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Le sang des ouvrières sur nos vêtements

Des balles en caoutchouc, des canons à eau et des véhicules blindés contre les ouvrières en grève au Bangladesh. Au moins une personne a été tuée et cinquante autres blessées ce mois de janvier, dans un pays où l’exploitation de millions de travailleurs, essentiellement des femmes, permet d’alimenter les rayons de presque toutes les grandes marques occidentales en vêtements à des prix défiant toute concurrence, tant les salaires sont bas. Le 6 janvier, des ouvrières se sont mises en grève pour exiger des augmentations. Le salaire minimum était passé à 8000 takas (83 euros) par mois en début d’année; or, les syndicats exigeaient le double, le coût de la vie ayant pris l’ascenseur. Le personnel payé un peu au-dessus du minimum n’avait lui pas touché un taka de plus. La grève, immobilisant une cinquantaine d’usines, a duré près de 10 jours. D’énormes manifestations se sont déroulées, dont l’une ayant rassemblé 50000 grévistes à Savar, le 9 janvier, dans la banlieue industrielle de Dacca, là où s’était effondré le Rana Plaza, en avril 2013, tuant plus de 1130 salariés du textile.

Après une nouvelle journée de violence, gouvernement et patronat lâchaient – un peu – de lest le 13 janvier, octroyant une augmentation de… 20 centimes par mois et jusqu’à 8 euros pour les plus chanceux. Face au refus de certains grévistes de cesser leur mouvement, la puissante association patronale des producteurs textiles a menacé de fermer toutes les usines du pays s’ils ne retournaient pas au travail. Une reprise douloureuse pour certains. Le 16 janvier, quelque 750 employés de plusieurs usines de la banlieue de Dacca se sont retrouvés face à une interdiction de rejoindre leur poste. Les patrons avaient placardé des listes de personnes licenciées, avec noms et photos, à l’entrée des immeubles abritant leurs ateliers. Plus de la moitié d’entre eux travaillaient dans une usine d’Ashulia, la Metro Knitting and Dyeing, produisant des vêtements pour H&M, Next et d’autres marques. Des responsables syndicaux ont également été menacés. «La police m’a dit de ne pas créer de problèmes sinon on me fera disparaître», a confié à l’AFP un dirigeant syndical.

Pour couronner le tout, dans ce contexte de répression anti-ouvrière et anti-syndicale, la fédération mondiale Industriall Global Union vient d’informer que The Guardian a publié un article dans lequel il révèle qu’une association caritative anglaise, Comic Relief, dont l’objectif est de lutter contre la pauvreté, mène campagne pour la «justice entre les sexes» avec des T-shirts fabriqués au Bangladesh. Un pull promu par les Spice Girls, vendu 22 euros alors que les travailleuses de l’usine les produisant, appartenant à un membre du Gouvernement bangladais, gagnent à peine 40 centimes d’euros l’heure, travaillent jusqu’à 16 heures par jour et sont insultées par leur chef. Un scandale qui n’est pas isolé, remarque Industriall Global Union. Qui rappelle notamment celui ayant éclaté en 2015, avec un T-shirt d’une campagne portant le slogan «Voilà à quoi ressemble une féministe», confectionné par des ouvrières sous-payées de l’île Maurice. Ces dernières avaient aussi été matraquées par la police pour avoir protesté contre leurs conditions de travail… K

 

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