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Coup de massue pour le personnel de l'Ecole Internationale

Entrée de l'Ecole Internationale.
© Olivier Vogelsang

L’Ecole Internationale, la plus vieille du monde, compte 1350 employés. Deux tiers d’entre eux sont couverts depuis 1993 par la convention collective de travail dénoncée par le Conseil de fondation de l’institution.

La direction de l'institution genevoise a décidé unilatéralement de dénoncer la CCT. Les employés et leurs syndicats, dans l'incompréhension totale, lui demandent de revenir sur sa décision

«Sous le choc». Dans un «désarroi» total. Voici les mots employés par les représentants du personnel de l'Ecole Internationale à Genève. Les 1350 employés de la plus vieille école internationale du monde sont dans l'incompréhension la plus absolue depuis le 30 septembre, date à laquelle le conseil de fondation de l'école a décidé de dénoncer la Convention collective de travail (CCT) qui encadre les conditions de travail de deux tiers de ses employés depuis 1993. La convention, un outil très avant-gardiste à l’époque, arrive à échéance le 31 août 2022.

La commission du personnel se préparait donc comme tous les cinq ans à s'asseoir à la table des négociations afin de prolonger cet accord tout en y apportant des modifications. Les employés étaient même prêts à geler une nouvelle fois leur salaire, pour faire faire des économies à leur employeur.

Mais le couperet tombe sans même que cette commission ait été consultée ou informée au préalable. «La direction veut repartir de zéro et mettre sur pied une toute nouvelle CCT 2.0», ajoute Pablo Guscetti, secrétaire syndical en charge du dossier chez Unia.

«Nous avons peu d'informations sur cette nouvelle convention, ajoute Ugo*, enseignant et délégué du personnel. Le peu que nous avons pu voir montre une disparition de tous les processus de consultation et de protection. Par ailleurs, nous serons amenés à travailler plus pour gagner moins.»

Recours épuisés

Les employés sont sonnés. «Notre école représente des valeurs de paix, de démocratie et de bienveillance, rappelle Marie*, une autre déléguée du personnel. Elle est unique en son genre et c'est ce qui nous a attirés en tant qu'enseignant. C’est une institution dans laquelle nous avons plaisir à enseigner et les élèves à apprendre. Mais aujourd'hui, ces valeurs sont bafouées. Il y a une rupture de dialogue et de collaboration avec la direction. Nous avons épuisé tous les recours internes, en vain. C'est pourquoi nous nous en remettons aux médias aujourd'hui.»

Et Ugo de poursuivre: «Tout ce que nous demandons, c'est que le conseil de fondation revienne sur sa décision afin que nous puissions mener des négociations conventionnelles dans un climat apaisé sans avoir le couteau sous la gorge.»

En effet, tous les courriers adressés au conseil de fondation ainsi que les pétitions sont restés lettre morte. Sans parler de cette grande assemblée générale convoquée le 30 novembre par la commission du personnel. Une réunion à laquelle environ 800 personnes ont participé et où il a été décidé quasi à l'unanimité de rejeter la nouvelle CCT et de demander la démission du conseil de fondation en place. «Les décisions de cette assemblée ont été transmises à la direction qui nous a répondu qu'elles n'étaient pas valables», rapporte Ugo. «Nous sommes face à une prise de pouvoir agressive et à une volonté d'instaurer une hiérarchie pyramidale à l'image d'une grande entreprise et c'est déplorable, reprend Marie. Ce n’est pas notre mission, ce n’est pas comme cela que nous fonctionnons. Nous craignons pour nos conditions de travail et pour la qualité de l’enseignement.»

Trahison

D'après les délégués, ces changements de politique ont commencé en 2014, date à laquelle la nouvelle direction a pris place. «Le renouvellement de la CCT en 2017 avait déjà été très difficile, se rappelle Ugo. On s'était dit: “Plus jamais ça!” Et là, la direction nous informe de la décision de dénoncer de manière unilatérale la CCT, juste après avoir fait notre éloge à la suite des efforts fournis pendant la pandémie. Pour nous, c'est un coup de poignard dans le dos. Il est évident que la prochaine étape sera de s’attaquer à notre règlement et à notre Charte.»

Les employés, les parents d'élèves et les syndicats Unia et SSP attendent du conseil de fondation qu'il revienne rapidement à la raison. «Nous sommes tenus à la paix du travail de par notre convention, rappelle Marie. La question de mener des actions ou une grève ne se pose donc pas pour l'instant. Mais en septembre prochain, si on se retrouve sans convention, la donne aura changé...» En attendant, une nouvelle assemblée générale est prévue pour janvier.

* Prénoms d’emprunt.

«Nous exigeons la réintégration d'Alfred Maturo»

Décidément, l'Ecole Internationale multiplie les crises. Autre actualité, un jugement du 24 novembre du Tribunal des prud'hommes genevois qui confirme que l'enseignant et délégué du personnel Alfred Maturo a été licencié de manière injustifiée par l'institution en 2019.

Pour bref rappel, l'employé avait été saisi par un parent qui soupçonnait une relation entre son enfant mineur et son professeur sur un campus vaudois. S'agissant d'un cas de protection de l'enfance, Alfred Maturo prend les choses en main et rapporte les faits à ses supérieurs. «On lui répond que le cas est géré», raconte son avocat, Me Maxime Clivaz. Mais les procédures internes ne sont pas activées. «Tiraillé entre sa mission de représentant dans les différentes commissions et sa qualité d'employé loyal à son employeur, il poursuit quand même sa mission et dénonce le cas aux autorités vaudoises.» Deux jours plus tard, il est convoqué et licencié avec effet immédiat, car il aurait une «attitude obsessionnelle de nuire à l’école».

«Le tribunal a admis que l'école n'avait pas respecté la procédure prévue par la CCT: mon client n'avait pas été entendu, ni n’avait reçu d'avertissement qui pouvait justifier un renvoi immédiat. Le jugement souligne également qu’il n’avait aucune intention de nuire et que sa démarche était de bonne foi.» L'ancien employé s'est vu alloué une indemnité d'environ deux mois de salaire. «Nous sommes satisfaits, car ce jugement nous donne raison, mais la compensation n'est pas à la hauteur du préjudice moral subi», soulève l’avocat.

Les syndicats, eux, continuent à exiger la réintégration d'Alfred Maturo, qui serait prêt à reprendre son poste d’enseignant. «Nous avions donné un délai de réponse au 7 décembre, mais nous n'avons eu aucun retour de l'école», regrette Pablo Guscetti, responsable du dossier pour Unia.

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