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«Nous sommes légitimés par ce vote»

Réalisation de la fresque murale.
© Unia

Fin août, des associations de migrants se réunissaient à Berne, au siège d’Unia, pour débattre des problèmes soulevés par l’initiative de résiliation de l’UDC et lancer un manifeste. A cette occasion, une fresque murale a été réalisée pour honorer les migrants et la place qu’ils occupent en Suisse.

Plusieurs associations de migrants, emmenées par Unia, se sont engagées contre l’initiative de l’UDC rejetée le 27 septembre. Bilan

Presque 2 millions de citoyens suisses ont rejeté, dans les urnes, l’initiative de l’UDC «pour une immigration modérée» le 27 septembre dernier. Soit 61,7% des votants. Un résultat, salué par tous les syndicats, qui préserve la libre circulation des personnes entre les pays de l’Union européenne et la Suisse ainsi que les mesures d’accompagnement mises sur pied pour éviter la pression sur les salaires. Pour les migrantes et les migrants, ce sont les droits acquis dans le cadre de cet accord de libre circulation qui sont sauvegardés. Une vaste alliance d’associations d’immigrés s’était réunie autour d’un manifeste intitulé La solidarité au lieu de l’exclusion pour mener la campagne contre l’initiative de l’UDC, dont les intentions visaient une nouvelle fois à mettre en concurrence les travailleurs et à les diviser. Le Groupe d’intérêt migration d’Unia a été un élément moteur de cette alliance. Comment apprécie-t-il aujourd’hui le rejet de cette initiative? «Nous sommes extrêmement satisfaits du résultat du 27 septembre, non seulement sur le texte de l’UDC, mais également sur le salaire minimum de 23 francs l’heure à Genève et sur le congé paternité qui concernent les droits de toutes les travailleuses et travailleurs suisses ou immigrés», réagit Marie Saulnier Bloch, secrétaire spécialisée d’Unia en matière de migration. Elle souligne aussi l’ampleur du Non à l’initiative de l’UDC: «Nous pensions qu’elle serait refusée. Mais tout l’enjeu de la votation était la force du rejet. Or, avec ce résultat de presque 62%, l’objectif est atteint. Ce non clair et net, six ans après l’acceptation de justesse de l’initiative de l’UDC sur l’immigration de masse, nous réjouit. La défaite du parti populiste est cuisante.»

Au cœur du combat syndical

Marie Saulnier Bloch revient sur l’importance de la lutte contre cette initiative: «Elle concernait les principes mêmes de nos racines syndicales. Nous sommes là pour défendre collectivement et individuellement toutes et tous les salariés face aux velléités du patronat et des partis de droite pour diviser les travailleurs. Nous ne sommes pas dupes, et le peuple suisse non plus. Le résultat de la votation est la preuve qu’il est possible de rejeter une attaque quand l’intérêt de toutes et tous est en jeu.» Et la secrétaire spécialisée de saluer la conjonction des forces obtenues afin de faire face à l’UDC qui, estime-t-elle, n’en a pas pour autant été affaiblie par la votation. De nouvelles attaques de ce parti contre les migrants pourraient-elles voir le jour? «J’imagine que oui, c’est dans son ADN. Mais de notre côté, on peut trouver des alliances, on sait se mobiliser. La thématique des conditions de vie, de travail, de statuts nous appartient, ce n’est pas celle de l’UDC. Nous sommes légitimés par ce vote, mais le combat sera long.»

Si le discours d’Unia durant la campagne a été très clair sur la nécessité d’un renforcement des droits plutôt qu’un affaiblissement, il reste le défi des discriminations persistantes, note Marie Saulnier Bloch qui, sur ce point, explique qu’il est important de se renforcer en restant cohérents: «Si, parmi nous, des personnes subissent des conditions de travail indignes, cela nous concerne tous et nous devons agir. C’est le cœur même du combat syndical.»

Luttes à venir

Quant aux enjeux pour l’avenir immédiat des migrants, en lien avec la forte précarisation subie avec la crise sanitaire, les risques de révocation de permis de travail en cas de perte d’emploi ou de demande d’aide sociale, la secrétaire en matière de migration rappelle qu’«Unia s’est déjà engagé pour les personnes les plus marginalisées, les plus précaires. Il y a eu des combats sur le terrain, par exemple pour obtenir un fonds de transition, tant au niveau fédéral que dans certains cantons, afin de venir en aide à ces personnes. Ou pour disposer de garanties au sujet de l’aide sociale. Nous sommes encore dans l’attente d’éléments concrets sur ces exigences et nous restons mobilisés.»

D’autres problématiques animeront l’agenda du Groupe d’intérêt migration d’Unia. Parmi elles, la reconnaissance des diplômes, les droits politiques, l’asile et l’accueil des migrants, ainsi que la discrimination raciale. Des questions qui seront certainement abordées lors de la Conférence annuelle de la migration d’Unia qui se tiendra le 31 octobre prochain à Berne.

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