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«Son crime? Faire partie de l’opposition»

Des militants de la Ligue suisse des droits de l’homme, de syndicats et de diverses organisations politiques se sont rassemblés sur la place des Nations samedi passé pour exiger la libération de la secrétaire générale du Parti des travailleurs d’Algérie, détenue depuis neuf mois, et celle de tous les prisonniers politiques et d’opinion dans ce pays.
© Luca Solari

Des militants de la Ligue suisse des droits de l’homme, de syndicats et de diverses organisations politiques se sont rassemblés sur la place des Nations samedi passé pour exiger la libération de la secrétaire générale du Parti des travailleurs d’Algérie, détenue depuis neuf mois, et celle de tous les prisonniers politiques et d’opinion dans ce pays.

Un rassemblement s’est tenu samedi à Genève pour exiger la libération immédiate de Louisa Hanoune – dont la santé se détériore – et celle de tous les prisonniers politiques en Algérie

Libération immédiate et inconditionnelle de Louisa Hanoune et de tous les prisonniers politiques et d’opinion détenus en Algérie! C’est l’exigence exprimée par de nombreux militants et représentants d’organisations syndicales, politiques et des droits humains réunis en urgence samedi dernier sur la place des Nations à Genève. Comme l’a souligné Vincent Leggiero, du Comité suisse pour la libération de Louisa Hanoune, l’état de santé de la secrétaire générale du Parti des travailleurs algérien, détenue depuis neuf mois, se dégrade de jour en jour. «Elle est la première dirigeante politique emprisonnée depuis le début de la révolution en Algérie. Nous sommes ici pour que le régime algérien nous entende et la libère, comme tous les détenus.»

Durant une heure, les prises de parole se sont succédé. Au nom de la Ligue suisse des droits de l’homme (LSDH), Francine Sacco a rappelé que «Louisa Hanoune a été condamnée à 15 ans de prison lors d'un procès militaire à huis clos, entaché d'arbitraire. Son crime? Faire partie de l'opposition.» Elle relève les nombreux autres cas de personnes incarcérées «à la suite de procès aux méthodes aussi douteuses qu'expéditives». La LSDH considère que les critères des articles 9 à 11 de la Déclaration universelle des droits de l’homme «n'ont pas été respectés par l'Etat algérien». Elle précise «qu'on ne peut construire une société démocratique pérenne, saine et dynamique, en faisant taire les voix dissidentes par la force ou la crainte». Francine Sacco a exigé la libération inconditionnelle et l’abandon de toutes les poursuites judiciaires de l’ensemble des détenus d’opinion, en citant entre autres Kaddour Chouicha, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme.

Soutiens syndicaux

Intervenant pour l’Union internationale des travailleurs de l’alimentation (UITA), Roger Deneys a présenté un appel urgent de solidarité avec les syndicalistes indépendants en Algérie, emprisonnés ou menacés, qui sera lancé cette semaine. Cet appel, rédigé conjointement par l’UITA et Laurence Fehlmann Rielle, conseillère nationale PS genevoise, indique notamment que «les syndicats indépendants étaient des militants de la première heure dans le mouvement populaire», et que les travailleurs avaient répondu largement à leurs appels à la grève.

Plusieurs syndicalistes suisses ont fait part de leur solidarité. Nicolas Rochat, juriste chez Unia, a évoqué les résolutions adoptées à l’USS comme à Unia, pour la libération de Louisa Hanoune et de tous les détenus d’opinion, et son engagement lorsqu’il était au Parlement fédéral. «Face aux centaines de personnes toujours détenues de manière arbitraire et illégale, il est important de rester unis», a-t-il déclaré, appelant à poursuivre le combat pour la libération de celle «qui s’est battue toute sa vie pour les droits des femmes et les libertés». Ancien conseiller national lui aussi, Eric Voruz a apporté le soutien des retraités d’Unia et de Syndicom pour obtenir la liberté de Louisa Hanoune, qu’il avait rencontrée en 2010 en Algérie, lors d’une conférence mondiale.

