Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

100 francs d’augmentation, c’est un minimum!

Sac à commissions sur lequel on peut lire: M comme meilleur? Alors aussi Meilleurs salaires pour mes vendeuses.
© Neil Labrador/Archives

Les salaires doivent augmenter pour renforcer le pouvoir d’achat des travailleurs. En particulier dans toutes les branches qui traversent bien la crise et dans les métiers essentiels, largement sous-payés.

L’Union syndicale suisse appelle à des hausses de salaires, qu’elle juge possibles et nécessaires. Dans les branches d’Unia qui se portent bien, le syndicat réclame au moins 100 francs par mois

Dans notre édition précédente, nous vous informions de la tenue d’une conférence de presse de l’Union syndicale suisse (USS) sur les revendications salariales. A cette occasion, la faîtière soulignait que certains secteurs se portaient très bien malgré la crise (et même grâce à elle), justifiant et rendant possibles des hausses de salaires. Et d’ajouter que la progression des salaires réels ces dernières années (seulement 0,5% en 2019) n’était pas du tout à la hauteur de l’essor économique que vivait la Suisse (croissance du PIB de 5,9% entre 2017 et 2019). Pour l’USS, les crises successives ne doivent pas être des arguments pour ne pas augmenter les salaires lorsque les affaires se portent bien. «Aussi longtemps que, par dizaines de milliards, des dividendes seront versés dans notre pays, il sera légitime de parler de hausses de salaires», a insisté son président Pierre-Yves Maillard.

Pour rappel, dans les grandes lignes, sont demandées des augmentations salariales jusqu’à 100 francs par mois ou 2% là où les entreprises peuvent se le permettre. On exige également que le 13e mois soit payé entièrement même en cas de chômage partiel durant l’année et, enfin, que les employeurs compensent à 100% les rémunérations les plus basses (jusqu’à 5000 francs brut mensuels) en cas de réduction de l’horaire de travail.

«Le problème du pouvoir d’achat en Suisse existait déjà avant la crise sanitaire, ajoute Daniel Lampart, économiste en chef de l’USS. Ce dernier s’est aggravé ces derniers mois. Les travailleurs ayant des bas salaires ont été les plus durement touchés, comme dans l’hôtellerie-restauration, le tourisme, l’industrie horlogère et l’événementiel. En cas de chômage partiel, la plupart de ces personnes ne reçoivent que 80% d’un salaire déjà très bas. Raison pour laquelle des hausses de salaires sont extrêmement importantes pour notre conjoncture intérieure déjà en difficulté.»

Devoir moral

Véronique Polito, membre du comité directeur d’Unia, insiste: «Certaines entreprises sont sorties gagnantes de la crise, c’est le cas dans la construction, l’artisanat, la logistique, l’industrie alimentaire ou la pharma. Le commerce en ligne et la logistique ont connu par exemple un développement exponentiel (Le Shop: +500% de ventes). Le commerce de détail alimentaire a également fait de bonnes affaires durant la pandémie.» Cela signifie qu’une marge de manœuvre existe bel et bien pour accorder l’augmentation de 100 francs demandée (voir revendications ci-dessous). «Les branches et les entreprises qui s’en sortent bien ou qui ont réalisé de bonnes affaires durant la crise ont un devoir moral de soutenir le pouvoir d’achat et la relance, poursuit la syndicaliste. Les salariés qui ont œuvré durant la crise ont largement contribué à ce succès, leurs efforts doivent être reconnus.»

Pour une égalité salariale

Augmenter les salaires dans les branches de services dits essentiels à un niveau décent, c’est aussi contribuer à réduire les inégalités salariales hommes-femmes. «En effet, la majorité de ces emplois sont occupés par des femmes employées à des bas salaires qui ne suffisent guère pour vivre dans la dignité», remarque Véronique Polito, qui salue en outre l’introduction des analyses des rémunérations dans les entreprises de plus de 100 employés depuis le 1er juillet. «Les employeurs doivent prendre en compte ce problème et accorder des revalorisations supplémentaires pour les salaires féminins.»

