Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

23 francs, un minimum de dignité pour la population qui travaille

affiche
© Olivier Vogelsang

La récolte de signatures a débuté. La coalition a maintenant trois mois pour réunir les 6000 paraphes nécessaires.

A Fribourg, une coalition réunissant les syndicats et les partis de gauche a lancé une initiative cantonale pour en finir avec les salaires indécents

Réunissant syndicats et partis de gauche fribourgeois, une large coalition a lancé vendredi une initiative pour un salaire minimum cantonal de 23 francs l’heure.

«Pour 42 heures de travail par semaine, c’est à peine 4200 francs par mois. Ce n’est pas facile de nourrir une famille avec si peu. Mais il y a beaucoup de personnes, par exemple dans le nettoyage, qui ne gagnent même pas ça», explique Ernesto Suarez, responsable régional de Syna. D’après la jurisprudence du Tribunal fédéral, un salaire minimum cantonal ne peut se situer que très légèrement au-dessus des minima sociaux pour ne pas contrevenir à ladite liberté économique. La coalition a calculé qu’il fallait à une personne seule 44000 francs par an au bas mot pour vivre dans le canton, ce qui correspond à un salaire annuel brut de 51000 francs. Or, près de 9% des travailleurs ont un salaire inférieur. La moitié d’entre eux perçoivent même moins de 3600 francs brut par mois. Alors qu’ils travaillent à plein temps, plus de 10000 salariés sont dans l’obligation de recourir à des aides.

Conseillère communale de Villars-sur-Glâne en charge du social, Alizée Rey en rencontre régulièrement: «Ils leur manquent 200 ou 300 francs pour boucler leur budget. Chaque personne qui travaille mérite pourtant un salaire qui permette de vivre», constate la socialiste, qui voit dans le salaire minimum «une base de lutte pour la justice sociale».

La Suisse est riche, mais elle n’est pas dépourvue de pauvres, rappelle, pour sa part, Hugo Fasel, ancien directeur de Caritas. «Pour lutter contre la pauvreté, le salaire minimum est une approche fondamentale et les cantons qui l’ont institué, comme Neuchâtel, le Jura et Genève, montrent que c’est atteignable», juge le représentant du Parti chrétien-social.

Secrétaire syndical d’Unia Fribourg, Benjamin Plüss, lui, a connu il y a une dizaine d’années le minimum vital lorsqu’à la suite de problèmes de santé, il s’est retrouvé à l’AI le temps de se reconvertir professionnellement: «Avec deux enfants en bas âge, je devais compter chaque centime, c’est extrêmement stigmatisant et cela ne devrait pas être le sort de celui qui travaille.» Dans le commerce de détail, le syndicaliste découvre des salaires qui dépassent tout juste les 3000 francs brut.

«Une économie de marché qui permet ces abus n’est pas socialement responsable: elle fait subventionner les coûts sociaux à la collectivité. C’est injuste vis-à-vis des entreprises qui assument leurs responsabilités en payant dignement leurs employés. L'initiative est équilibrée et n'exige rien de plus qu'un minimum de décence à l'égard de la population qui travaille»», estime, de son côté, le conseiller national écologiste Gerhard Andrey.

Outre le nettoyage et la vente, on trouve des bas salaires dans certaines branches de l’artisanat, mais aussi dans le secteur public. L’initiative pourrait profiter à des centaines, voire des milliers de collaborateurs de l’Etat, selon Lionel Roche. Le secrétaire syndical du SSP cite en particulier les employés de la bibliothèque de l’Université, engagés à 14,25 francs l’heure.

Le salaire minimum bénéficierait largement aux femmes puisqu’elles représentent deux tiers des personnes concernées. «Les inégalités ne sont plus acceptables et le salaire minimum est un bon outil pour aller dans le sens de l’égalité», souligne Benjamin Plüss.

La coalition a maintenant trois mois pour récolter les 6000 paraphes nécessaires. Vendredi, les militants étaient au centre-ville de Fribourg pour alpaguer les passants. Et ça signe plutôt bien. «C’est l’Etat qui paie? Ça, je ne suis pas d’accord, cela veut dire que c’est nous qui payons», déclare une dame. «Non, c’est aux entreprises de payer», rassure une militante en tendant une feuille de signatures. «Alors là, je suis d’accord. J’ai commencé un nouveau travail et je gagne 3400 francs. Vous ne tournez pas avec ça…»

Feuille de signatures à télécharger sur: salaire-minimum-fr.ch

 

Pour aller plus loin

Stop aux emplois au rabais!

Pour les syndicats genevois, les nouvelles dispositions en matière d’emplois de solidarité sont insuffisantes, voire encore plus précarisantes

Le travail à l’heure en questions...

Unia vient de réactualiser sur son site internet les informations relatives au travail à l’heure. Bon à savoir

Quand il n’est pas enregistré, le temps de travail s’allonge

Horloge sans aiguille.

Une étude de l’Université de Genève a évalué les effets de l’assouplissement de l’enregistrement du temps de travail

La gauche genevoise demande une rente-pont dès 57 ans

Ouvrier de la construction grisonnant

Pour contrer l’appauvrissement des seniors sans emploi, les partis de gauche, avec les syndicats, proposent de modifier la Loi cantonale sur les prestations complémentaires