parlement ne nous a hélas pas écoutées. Il doit veiller à renforcer l’égalité à la retraite, au lieu de prévoir un démantèlement sur le dos des femmes. C’est le montant des rentes des femmes qu’il faut augmenter, pas l’âge de la retraite!»

Luttes à venir

Ce référendum, c’est aussi une manière de s’opposer à toutes les tentatives de démantèlement des rentes à venir, ses opposants étant convaincus qu’AVS 21 n’est que la première étape d’un long processus. Effectivement, la retraite à 66, voire 67 ans, pour tout le monde figure déjà à l’ordre du jour à travers l’initiative des Jeunes libéraux-radicaux, et d’autres baisses de rentes sont prévues dans les caisses de pensions. «Le relèvement de l’âge de la retraite n’est pas la bonne solution, pas plus pour les femmes que pour les hommes, et les syndicats s’y opposeront», martèle Adrian Wüthrich, président de Travail.Suisse.

Dans la réforme du 2e pilier (LPP 21), toujours en discussion au Parlement, les femmes ne sont pas ménagées non plus et le niveau des prestations a été brutalement abaissé.

Au vu de ces constats, l’alliance fera preuve, en 2022, d’une opposition claire et d’un engagement déterminé à se battre pour une AVS forte et contre tout démantèlement des rentes. «Car en Suisse, il y a assez d’argent pour verser des rentes décentes – et pas seulement aux personnes qui gagnent beaucoup d’argent, réitère Pierre-Yves Maillard. Au lieu de baisser les rentes, il faudra faire porter une partie du financement supplémentaire de l’AVS par les bénéfices de la Banque nationale, qui doivent profiter à l’ensemble de la population.» La faîtière syndicale prévoit de lancer une initiative populaire en ce sens…


A vos stylos!

Il est possible de signer le référendum en ligne ou de télécharger des feuilles sur: rentes-des-femmes.ch

Une fillette frappe la piñata "AVS 21".
Le syndicat Unia est pleinement engagé dans la collecte de signatures contre AVS 21. Deux week-ends de récolte se déroulent ce mois de janvier partout en Suisse. Le premier a eu lieu vendredi et samedi passés. Le prochain se tiendra les 28 et 29 janvier. A Neuchâtel, c’est à coups de bâton sur une «piñata» à l’effigie d’AVS 21 que la campagne a été lancée. Cette coutume mexicaine, au cœur des anniversaires et fêtes populaires, a été transposée par le syndicat lors du stand organisé vendredi. A la place des bonbons traditionnels, Unia avait placé symboliquement dans la «piñata», suspendue au-dessus du stand, des monnaies en chocolat, des slogans et des bons d’espérance de vie. Les coups de bâton, assénés au rythme de l’énumération des raisons de s’opposer à la nouvelle réforme de l’AVS, devaient la faire éclater. Plutôt récalcitrante, la boule éphémère n’a dévoilé ses cadeaux qu’une fois au sol. MT/Photo François Graf

 

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