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Un vent se lève…

A Lausanne, c’est aux cris de «A bas la pollution! Révolution!» que des milliers de jeunes ont déferlé vendredi sur la place de la Riponne. Ils étaient presque 10 000, armés de pancartes et de slogans, de leur colère et de leur clairvoyance. Une mobilisation, une clameur, entendue loin à la ronde. Comme l’ont été aussi celles de Genève, Neuchâtel, Fribourg ou d’autres villes en Suisse et en Europe. 

La jeunesse se lève contre un système qui court à sa perte. Qui détruit la planète, l’environnement, la nature et les êtres humains, avec comme seul et unique but: le profit. Un profit qui ne profite justement qu’à quelques-uns. Un système qui, on le sait, enrichit les plus fortunés alors que la pauvreté s’étend. 

Solidar Suisse vient de rendre publique une étude de l’ONG Oxfam. Ses conclusions sont claires: les milliardaires ont vu leur fortune augmenter de 12% l’année dernière (15% en Suisse), alors que la moitié la plus pauvre de la population mondiale a perdu 11% de revenus. Les milliardaires ont grossi leurs actifs de 900 milliards de dollars en une année, soit 2,5 milliards par jour. Les pauvres en ont perdu, eux, 500 millions chaque jour. Oxfam rappelle que les femmes sont les premières touchées par les inégalités, avec des salaires inférieurs de 23% et davantage de difficultés dans l’accès à la santé et à l’éducation. 

L’étude montre aussi que la crise financière, qui a pressuré et saigné des peuples entiers, a été bénéfique pour certains: le nombre de milliardaires a presque doublé dans le monde depuis 2008. 

Autre constat, une politique de cadeaux fiscaux pour les entreprises et les gens fortunés a été menée par quasi tous les gouvernements. Dans les pays riches, les taux d’imposition maximale du revenu sont passés de 62% à 38% depuis les années 1970. «La Suisse a contribué de manière significative à la concurrence fiscale internationale et à l’accroissement des inégalités», écrit Solidar qui rappelle que dans notre pays, 5% des plus riches possèdent presque la moitié de la richesse totale. 

Ce système destructeur tient salon cette semaine à Davos. Multinationales, milliardaires, dirigeants politiques y palabrent sur la meilleure manière de poursuivre leur exploitation, tant de la force de travail que de la planète. 

Mais les têtes d’affiche se défilent. Trump est retenu dans son pays par un blocage budgétaire, fruit de l’opposition à la construction de son mur inique contre les migrants. Macron ne viendra pas, les Gilets jaunes sont toujours dans la rue. Theresa May, empêtrée dans le Brexit, a renoncé elle aussi. 

Les dirigeants perdent de leur superbe. Empêchés de gouverner comme ils le souhaitent par des forces de résistance aussi variées qu’imprévues. Telles que les jeunes en grève pour le climat, ou les Gilets jaunes en France. Un vent se lève pour changer ce système. Puisse-t-il, avec le concours des travailleurs luttant contre l’exploitation, balayer les nuages noirs aux relents racistes et autoritaires qui s’amoncèlent dans de trop nombreux pays, et ceux des multinationales et pollueurs de tout poil qui condamnent l’avenir de la jeunesse et de l’humanité tout entière.