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Mise au poing sur le ring

Portrait d'Ornella Domini gants de boxe aux poings.
© Olivier Vogelsang

Ornella Domini, une boxeuse créative.

Boxeuse, peintre et agente de sécurité, Ornella Domini, nourrit de multiples passions. Une personnalité haute en couleur

Nul ne s’imaginerait en la croisant qu’elle est championne de boxe. Féminine jusqu’au bout des ongles, amicale et souriante, Ornella Domini, 32 ans, démonte tous les clichés. Mais gare à ceux qui sous-estimeraient sa force et sa détermination car, derrière sa voix douce, se cachent des poings de fer. Et une nature épicurienne qui l’amène à appréhender le monde avec résilience: «J’aime me dire qu’il existe une raison quand quelque chose ne fonctionne pas. La vie est une suite de combats à mener. C’est ce qui la rend belle.» Genevoise d’origine, la jeune femme oscille aujourd’hui entre la France et sa ville natale. Car elle a, depuis peu, déménagé à Evian pour aller vivre avec son copain. «Je suis amoureuse donc heureuse. C’est ce qui manquait à ma réalisation personnelle.» Pour garder un pied-à-terre en Suisse, et comme on ne peut pas vivre de la boxe dans notre pays, Ornella Domini a accepté un poste à l’Etat en tant qu’agente de sécurité. Un métier qu’elle n’avait pourtant jamais imaginé exercer.

Un parcours non conventionnel

«Petite, je voulais être vétérinaire. Mais il n’existe, en Suisse, aucune école francophone pour le devenir alors j’ai abandonné l’idée à cause de la barrière de la langue.» Fidèle à elle-même, la jeune femme n’a pourtant pas complètement abandonné son rêve. Elle a, en effet, décidé d’adopter sept pythons royaux – une espèce rare de reptile – ainsi qu’un perroquet qu’elle a nommé Electra. «J’ai une pièce chez moi dédiée uniquement aux terrariums de mes serpents. Ces animaux me captivent. J’aime beaucoup les observer.» A l’image de ses passions, le parcours d’Ornella Domini est tout sauf conventionnel. Après avoir suivi deux ans un bachelor en biologie à l’Université de Genève, elle se tourne, par manque de débouchés, vers la radiologie médicale. Et travaille, en parallèle, comme agente de sécurité pour financer ses études. «Je me suis vite rendu compte que ce job me plaisait plus que mes cours.» A la fin de sa formation, elle est employée une année aux Hôpitaux universitaires de Genève. Elle décide ensuite de s’engager, par patriotisme, dans l’armée. «J’avais envie de servir mon pays. Je ne voulais pas grader car commander des hommes ne m’intéressait pas. Cette expérience m’a beaucoup rappelé la rigueur de la boxe.» A son retour, les événements s’enchaînent. On lui propose un emploi dans la protection rapprochée d’un riche industriel. «J’ai accepté et je suis partie presque trois ans à travers le monde. Comme je voyageais énormément, je voyais rarement ma famille et j’avais très peu de temps pour moi. Je travaillais 240 heures par mois… Il ne fallait pas être syndicaliste!»

Histoire de championne

Si, durant cette période, Ornella Domini a dû mettre sa carrière de boxeuse en veilleuse, elle n’a pas hésité une seconde à la reprendre en quittant son dernier travail. «Je suis une sportive dans l’âme. L’activité physique fait partie intégrante de mon mode de vie et de ma philosophie.» Et son palmarès bien fourni le prouve. Sa licence amateure passée en 2008, la jeune femme remporte trois fois la médaille d’or romande de boxe. Puis, en 2009 et 2012, elle gagne les championnats suisses en amateur. Et devient alors professionnelle en 2013. «J’ai mené six combats la première année où je suis passée en pro» s’exclame-t-elle, auréolée de ses cheveux blonds. Sa dernière compétition, le 7 mars 2020, lui a permis de conserver pour la quatrième fois, mais pas d’affilée au niveau des années, son titre européen dans la catégorie des poids welters (moins de 66 kg).  Et pourtant rien ne laissait présager qu’Ornella Domini parviendrait au sommet de son art. «Je faisais du foot en équipe féminine quand j’étais plus jeune. J’ai commencé la boxe parce que je cherchais un sport individuel qui me permette d’avoir plus confiance en moi.» Et d’ajouter en souriant: «Contrairement à ce qu’on pourrait penser, la boxe ne m’a pas détruite, elle m’a construite.» Son plus beau combat? «En 2018, contre Ewa Piątkowska pour le titre mondial. La rencontre se déroulait en Pologne devant plus de 8000 spectateurs! J’ai perdu mais j’étais fière de ma performance.» Elle précise l’importance de son coach dans ces moments. «J’aurais certainement arrêté sans lui. Il me suit depuis le début et notre relation est très particulière. Il m’a vue dans les pires comme dans les meilleurs moments. Il me connaît mieux que personne.» Dans un monde souvent masculin, la boxeuse explique qu’elle a dû faire sa place. «J’ai développé un humour très rentre-dedans pour casser tout de suite l’aspect de séduction. Le fait de cohabiter avec des hommes m’a permis d’acquérir un caractère bien trempé!» Désireuse de transmettre son savoir et la situation sanitaire la dissuadant de continuer, Ornella Domini aimerait aujourd’hui devenir entraîneure de boxe. «Je souhaite à tout le monde d’avoir une passion aussi forte que la mienne.»

«J’adore toutes les couleurs»

Des passions allant de la moto aux animaux, du sport à la lecture, du ring à la peinture, Ornella Domini révèle une personnalité plurielle et subtile. «J’ai toujours aimé peindre. Dans la boxe, je suis parfois restreinte par les règles ou par mon physique. Avec cette discipline c’est très différent, ma créativité n’a aucune limite.» L’artiste expose, depuis son adolescence, dans des restaurants, des centres mais aussi dans des galeries. Ses sujets favoris ? Les humains et les animaux, qu’elle représente de manière figurative et joyeuse. «J’adore toutes les couleurs. L’art représente pour moi l’expression de la gaité et du bonheur.» Au travers de sa sensibilité, la jeune femme puise une force calme et profonde. Et laisse l’image d’un tableau coloré et harmonieux.