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Pour la sauvegarde de la Tuilerie

Action devant le Conseil municipal de Bardonnex.
© Olivier Vogelsang

Les ouvriers de la tuilerie se sont rendus, le 15 septembre, devant le Conseil municipal de Bardonnex afin que la commune intervienne pour sauver les emplois, le savoir-faire et le site. C’est l’unique lieu de production en Suisse des tuiles jaunes recouvrant de nombreux toits de bâtisses historiques.

Depuis mi-juillet, les travailleurs de la Tuilerie de Bardonnex dans le canton de Genève font feu de tout bois pour sauver leur usine menacée de fermeture

A Genève, les ouvriers de la Tuilerie et briqueterie de Bardonnex se battent depuis la mi-juillet pour sauver leur usine menacée de fermeture. Construit après-guerre au bord d’un vaste gisement d’argile, l’établissement est connu pour produire ces tuiles plates jaunes couvrant les bâtiments et les monuments historiques, tel le collège Calvin ou le château de Chillon. Vieux d’une soixantaine d’années, son four donne aux tuiles et aux briques un aspect ancien unique dans la région. Le 13 juillet dernier, la direction du groupe Gasser Ceramic, qui a racheté la fabrique en 2010, a convoqué les 22 salariés, qui se trouvaient alors en réduction de l’horaire de travail (RHT), pour leur annoncer la fermeture de la tuilerie pour la fin de l’année, avec pour conséquence treize licenciements secs, soit l’ensemble des employés de production – le personnel de bureau étant, semble-t-il, promis à être renvoyé plus tard. «Un contrat de bail qui ne sera pas prolongé par le propriétaire et la situation économique régionale sont les deux raisons qui nous obligent à prendre cette décision», s’est justifié dans un communiqué le président du conseil d’administration, Rudolf Gasser. La production sera transférée sur les sites de Corcelles-près-Payerne (VD) et Rapperswil (BE) et les tuiles engobées de jaune pour copier celles de Bardonnex. Pour le personnel, la réunion du 13 juillet a été un choc. «L’annonce nous a été faite peu avant que nous partions en congé, vous imaginez les vacances que nous avons passées», confie un ouvrier.

Consultation bafouée

Une procédure de consultation pour licenciement collectif a été ouverte, mais, comme le dénonce José Sebastiao, secrétaire syndical d’Unia Genève, «il a été impossible de la mener alors que tout le monde était en RHT, puis en congé estival». «Nous avons demandé une prolongation de la consultation, qui nous a été refusée, et nous avons aussi réclamé en vain de pouvoir consulter le contrat de bail et tous les documents nécessaires, mais Gasser Ceramic n’a pas voulu que le personnel élabore des propositions concrètes pour maintenir le site.» Le 17 août, les employés ont repris le travail. Ils ont élu une délégation du personnel et mandaté les syndicats Unia et Syna pour défendre leurs emplois. «Gasser Ceramic veut fermer rapidement la tuilerie, mais cela ne se passera pas comme ça. Pour les ouvriers, qui aiment leur usine et leur travail, c’est aussi une question de dignité. Ils ne demandent pas la lune, ils veulent pouvoir s’asseoir autour d’une table, être écoutés et entendus», indique Fabrice Chaperon, secrétaire régional de Syna Genève

«Nous ne comprenons pas pourquoi on ferme une usine qui fonctionne. Nous avons pour 80 ans de terre à Bardonnex, nous sommes les seuls à faire la tuile jaune en Suisse, les clients téléphonent et on refuse des commandes», déplore Alain, ouvrier à la tuilerie depuis 18 ans et élu à la commission du personnel. «Nous sommes très peu à avoir moins de 40 ans, la plupart d’entre nous ont plus de 50 ans, alors tomber maintenant sur le marché du travail…»

A l’instar des fermetures de la raffinerie de Collombey, de la verrerie de Moutier ou de la fonderie de Choindez, c’est tout un savoir-faire qui disparaîtrait avec ces emplois. «Nous sommes de vrais tuiliers, nous sommes les derniers à faire cela et, si nous fermons, beaucoup de services ne seront plus assurés. Nous ne travaillons pas que pour les vieux monuments, des architectes nous sollicitent pour des bâtiments modernes et nous avons déjà fourni des pièces au Cern», explique Philippe de la délégation du personnel.

«On se battra jusqu’au bout»

Depuis deux semaines, les ouvriers, la commission du personnel et les deux syndicats font feu de tout bois. Le 15 septembre, ils étaient devant l’entrée du Conseil municipal de Bardonnex afin d’obtenir un soutien de la commune. Sur le plan cantonal, ils ont déjà reçu l’appui d’Ensemble à gauche dont des élus sont venus devant l’usine témoigner de leur solidarité. Le député Pierre Vanek a déposé une motion, inscrite à l’ordre du jour de la session des 1er et 2 octobre du Grand Conseil, qui invite le Conseil d’Etat à «tout mettre en œuvre» pour sauver le site, ses emplois et son patrimoine. Une rencontre est également prévue le 1er octobre avec le président du Conseil d’Etat, Antonio Hodgers. Une démarche a par ailleurs été entreprise auprès de Patrimoine Suisse afin que l’association intervienne en faveur d’un classement de la tuilerie. Une pétition en ce sens peut être signée sur le site d’Unia Genève. Enfin, la Chambre des relations collectives de travail a été saisie, le personnel exigeant l’organisation d’une véritable procédure de consultation. «La bataille va être longue et difficile, mais on se battra jusqu’au bout», promet José Sebastiao.

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