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Pas d'augmentation pas de convention

Les négociations salariales dans la construction ont échoué. Les maçons exigent une augmentation digne de ce nom

Patrons et syndicats de la construction n'ont pas réussi à trouver un accord lors des négociations salariales cet automne. Toutefois les travailleurs restent déterminés: ils continuent à réclamer une augmentation de 150 francs et exhortent la Société suisse des entrepreneurs à poursuivre les négociations. Le cas échéant, de fortes mobilisations seront à prévoir en 2018.

Les négociations salariales dans la construction ont récemment pris fin. Alors que les syndicats Unia et Syna réclamaient une augmentation de 150 francs sur les deux prochaines années, la Société suisse des entrepreneurs (SSE) était seulement prête à augmenter les salaires effectifs de 0,5% et à relever tous les salaires minimaux de 0,3%. Les partenaires sociaux n'ont donc pas trouvé d'accord.
Réunis le 18 novembre à Berne lors de leur conférence professionnelle, les 160 travailleurs délégués de la construction d'Unia se sont montrés déçus et en colère. «Après trois ans de blocage salarial, les entrepreneurs refusent une fois encore d'accorder une augmentation de salaire digne de ce nom, alors que la conjoncture de la construction est florissante», regrette Unia, dans son communiqué de presse. Une augmentation pourtant indispensable pour maintenir leur pouvoir d'achat, notamment face à l'explosion des primes d'assurance maladie. «Cela fait trois ans que les maçons sont privés d'augmentation générale, soulève Nico Lutz, membre du comité directeur d'Unia en charge des négociations. Nous exigeons des patrons qu'ils reviennent à la table des négociations en vue d'une augmentation de salaire pour 2018.» Déterminés, les maçons maintiennent leur revendication de 150 francs. «Sous la neige ou sous un soleil de plomb, ce sont les maçons qui construisent la Suisse au quotidien, poursuit le syndicaliste. Ils méritent qu'une augmentation salariale leur soit garantie.»
Du côté de la SSE on invoque un «niveau salarial déjà très élevé», un «alourdissement des charges salariales au cours des dernières années», une «concurrence acharnée sur les prix» et des «perspectives incertaines sur le marché» qui rendent impossible une telle augmentation jugée «excessive».

La lutte continue
Pour tous les maçons présents, il est clair que, si d'ici à la fin de l'année, il n'y a pas de résultat satisfaisant en matière d'augmentation salariale, il n'y aura pas de nouvelle convention nationale. «La Convention nationale du secteur principal de la construction (CN) arrive à échéance fin 2018, rappelle Nico Lutz, et nous devons la renouveler. Si nous n'arrivons pas à un accord satisfaisant, il n'y aura pas de CN.» Afin de montrer leur détermination, à la fin de la conférence, les délégués, lors d'une action, ont déposé des outils de construction devant le siège bernois de la Société suisse des entrepreneurs. Ils ont fait comprendre que rien n'était possible sans les maçons et qu'ils sont prêts à se battre pour des conditions de travail justes.
Par ailleurs, une résolution du Comité des maçons d'Unia Vaud a été acceptée lors de la conférence. Celle-ci appelle à établir une vraie stratégie de lutte face au mépris patronal. En cas d'échec des négociations en avril prochain, la résolution appelle à une grève nationale du secteur au printemps. Si cela ne suffit pas, la lutte doit reprendre avec une grève à l'automne 2018, stipule le texte. «On ne peut pas rester les bras croisés une année de plus, interpelle Pietro Carobbio, secrétaire régional d'Unia Vaud. Si les discussions en décembre ne donnent rien, ce sera la quatrième année où les maçons n'obtiennent pas d'augmentation, c'est juste inadmissible. Sur les chantiers, il y a un ras-le-bol général, les maçons disent clairement: Stop!»


Manon Todesco

 

Pour de meilleures conditions de travail
A l'occasion de la conférence professionnelle de la construction, les délégués d'Unia se sont positionnés sur leurs revendications à faire valoir dans le cadre du renouvellement de la Convention nationale en 2018. Voici les principales:
- Limiter le travail temporaire sur les chantiers.
- Renforcer la protection des travailleurs au-delà de 50 ans.
- Protéger contre la flexibilisation du temps de travail.
- Entamer une réflexion sur les conséquences de la digitalisation dans le secteur.
- Revaloriser les diplômes étrangers.
MT