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Sécurité alimentaire en péril

Soixante ans de trop. L’Union internationale pour la protection des obtentions végétales (UPOV) célèbre ses 60 ans, mais l’heure est loin d’être à la fête! Le 8 décembre, des militants de neuf organisations actives dans les domaines du développement, de l’agriculture et des droits humains telles que Public Eye, Uniterre, Alliance Sud ou encore Pain pour le prochain ont participé à une action de protestation à Genève pour demander sa dissolution. Déguisés en plantes alimentaires, ils se sont enchaînés devant le siège de l’UPOV, à quelques pas de l’ONU. Pieds et poings liés, comme les paysans, notamment du Sud, qui, à cause des lois sur la protection des variétés exigées par cette organisation, ne peuvent plus utiliser librement les semences. Et donc, sont remis en cause la souveraineté alimentaire, le droit à l’alimentation mais aussi la préservation de la biodiversité agricole. Le mouvement est plus large puisque près de 300 organisations et réseaux dans le monde soutiennent l'appel.

De quoi parle-t-on? L’UPOV a été créée à Paris en 1961 à l’initiative de la France, plus gros producteur mondial de semences potagères, et de grands semenciers. Une certaine Convention internationale pour la protection des obtentions végétales est mise sur pied et signée par quelques pays européens. Elle sera révisée plusieurs fois jusqu’à sa forme définitive en 1991. Officiellement, l’UPOV dit promouvoir un système de protection des variétés végétales «afin d'encourager l'obtention de variétés dans l'intérêt de tous». Cet intérêt est remis en question par certaines ONG qui voient dans cette possibilité d’imposer un droit de propriété intellectuelle sur les semences – un brevet en somme – une volonté de faire main basse sur celles-ci. Concrètement, aujourd’hui, les paysans se voient interdits de conserver, multiplier, planter, échanger ou vendre librement les graines protégées par des certificats d’obtention végétale. Et cela menace clairement la souveraineté alimentaire.

Fais ce que je dis, pas ce que je fais. Le problème, c’est que ces contraintes vont à l’encontre, entre autres, de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans, qui leur garantit de pouvoir se livrer à ces activités. Comment nourrir presque 8 milliards de personnes sur cette Terre si on ne peut pas disposer librement des semences? Sans surprise, ce sont les pays du Sud qui trinquent, sur qui on met la pression pour qu’ils se plient à ces exigences. Et la Suisse dans tout ça? D’après les militants, elle pousse les pays en développement à adhérer à l’UPOV alors qu’elle-même a décidé de ne pas adapter ses lois nationales aux exigences de l’UPOV de 1991… Le summum de l’hypocrisie. Nous allons droit dans le mur! Afin de préserver la diversité des semences et d’en garantir la longévité, il faut au contraire favoriser leur échange et leur utilisation. Nous devons tous nous mobiliser pour une agriculture diversifiée, afin d’assurer notre sécurité alimentaire.