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Nous avons retenu la leçon

Saisonniers italiens rentrant dans leur pays, gare de Zurich, avril 1963.
© Keystone/Hans Krebs

Saisonniers italiens rentrant dans leur pays, gare de Zurich, avril 1963.

Message de Vania Alleva, présidente d'Unia

Si les «Républicains» de James Schwarzenbach avaient gagné, en 1970, avec leur «initiative contre l’emprise étrangère», je ne serais pas là aujourd’hui. Mes parents sont venus d’Italie en Suisse pour y travailler. James Schwarzenbach voulait expulser du pays plus de 300000 personnes comme ma famille. Les autres salariés étrangers auraient vécu en marge de la société, sans les leurs, sans égalité des chances, sans avoir le droit de choisir leur emploi.

James Schwarzenbach a joué sans scrupule sur la peur du chômage et le souhait de reconnaissance de nombre de Suisses frustrés par une rémunération indécente. Mais au lieu de désigner les responsables, soit les capitalistes et leurs partis politiques, il a désigné les travailleurs saisonniers comme fautifs de cette situation. Ceux-là même qui ont construit la Suisse, logés dans des baraquements froids et exigus en bordure des villes, James Schwarzenbach en a fait des boucs émissaires. Une grande partie des employés et même des syndicalistes l’ont cru et ont contribué aux 46% de Oui dans les urnes.

Entre-temps, beaucoup de choses ont changé. Les syndicats ont lutté âprement pour obtenir l’abolition du statut de travailleur saisonnier et des baraquements indignes. La libre circulation des personnes renforce les droits d’une partie des employés sans passeport suisse. Pour bon nombre d’entre eux, la Suisse est devenue leur patrie. Pour moi aussi.

Tempi passati? Epoque révolue? Malheureusement non! Aujourd’hui encore, les entreprises recherchent avant tout des forces de travail bon marché et flexibles. Le dumping salarial, des conditions de travail précaires, les discriminations et le chômage en sont les conséquences. Et comme en ce temps, un parti xénophobe essaie d’en profiter.

Aujourd’hui, c’est l’UDC qui joue ce rôle infâme. Son «initiative de résiliation» veut mettre fin à la libre circulation des personnes et donc à l’égalité des droits pour plus d’un million d’employés. L’UDC veut revenir à la politique discriminatoire des contingents. L’ancien président du parti, Toni Brunner lui-même, veut réintroduire le statut inhumain de saisonnier, la variante suisse de l’apartheid. C’est un «très bon système», dit-il.

Comme James Schwarzenbach, l’UDC dirige sa propagande contre «les étrangers». Cependant, comme ses représentants ne cessent de le souligner, l’économie doit continuer de disposer à l’avenir des ressources en personnel dont elle a besoin. Ce n’est pas une immigration plus ou moins forte qui les intéresse. Ils veulent diviser les employés et affaiblir les syndicats. Ils veulent faire pression sur les salaires et supprimer les conventions collectives de travail.

Des milliardaires comme les Blocher, autant le père que la fille, n’ont jamais accepté nos droits et nos mesures durement acquis pour la protection des salaires et des conditions de travail. Ils essaient maintenant de les supprimer de nouveau avec une campagne stigmatisant «les étrangers». Ils veulent détourner l’attention des vrais problèmes: du dumping salarial, des mauvaises conditions de travail et de l’arbitraire des employeurs. Et de leur propre recherche de profits sans limite portant préjudice à tout le monde.

Nous, les syndicats, nous avons retenu la leçon. Elle s’appelle «solidarité». Ce n’est qu’ensemble, avec les mêmes droits pour toutes et tous, indépendamment de notre origine, que nous sommes forts. Cette fois, nous ne nous laisserons pas diviser. Unia s’engage pour cela.