Femmes solidaires

«Une seule femme emprisonnée pour des raisons idéologiques, c’est une femme de trop! Nous pensons beaucoup à Louisa et nous lutterons jusqu’à ce qu’elle soit libérée», a soutenu Carmen Religieux, militante du SSP Genève. Françoise Fort d’Urgence Palestine a, «au-delà du symbole que devient Louisa Hanoune pour nous tous», rendu un vibrant hommage au peuple algérien, à son combat contre le colonialisme puis pour ses droits démocratiques: «Malgré toutes les vicissitudes, malgré les forces contre lui, représentées par l’armée, les lobbys du pétrole et des banques, ce peuple qui aspire depuis toujours à la liberté a encore beaucoup à nous dire. Il incarne cette aspiration que nous avons tous dans nos cœurs de la liberté et de la démocratie.»

Parmi les élus genevois sur place, la députée Frédérique Perler, vice-présidente des Verts, a dit son admiration pour la militante emprisonnée et la nécessité qu’elle et tous les détenus pour leurs idées soient libérés. Conseiller municipal, le Vert Alfonso Gomez a plaidé pour que ne soient pas laissées dans l’ignorance ces personnes combattant pour la liberté, à l’instar de Louisa Hanoune, «symbole de ce qui se passe aujourd’hui dans le monde et principalement dans le monde arabe». Ancien du CICR, il a dit l’importance pour les détenus incarcérés injustement de savoir qu’à travers le monde, des personnes s’engagent pour eux: «Cela indique aux militaires que Louisa Hanoune n’est pas ignorée, qu’elle est soutenue, qu’il y a des gens à ses côtés, et ça, ça n’a pas de valeur.»

«La liberté est indivisible. Quand Louisa Hanoune est en prison, c’est un petit peu de nous-mêmes qui est en prison, a ajouté Pierre Bayenet, député d’Ensemble à gauche. Chaque fois qu’une personne se battant pour la liberté et la justice est emprisonnée, c’est un peu de notre liberté qui est condamnée. A chaque fois, nous devons nous lever tous ensemble, car si nous ne le faisons pas, demain c’est peut-être nous qui serons emprisonnés. Aucun pays n’est à l’abri.»

Campagne dans plus de 100 pays

«Le combat de Louisa Hanoune s’inscrit dans le combat de tous les peuples du monde pour leur émancipation. L’Algérie vit une montée révolutionnaire, c’est pareil au Chili, au Liban, au Maroc il y a deux ans, en Lybie ou en Iran», a observé un représentant de l’Organisation suisse des travailleurs, qui a rappelé qu’en tant que coordinatrice de l’Entente internationale des travailleurs, la militante a participé à de nombreuses rencontres dans le cadre de l’OIT pour défendre l’indépendance des syndicats à l’échelle mondiale.

Venu de France voisine, un représentant du Parti ouvrier indépendant a souligné l’importance de la campagne menée dans plus de 100 pays pour la libération de la responsable du Parti des travailleurs et de tous les emprisonnés politiques en Algérie. «C’est dire ce que représente Louisa. Les peuples se soulèvent et mettent en cause le joug capitaliste, l’impérialisme. C’était pour tenter d’empêcher ce combat en Algérie qu’ils ont emprisonné Louisa Hanoune et qu’ils emprisonnent les militants politiques, mais ils n’y arriveront pas.»

D’autres prises de parole et messages de soutien, venant notamment de Syndicom et de la CGT du Pays de Gex, ont émaillé le rassemblement. Une délégation s’est ensuite rendue au consulat d’Algérie à Bellevue. Faute d’être reçue par le consul, elle a remis à son intention la résolution adoptée sur la place des Nations.

Dernière minute: nous apprenons que le procès en appel de Louisa Hanoune est prévu pour le 9 février prochain.

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