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Total mépris pour les travailleurs âgés de la construction

La séance d'information sur les mesures de retour à l'emploi des maçons licenciés a été annulée faute d'intérêt

Mise sur pied en 2016 grâce à la pression des syndicats genevois, la cellule paritaire de reclassement des maçons de plus de 50 ans licenciés n'a rencontré aucun succès auprès des patrons. Jeudi, une dizaine de travailleurs s'est rendue au Point Contact d'information pour se tenir à disposition des patrons, en vain. Pour Unia, le SIT et Syna, ce mépris est honteux.

Malgré ce que prétend le secrétaire général du Groupement genevois des entreprises (GGE) Peter Rupf, les licenciements des travailleurs âgés dans la construction ne sont pas une invention des syndicats. Aujourd'hui, à Genève, ils sont une trentaine à avoir été licenciés à plus de 50 ans, à ne pas avoir retrouvé d'emploi et à se retrouver menacés de perdre leur droit à la retraite anticipée à 60 ans.
Fortement mobilisés sur cette question, les syndicats genevois, dont Unia, dénoncent cette injustice depuis 2015. Malgré l'herméticité des patrons, ils ont obtenu en 2016 la constitution d'une cellule paritaire de reclassement visant à replacer rapidement les personnes licenciées dans l'une des 110 entreprises de la Société suisse des entrepreneurs (SSE Genève). «Après plusieurs mois de fonctionnement, les résultats sont proches du néant puisque trois travailleurs seulement ont pu être réembauchés sur la trentaine de dossiers présentés par les syndicats», dénonce José Sebastiao, coresponsable du gros-œuvre chez Unia.
Dans une impasse, les travailleurs concernés ont profité de la tenue, le 22 mars, du Point Contact d'information de l'Office cantonal de l'emploi à l'intention des entreprises de la SSE et du GGE, visant à les encourager à engager ces travailleurs d'expérience via des aides financières de retour à l'emploi, pour se présenter en chair et en os aux entrepreneurs. C'est ainsi qu'une dizaine de maçons, accompagnés de leurs représentants syndicaux, se sont pointés dans les locaux de la SSE pour proposer leurs services et mettre en avant leurs compétences et leur expérience après des décennies passées à trimer sur les chantiers. L'illusion ne sera que de courte durée. «Les employés de la SSE nous ont informés que la séance prévue avait été annulée faute de participants», rapporte José Sebastiao qui, à l'image de ses confrères, n'avait pas été mis au courant. Sur les 150 entreprises que regroupent la SSE et le GGE, seules 8 s'étaient inscrites... Une honte selon les syndicats. «Nous soupçonnions déjà fortement les entreprises de se désintéresser totalement du sort des travailleurs âgés malgré leurs discours de circonstance. Aujourd'hui, le doute n'est plus permis, la justice sociale dans le secteur n'existe plus», tempête Thierry Horner, du syndicat SIT.
Face à cette attitude méprisante, les syndicats n'ont pas dit leur dernier mot. Comme annoncé la semaine dernière, les actions vont se multiplier et se durcir jusqu'à ce que les patrons genevois acceptent de négocier sur la limitation du travail temporaire.

Manon Todesco