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Révolution en cours

Mahsa Amini. Son nom restera gravé dans l’Histoire. Cette jeune femme kurde de 22 ans est morte le 16 septembre dernier en Iran. En visite à Téhéran avec sa famille, elle avait été arrêtée trois jours plus tôt par la police des mœurs, alors qu’elle marchait à côté de son frère, pour «port inapproprié de vêtements». Quelle horreur avait-elle bien pu commettre? Eh bien, Mahsa Amini avait osé laisser dépasser quelques mèches de cheveux de son voile… Intentionnellement ou pas, nous ne le saurons sans doute jamais. Les circonstances de sa mort sont plus que troubles. A l’heure qu’il est, tout ce que l’on sait, c’est que la jeune Kurde a été arrêtée, mise en garde à vue, et qu’elle est décédée trois jours après. Alors que les autorités iraniennes nient être responsables de sa mort, la population soupçonne que ces dernières ont eu recours à la torture. Et c’est là que l’insurrection commence.

Dans cette République islamique aux règles très strictes, qui étouffe toujours plus ses sujets depuis 1979, la révolution est en marche. Le jour même de la mort de Mahsa Amini, des manifestations ont éclaté dans plusieurs villes du pays. Des femmes d’abord, qu’on a vu danser, faisant virevolter leurs cheveux lâchés. On en a vu brûler leur voile, ou encore se couper les cheveux en public. D’autres vidéos montrent des femmes se confronter aux forces de l’ordre. Elles ont lancé l’offensive, avec le slogan «Femmes, Vie, Liberté», mais les hommes n’ont pas tardé à rallier la cause. La répression est sans pitié, en témoignent les dizaines, voire les centaines de morts et les milliers d’arrestations depuis la mi-septembre, sans oublier les tirs à balles réelles de la police, mais le courage et la détermination du peuple sont solides.

Mis sous cloche et opprimés par ce régime théocratique dictatorial et autoritaire, les Iraniens se soulèvent et répondent eux aussi par la violence. Ce sont des centaines, voire des milliers de manifestants, qui se mobilisent dans les rues des grandes villes du pays pour défendre leurs libertés, au péril de leur vie. Des jeunes pour la plupart (80% de la population a moins de 40 ans en Iran...), de tous les milieux sociaux, qui n’ont rien à perdre et qui n’ont plus envie de subir cette autorité sortie tout droit du Moyen Age. Le port du voile devenu obligatoire en 1983 n’est qu’un point de départ, l’objectif final étant la chute du guide suprême, Ali Khamenei, et de son régime au profit d’une réelle démocratie. L’Iran a déjà connu des soulèvements. En 2019, le peuple s’était mobilisé contre la hausse des prix du carburant. Plus de 1500 personnes avaient été tuées en quelques jours et des milliers d’arrestations avaient eu lieu. Qui sème le vent récolte la tempête. Aujourd’hui, les jeunes, sans foi, sans loi, affichent une virulence et une résistance sans pareilles. Il n’est plus question de discuter ou de réformer, mais de tout changer.