Les revendications salariales dans les branches d’Unia

Secteur principal de la construction: +100 francs d’augmentation générale; +100 francs sur les salaires minimums; paiement de la pause matinale et de midi (voir aussi ici)

Artisanat: +100 francs sur les salaires effectifs dans toutes les branches; +100 francs sur les salaires minimums.

Industrie: +100 francs pour toutes et tous.

Commerce de détail: salaire minimum d’au moins 4000 francs (x13), prime d’un demi-salaire mensuel pour les salariés du département food et du commerce en ligne.

Coop: +100 francs, en priorité sur les plus bas salaires et pour les employés avec ancienneté (après 5 et 10 ans), salaire minimum d’au moins 4000 francs (x13).

Migros: +100 francs en général; 4000 francs (x13) minimum; salaire minimum pour les employés expérimentés; prime d’au moins un demi-salaire mensuel pour les travailleurs du département food et du commerce en ligne.

Logistique: +100 francs; prime d’au moins 2000 francs.

Location de services: +150 francs sur les salaires minimums (non qualifiés); augmentation des salaires minimums au Tessin au niveau des autres minimums cantonaux.


Journée d’action du 31 octobre

Applaudir, c’est bien, agir c’est mieux!

Unia organise le 31 octobre une journée d’actions nationale pour revendiquer de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail dans les métiers essentiels.

Que ce soit dans la vente, les soins – notamment de longue durée –, la logistique ou les transports, des centaines de milliers de travailleurs ont fait preuve de courage pour être au front et garantir l’approvisionnement de base de la Suisse. Des métiers largement féminins, peu reconnus, mal rémunérés et qui s’exercent dans des conditions souvent difficiles.

Pour le syndicat, les applaudissements sont loin d’être suffisants et ces salariés méritent mieux.

C’est pourquoi il demande les améliorations suivantes:

▪ Enfin une hausse salariale: aucun salaire inférieur à 4000 francs x 13 (semaine de 40h) et une prime pour le dévouement extraordinaire durant la pandémie.

▪ Stop aux dérégulations et aux conditions de travail précaires: davantage de personnel, davantage de temps, une meilleure planification des horaires, pas de travail sur appel et pas d’élargissement des horaires d’ouverture des magasins.

▪ Une meilleure protection des salariés grâce à des CCT de force obligatoire dans toute la Suisse.

Des actions décentralisées auront lieu dans tout le pays, pour que ces revendications soient entendues. Précisions à venir…

Pour aller plus loin

«Licencier quelqu’un à 64 ans est inhumain et abusif!»

Moment d’appréhension pour Veli Gashi avant d’entrer dans la salle d’audience des Prud’hommes à Yverdon. Il en ressortira heureux d’avoir mené le combat jusque-là pour faire valoir ses droits.

Un ouvrier congédié un an avant sa retraite a saisi les Prud’hommes. Son ancien employeur, les Usines métallurgiques de Vallorbe, a accepté de verser près de quatre mois de salaire, en rejetant toute responsabilité

Le pouvoir de la rue

Pour Danielle Tartakowsky, il y a, depuis une vingtaine d’années, une volonté du pouvoir de se débarrasser des manifestations de rue. Un tournant qui n’a pas été admis par les organisations qui continuent à appuyer leurs revendications par des démonstrations de force. Ici, à Chambéry, lors de la mobilisation contre la réforme des retraites en janvier 2023.

L’historienne française Danielle Tartakowsky donnera à La Chaux-de-Fonds une conférence sur les manifestations de rue. Un puissant moyen de contestation

Genève: 1000 francs en attendant la 13e rente

A Genève, la pétition de l’Avivo pour une prime de 1000 francs en faveur des rentiers AVS/AI a été approuvée par le Grand Conseil. Bénéficiant de l’abstention de certains députés...

Vols sur Tel-Aviv d’EasyJet: recours à la médiation

En dépit de l’intervention du Syndicat des services publics (SSP), EasyJet Suisse a repris le 31 mars ses trajets sur Tel-Aviv. La compagnie britannique a toutefois accepté de...