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Nouvelle attaque contre le personnel de vente repoussée

Centre commercial d'Avry.
© Thierry Porchet

Migros avait notamment sollicité la prolongation des horaires dans son centre commercial d’Avry-sur-Matran. La commune avait accepté dans un premier temps, avant d’être remise à l’ordre par la préfecture.

Les grands magasins fribourgeois, Migros en tête, avaient demandé de prolonger l’ouverture des magasins le samedi avant Pâques. Unia s’y est opposé avec succès

Le mandat d’Armand Jaquier comme responsable régional d’Unia Fribourg se termine par une victoire, sur le fil! Juste avant de passer le témoin à la nouvelle cosecrétaire régionale Yolande Peisl-Gaillet, le syndicaliste a dû convoquer la presse en urgence, le 31 mars. La raison? Une offensive de Migros, appuyée par les associations représentant les commerces, pour repousser l’ouverture des magasins le samedi 3 avril, veille de Pâques, de 16h à 18h. «Nous avons dû faire face à une attaque violente, qui plus est appuyée par deux conseillers d’Etat dont le rôle est de faire respecter la loi et la volonté populaire!» s’exclame, fâché, le syndicaliste. Dans le canton de Fribourg, les communes, dans les limites fixées par la loi cantonale, sont compétentes pour autoriser des dérogations aux horaires d’ouverture des magasins lors de situations particulières. «Or, ces situations sont clairement délimitées, explique le syndicaliste. Il s’agit par exemple d’une fête participative impliquant la population. Ce qui n’est pas le cas pour la veille de Pâques. Le Tribunal fédéral a clairement statué sur la question à la suite d’une procédure d’Unia.»

Revenons un peu en arrière. A la mi-mars, les responsables de Migros Neuchâtel-Fribourg, soutenus notamment par Trade Fribourg, interpellaient les communes où l’enseigne est présente pour demander la prolongation des heures d’ouverture le samedi de Pâques. Le lendemain, un nouveau courrier était adressé aux autorités communales, accompagné d’une lettre du conseiller d’Etat libéral-radical Maurice Ropraz, impliquant également son collègue du PDC, Olivier Curty, directeur de l’économie et de l’emploi. Dans cette lettre, Maurice Ropraz, rappelant que ce sont les communes qui ont autorité en matière de dérogation, écrit: «Sans donc être habilité à me substituer aux autorités locales, je puis vous assurer que dans l’exercice de la surveillance des communes qui m’est confié en la matière, je ne contesterai pas les décisions qu’elles seraient appelées à prononcer dans le sens que vous souhaitez.» Le conseiller d’Etat, en charge de la sécurité et de la justice, soutient en outre l’argument de Migros et des grands distributeurs estimant qu’en cette période de pandémie, une extension des horaires permettrait de mieux répartir les flux de clientèle. Il conclut sa lettre en souhaitant aux commerçants «que cette prise de position contribue à soutenir vos démarches auprès des instances communales».

Prise de position scandaleuse

La missive a fait bondir le syndicaliste Armand Jaquier: «Cette prise de position est scandaleuse à plus d’un titre! D’abord parce que les deux conseillers d’Etat apportent leur soutien à la demande de Migros alors que l’exécutif cantonal, en tant qu’autorité de surveillance, doit faire respecter la loi. Ensuite parce qu’avec cette lettre, ils induisent en erreur les communes et les incitent à accepter. Et enfin parce qu’ils se positionnent contre la volonté du législatif et celle de la population. Ce qui est encore plus scandaleux, c’est qu’ils utilisent le Covid pour appuyer leur demande. Alors que c’est antinomique avec les mesures de protection. Ce message est irresponsable de la part du conseiller d’Etat Maurice Ropraz.»

Autre élément alimentant la colère du syndicaliste, les profits faramineux réalisés par le groupe Migros en 2020, année de pandémie. Des résultats publiés la veille de la conférence de presse. Le bénéfice s’est ainsi élevé à 1757 millions de francs. Un montant comprenant la vente de Globus et d’un centre commercial. Sans ces ventes, le bénéfice s’affiche néanmoins à 555 millions de francs, soit un demi-milliard. «Par rapport à 2019, c’est une hausse de 65%! Il y a aussi eu une évolution importante du chiffre d’affaires. Et ils utilisent tous les arguments possibles et imaginables pour déréglementer», s’indigne Armand Jaquier.

Tous les moyens pour tordre la loi...

Au final, l’intervention d’Unia Fribourg aura permis aux vendeuses et aux vendeurs fribourgeois, certains paniqués de devoir changer leurs horaires à la dernière minute, de terminer leur labeur à l’heure habituelle. Le 31 mars au matin, alors que les communes de Fribourg, Villars-sur-Glâne et Bulle avaient déjà refusé la demande de prolongation, celles de Marly, d’Avry, de Romont et de Châtel-Saint-Denis avaient donné leur accord. «C’est assez extraordinaire qu’à peine un an et demi après la dernière votation populaire refusant une extension des ouvertures le samedi, des membres de l’autorité cantonale et certaines communes se permettent de tordre la loi et la volonté populaire de cette manière!» tonne le syndicaliste.

Pour contrer les ouvertures autorisées, Unia a fait recours auprès des trois préfectures concernées. Celle de la Sarine annonçait le soir de la conférence de presse sa décision de ne pas autoriser l’ouverture plus tardive. Le lendemain, les deux autres préfectures répondaient aussi dans ce sens, interdisant les prolongations là où elles avaient été acceptées. «Nous avons obtenu une grosse victoire, souligne Armand Jaquier quelques jours plus tard. Si le syndicat n’avait pas fait opposition, les salariés auraient fini leur travail à 18h30 ou 19h. Ils n’auraient pas eu droit à leur soirée du samedi avant Pâques. Nous sommes très contents de notre action et le retour des salariés est très positif.»

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