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«J’attends qu’il poursuive le combat!»

Stéphane Nicolin et Edouard Voide.
© Thierry Porchet

Petite pause à la gare de Sierre pour Edouard Voide, à gauche, et Stéphane Nicolin, après la séance du groupe d’intérêts des retraités valaisans durant laquelle le premier a passé le flambeau de la présidence au second. Les membres du groupe s’y étaient déplacés pour recueillir des signatures sur le référendum contre AVS 21.

Edouard Voide cède la présidence du groupe d’intérêts des retraités d’Unia Valais à Stéphane Nicolin. Ensemble, ils évoquent leur parcours et leurs engagements

Passage de témoin entre deux générations de retraités en Valais! Le 1er février, Edouard Voide, président du groupe des aînés Unia du canton, cédait sa place à Stéphane Nicolin qui fêtait ce jour-là son premier jour à la retraite. Dans la salle de réunion du syndicat à Sierre, les deux hommes, qui ont 25 ans de différence d’âge, témoignent de leur parcours et de leurs ambitions pour l’avenir. Juste avant s’était tenu le comité des retraités présidé pour la première fois par Stéphane Nicolin. Un moment fort pour Edouard Voide qui s’est vu félicité pour son engagement de longue date à la tête du groupe et au syndicat.

Soixante ans d’affiliation syndicale

«J’ai été fêté aujourd’hui pour mes 20 ans de comité des retraités et pour mes 60 ans de sociétariat, atteints en 2021», se réjouit l’octogénaire, arborant la belle montre de gousset offerte par Unia pour le remercier de sa fidélité. «Je suis syndiqué depuis 1961. D’abord chez les chrétiens sociaux où mon père m’avait inscrit, puis à la FTMH quand je suis entré chez Alusuisse», poursuit celui qui a débuté dans l’usine sierroise comme chauffeur de clark, ou chariot élévateur, avant de devenir, 17 ans plus tard, contrôleur de qualité. «Je vérifiais le métal qui arrivait du laminoir de Chippis. J’allais aussi régulièrement sur place. A 60 ans, j’ai eu la possibilité de prendre ma retraite, avec un pont AVS. Durant ces années, je représentais l’usine au comité du syndicat.» Edouard Voide prévoit de mettre à profit le temps retrouvé pour s’occuper un peu de lui et de sa famille. «J’ai des petits-enfants qui réclament leur grand-papa. Et je suis content de ce que j’ai réalisé.» Ce membre actif, heureux d’officier en saint Nicolas lors des Noëls des enfants d’Unia, a également fait partie du groupe national des retraités du syndicat. Il a participé à tous les congrès d’Unia, de sa fondation à aujourd’hui, puisqu’il se rendra pour la dernière fois comme délégué à Bienne le 26 février. En tant que président des retraités valaisans, il a organisé nombre d’activités, allant des récoltes de signatures «pour aider le syndicat» aux sorties en car pour les membres du groupe, tous les trois ans, alors que les autres années étaient consacrées à des pique-niques. Visite de l’île Saint-Pierre, de la Galère à Morges, du Musée des transports à Lucerne sont au nombre des destinations qu’il a organisées. Lui reste-t-il un événement marquant de ces vingt années de présidence? «La Grève des femmes! C’était un grand moment», note-t-il, avant d’ajouter, face au peu de résultat obtenu: «C’est toujours la même chose. On essaie d’améliorer et, en face, les patrons mettent toujours les pieds contre le mur. Mais il est clair que s’il n’y avait jamais eu les réclamations des syndicats, nous serions encore très en arrière aujourd’hui.»

Mémoire ouvrière du site chimique

A l’heure du départ, qu’espère-t-il de son successeur? «J’attends que Stéphane continue le combat. Je pense qu’il n’y aura pas de problème, je le connais depuis passé vingt ans!» A 61 ans, le frais retraité de Syngenta, mémoire ouvrière des fusions, acquisitions et transformations du site chimique de Monthey, rentre dans sa nouvelle fonction avec le sourire et une force de conviction qu’il a mise au profit de ses collègues durant de longues années. Cet opérateur en chimie, qui aurait débuté sa 38e année sur le site ce 1er février, a commencé chez Ciba en 1985, moment où il adhère à la FTMH. Stéphane Nicolin rejoint le SIB en 1997, lors de la création de Novartis. C’est là qu’il est propulsé à la commission d’entreprise. Avec passion, il raconte la formation syndicale reçue à l’époque pour négocier les salaires, ses premiers résultats positifs, les succès suivants, ainsi que l’importance d’avoir une commission syndicale dans l’entreprise, en plus de la commission du personnel. Plusieurs fois nommé meilleur recruteur d’Unia, le militant laissera ses mandats en 2016, à la suite de menaces sérieuses sur son emploi. Il continuera néanmoins à siéger à la commission syndicale et dans les instances de la chimie et de l’industrie d’Unia.

Equilibre entre les sages et les plus jeunes

Le jeune retraité prend à cœur son nouveau mandat: «C’est important pour moi de rester dans le syndicat, d’être informé, solidaire. Avec les retraités, je souhaite continuer les activités traditionnelles et renouer avec les assemblées générales, avec un invité pour débattre d’un sujet particulier. Ce groupe, c’est aussi la possibilité de dire aux jeunes que leur engagement est important et de rappeler d’où viennent les acquis, le 2e pilier, les vacances, etc. C’est essentiel de garder le lien entre les actifs et les retraités, de parler solidarité, partage, de rappeler que chacun a une place ici-bas.» Stéphane Nicolin compte aussi transmettre son expérience du partenariat social, lui qui a négocié nombre de conventions collectives.

Va-t-il révolutionner le groupe? «On ne change pas une équipe qui gagne! Ce que j’aimerais, c’est qu’une ou deux personnes fraîchement retraitées nous rejoignent. Si les sages ont les connaissances, les plus jeunes restent proches du monde du travail.» Un des thèmes qu’il compte aborder est celui du 2e pilier. «J’ai parlé tout à l’heure avec nos sages. Ils m’ont dit qu’ils arrivaient à mettre un peu de sous de côté. Ce n’est pas le cas de ceux qui prennent aujourd’hui leur retraite. Avec la baisse du taux de conversion de 6,8% à 4,6%, en tenant compte du surobligatoire, on a perdu en une décennie 25% de nos pensions! C’est un gros problème. Avant, dans la chimie, les retraités avaient leur vigne, leurs carottes, leurs vaches. Ce n’est plus le cas», note le président, qui se projette déjà dans les prochaines échéances du groupe, entre référendum contre AVS 21, préparation du congrès et future excursion.

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