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Travail gratuit et épuisement: c’est non!

Le monde est devenu fou. Les riches sont de plus en plus riches, les pauvres de plus en plus pauvres, ceux qui ont du travail doivent travailler toujours plus, et ceux qui n’en ont pas peinent toujours plus à en trouver… Cet emballement n’est pas près de s’arrêter et sera l’un des défis de la nouvelle ère qui s’ouvre après le Congrès de l’Union syndicale suisse tenu ce week-end.

Parmi les échéances proches, ces projets de révision de la Loi sur le travail, ouvrant les portes à une flexibilité totale pour 1,4 million de salariés en Suisse. Des projets dont la consultation s’est achevée hier et qui doivent encore être soumis au Parlement. Des projets issus de propositions de flexibilisation du travail, présentés par le démocrate-chrétien Konrad Graber et la libérale-radicale Karin Keller-Sutter, qui brigue aujourd’hui un siège de conseillère fédérale.

Que proposent ces deux politiciens? Rien de moins, pour Karin Keller-Sutter, que de supprimer l’obligation de saisir le temps de travail pour les «spécialistes» ou les cadres, termes suffisamment larges pour concerner 40% de la population active. Une mesure qui favorisera le travail non payé. Konrad Graber veut une flexibilisation quasi totale du temps de travail pour les mêmes catégories de salariés: annualisation du temps de travail, libéralisation du travail de nuit (selon le projet, la nuit ne durerait que de minuit à 4h du matin…), dérogations au travail du dimanche. Une déréglementation permettant des journées de 15 heures, des semaines de 73 heures, selon les syndicats. Pour les salariés, cela signifierait une perte de contrôle sur leur existence et générerait stress, burn-out et autres maladies liées aux longues durées de travail.

A l’heure où les travailleurs sont toujours plus sous pression, que ce soit sur les chantiers, dans les usines, les magasins où le rendement maximum est visé, ou dans la santé, les écoles, les services publics où il faut faire toujours plus avec moins de ressources, les budgets étant fragilisés par une fiscalité favorable aux plus riches et aux entreprises, de telles déréglementations de la Loi sur le travail, déjà peu protectrice, sont une véritable déclaration de guerre contre la population laborieuse. En témoigne la levée de boucliers, la semaine dernière, de l’Alliance contre le stress et le travail gratis, constituée des syndicats, de la Société suisse de médecine du travail, de personnels de la santé, comme l’Association suisse des médecins-assistants et chefs de clinique. Une autre coalition, l’Alliance pour le dimanche, qui comprend, outre des syndicats, des organisations religieuses, a aussi vertement réagi.

Ces deux alliances annoncent qu’elles s’apprêtent à combattre, dans les urnes, ces projets de déréglementations. Pour que la loi du profit maximum ne puisse s’imposer, pour que la santé de tous les travailleurs et de toutes les travailleuses soit protégée en Suisse, ce qui est déjà loin d’être le cas, il est nécessaire de passer à l’offensive, et de lutter dès maintenant pour que ces projets de révision soient stoppés.