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Vaud pionnier d'une assurance publique dentaire

La campagne en faveur du remboursement des soins dentaires dans le canton de Vaud bat son plein

La population vaudoise sera appelée à se prononcer le 4 mars prochain sur une initiative pour le remboursement des soins dentaires. But de ses auteurs: garantir à tout un chacun un accès aux traitements sachant que 10% des personnes y renonceraient faute de moyens. Et alors que les problèmes de dents ne peuvent être dissociés des questions de santé globale. Une démarche aussi menée dans d'autres cantons romands.

Des traitements dentaires chers, trop chers, grevant le budget des ménages, conduisant des personnes à y renoncer et d'autres à recourir à des interventions à l'étranger... Voilà les principales raisons à l'origine de l'initiative cantonale pour le remboursement des soins dentaires sur laquelle sera appelée à voter la population vaudoise le 4 mars prochain. A un peu plus d'un mois de cette échéance, les auteurs de ce texte mettent les bouchées doubles. Battage médiatique. Distributions de tracts. Appel signé par plusieurs dizaines de médecins soutenant le texte. Diffusion d'un clip vidéo sur les réseaux sociaux... Les initiants - réunissant une large coalition de partis politiques, de syndicats, dont Unia, et d'associations diverses - se sont armés jusqu'aux dents pour défendre un projet visant à garantir à tout un chacun un accès aux soins, sans se ruiner. «En Suisse, selon l'OCDE, les soins dentaires sont pris en charge à 91% par les ménages, soit l'un des taux les plus hauts au niveau mondial. Ils plombent le pouvoir d'achat. En raison de ces coûts élevés, 10% de Vaudois renoncent à se soigner alors que d'autres, confrontés à de lourdes dépenses dans le domaine, tombent dans la précarité», affirme Pierre Conscience, coordinateur de la campagne. La solution préconisée? L'alliance réclame la création d'une assurance publique obligatoire pour les soins dentaires ainsi que la mise en place d'un dispositif de prévention et d'un réseau de policliniques régionales actives dans le domaine.

Selon ses moyens
Le système d'assurance universelle serait financé sur le modèle équitable et solidaire de l'AVS, via une cotisation de 1% divisée à parts égales entre le salarié et l'employeur. Les initiants estiment le montant dépensé dans le canton de Vaud pour les soins dentaires à quelque 300 millions de francs. Une personne gagnant 5000 francs par mois devrait ainsi, par exemple, s'acquitter d'un montant de 25 francs mensuels. Chacun contribuera de cette manière selon ses moyens, l'effort financier étant proportionnel au salaire. L'alliance assure par ailleurs qu'il n'y aura ni taxe ni prime supplémentaires. La solution préconisée vise non seulement à mettre un terme aux inégalités sociales mais aussi aux disparités entre les communes en harmonisant la prévention et les soins aux enfants en âge de scolarité. Ces dernières, en plus de mesures de prophylaxie, peuvent subventionner des traitements selon les revenus des parents. Un soutien disparate... «Les aides allouées varient entre 37,20 francs et 13 centimes par enfant», chiffre le comité d'initiative tout en relevant que le programme de dépistage mené dans les écoles ne se révèle pas optimal avec des élèves dont les caries, bien que signalées, n'ont d'une année à l'autre pas passé par la case dentiste. En cas d'acceptation de l'assurance, cette dernière prendra-t-elle aussi en charge les frais d'orthodontie? «Oui si la mauvaise posture des dents a des conséquences sur la santé, posant par exemple des problèmes de mastication», répond Pierre Conscience qui, interrogé sur une éventuelle franchise estime qu'il n'y en aura pas a priori. «Mais à la loi d'application de préciser les choses. C'est la force et la faiblesse du projet.»

Santé globale
Les partisans de l'initiative affirment aussi que la formule proposée fera baisser les coûts de la santé en facilitant un dépistage régulier - et, partant, des soins précoces - et au travers de tarifs contrôlés par la collectivité. Ils précisent que les pathologies bucco-dentaires influent sur la santé globale et augmentent les risques de maladies cardiovasculaires, de déséquilibre, d'un diabète ou encore d'accouchements prématurés. Inversement, certains maux et traitements comme les chimiothérapies par exemple prédisposent à des problèmes dentaires et ce même en cas d'hygiène buccale irréprochable. Il ne s'agit donc pas seulement de responsabilité individuelle...
La question des coûts d'un tel système figure toutefois parmi les arguments les plus mordants des opposants à l'assurance qui pensent, au contraire, qu'ils exploseront... «Un point de vue qui me fait sourire. Les Vaudois ne consulteront pas plus souvent. Qui se réjouit d'aller chez le dentiste? En général, on en a plutôt peur», persifle Pierre Conscience, confiant sur l'issue du scrutin, la récolte de signatures s'étant faite aisément.
A noter que des initiatives similaires ont été déposées dans les cantons de Genève, Neuchâtel et du Valais, preuve pour les initiants que le système actuel pose problème. Si le comité d'initiative ne se casse pas les dents, son assurance pourrait bien ouvrir la voie...

Sonya Mermoud