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Non aux super-flics des assurances

C’est du sérieux! Dans un Etat de droit, la police comme les services de renseignements sont régis par des règles et soumis à des procédures bien spécifiques lorsqu’il s’agit de s’immiscer dans la vie privée des gens, y compris en cas de soupçons d’infraction ou de crime.

Dans l’Etat de droit helvétique, le lobby des assurances est tellement puissant qu’il a réussi à faire voter, ce printemps, une loi au Parlement permettant à ces dernières de faire librement ce que même un inspecteur de police ne peut entreprendre sans autorisation.

Dans notre Etat de droit, 130 parlementaires de tous les partis bourgeois, PDC, UDC, PLR, Verts-Libéraux, PBD, Lega, se sont réunis dans un comité appelant à voter oui à cette nouvelle disposition législative, au nom «du fair-play» et «de la solidarité»…

Or de quoi s’agit-il? Il s’agit ni plus ni moins de permettre à toutes les assurances sociales – accidents, invalidité, maladie, chômage, militaire, pertes de gain, AVS et prestations complémentaires – d’effectuer «une observation secrète d’un assuré», selon les propres termes de l’Office fédéral des assurances sociales, en cas de «soupçons d’abus».

La loi adoptée règle désormais les moyens de cette surveillance: «L’assureur peut observer secrètement un assuré et, à cette fin, effectuer des enregistrements visuels et sonores», stipule le nouvel article. Plus loin, il est précisé que l’assuré ne peut être observé que s’il «se trouve dans un lieu accessible au public» ou «dans un lieu qui est librement visible depuis un lieu accessible au public»… En clair, si vous prenez un thé dans votre salon ou votre jardin, un drone pourra accéder librement à votre fenêtre ou survoler votre maison. Photos, vidéos, enregistrement des conversations… Votre vie donnée en pâture aux assureurs.

Face à une telle mesure dépassant les rêves les plus fous de Big Brother, 25000 citoyens se sont levés pour exiger que la loi soit soumise au référendum. Un mouvement ayant ensuite obtenu le soutien de nombreuses organisations, dont Unia. Le vote aura lieu le 25 novembre. Il est temps de se mobiliser pour que cette loi soit battue dans les urnes. Car si nous ne disons pas non à cette surveillance des assurés, octroyant plus de droits aux assureurs qu’aux policiers traquant des criminels, nous serons tous un jour ou l’autre concernés et soupçonnés d’être un abuseur en puissance. Or ces assurances, ce sont les nôtres, c’est nous qui les finançons, et nous avons droit à leurs prestations en cas de coup dur, ou simplement au moment de la retraite.

Bien sûr, il y a des abus. Mais ils ne concernent qu’une infime proportion des bénéficiaires, et des moyens existent déjà pour les combattre sans que tous soient soupçonnés de fraude.

Parce qu’il en va de notre Etat de droit et de la dignité de toutes les personnes devant bénéficier des assurances sociales, ne laissons pas les détectives, drones ou autres traceurs GPS s’immiscer dans nos vies au nom d’une prétendue lutte contre les abus. Parlons-en autour de nous. Et le 25 novembre, disons massivement non à cette surveillance des assurés!