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Un salaire minimum contre la précarité

Les syndicats genevois ont déposé le 18 juin leur initiative «23 frs, c’est un minimum!», accompagnée de 7754 signatures. L’heure est maintenant à la mobilisation…

Il aura fallu seulement trois semaines à la Communauté genevoise d’action syndicale (CGAS) pour récolter plus de 7000 signatures en faveur de son initiative pour un salaire minimum cantonal de 23 francs de l’heure, soit un peu plus de 4000 francs par mois. Alors que l’objectif était atteint au 1ermai, malgré la suspension de la récolte active de paraphes, quelque 700 autres sont arrivées par poste aux syndicats au fil des dernières semaines. Pour Audrey Schmid, secrétaire syndicale en charge du dossier chez Unia, le très bon écho en faveur de cette initiative est porteur d’espoir pour la suite. «La détermination avec laquelle les salariés de ce canton ont signé cette initiative depuis le 9 avril dernier sur les stands de récolte démontre que le moment est venu d’instaurer un salaire minimum légal à Genève.»

Les syndicats genevois se réjouissent doublement car, alors que leur initiative a rencontré un franc succès, l’UDC Genève a dû renoncer à déposer son initiative «Genève d’abord» faute de signatures, tout comme le MCG avec l’initiative «Frontaliers: Stop!». «Le MCG avait jusqu’au 18 juin pour la déposer mais d’après nos informations, il leur manquait environ 500 signatures», informe la syndicaliste. Pour la CGAS, le message envoyé par la population est clair: les «vociférations anti-frontaliers et anti-étrangers» ne prennent plus, il est maintenant urgent de combattre la précarité, sans tomber dans le piège de la division. «Les salariés ont bien compris que la responsabilité des bas salaires n’est pas imputable aux étrangers ou aux frontaliers, mais bien aux abus patronaux, contre lesquels l’initiative syndicale apporte une vraie réponse, dans un combat commun et solidaire de l’ensemble des travailleurs, d’où qu’ils viennent et où qu’ils habitent», a déclaré Davide De Filippo, co-secrétaire général du Sit et vice-président de la CGAS, devant le Service des votations. Et Audrey Schmid de renchérir: «Les travailleurs de ce canton ne croient plus non plus au discours lénifiant des patrons sur le partenariat social, car le résultat de ce partenariat, ils l’ont devant leurs yeux: bas salaires et précarité, particulièrement pour les femmes.» En effet, cette dernière rappelle que les branches à bas salaires – à savoir la vente, la blanchisserie ou encore le nettoyage – sont des branches majoritairement représentées par des femmes. Ce salaire minimum à 23 francs est donc aussi une manière d’améliorer l’égalité salariale.

Ces 7754 signatures sont une victoire d’étape. L’initiative va maintenant être traitée par le Grand Conseil, qui a deux ans pour s’en saisir. D’éventuels recours pourraient aussi être déposés, c’est pourquoi le calendrier reste flou. «Nous allons maintenant devoir mener une campagne qui tienne sur la longueur et mobiliser les salariés pour transformer cet essai dans les urnes», conclut Audrey Schmid. 

Cette fois, c’est la bonne?

Déjà soumis deux fois en votation, le salaire minimum n’a jamais fait, jusque-là, l’unanimité auprès des Genevois. «En 2011, l’initiative constitutionnelle de Solidarités portait sur le principe et non pas sur un montant, décortique Audrey Schmid. La droite a réussi à faire peur aux électeurs en disant que ça allait tirer les salaires vers le bas. Et en 2014, c’est l’aspect fédéral qui a posé problème, relativement à la situation dans les autres cantons.» Pour la CGAS, l’initiative «23 frs, c’est un minimum!» propose un montant adapté à la réalité, et en adéquation avec les revendications des travailleurs. «Actuellement, 10% des salariés du secteur privé à Genève gagnent moins de 23 francs de l’heure, insiste la secrétaire syndicale. Dans ces 10%, la moitié, à savoir 30000 personnes, gagne moins de 3500 francs par mois.» Quant au rapport sur la pauvreté publié par l’Etat de Genève fin 2016, il indique que 18% des bénéficiaires de l’Hospice général ont un emploi, mais que ce dernier ne leur permet pas de vivre dignement. 

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