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Agir contre la crise et développer les conventions collectives

Deux sujets au centre de l'assemblée extraordinaire des délégués d'Unia réunis samedi 4 avril à Berne

Crise économique, lettre à Obama, et fin de la discussion entamée au congrès sur les conventions collectives étaient au menu de l'assemblée extraordinaire des déléguées et délégués d'Unia qui s'est réunie samedi 4 avril à Berne.

Les prémices de la crise se faisaient déjà sentir lors du congrès d'Unia d'octobre 2008. Six mois plus tard, la crise, comparée à un tsunami par le coprésident du syndicat Andreas Rieger, a commencé à faire ses ravages en Suisse. Des ravages qui coûtent chaque jour leur emploi à des milliers de personnes. Une situation jugée grave et difficile par Renzo Ambrosetti, autre coprésident, lors de l'ouverture de l'assemblée des délégués extraordinaire du syndicat qui s'est tenue samedi dernier. Une assemblée qui devait terminer la discussion engagée lors du congrès à propos du document de position d'Unia sur les conventions collectives de travail (CCT), et qui a également abordé la riposte syndicale à adopter face à la crise.

Patrons moyenâgeux...
Hansueli Scheidegger, membre du comité directeur, a rappelé l'importance des  CCT, «fil rouge de notre travail de tous les jours que nous voulons défendre et améliorer». Sans elles, Unia n'aurait jamais pu approuver la libre circulation, a-t-il poursuivi. Et si des pas en avant quantitatifs ont été faits avec de nouvelles CCT dans le nettoyage, la sécurité et le travail temporaire - cette dernière étant en attente d'extension - il faut avancer sur la qualité. Entre autres sur les salaires minimaux. A ce sujet, plusieurs propositions demandaient qu'Unia s'engage en faveur d'un minimum légal, afin de couvrir les travailleurs des branches où il n'y a pas de CCT ou de celles où les CCT n'ont pas de minimas salariaux. Au congrès, il avait déjà été décidé d'examiner cette question. Les dernières propositions ont ainsi été transmises au groupe de travail créé à cet effet.
Un autre point a mobilisé l'attention des délégués: la protection des militants syndicaux, dont le renforcement est demandé, dans les CCT et dans la loi.  Le licenciement de Marisa Pralong par Manor, qui «montre qu'il y a toujours des patrons du Moyen Age dans notre pays et que les droits syndicaux ne sont guère protégés», a relevé Renzo Ambrosetti, et le licenciement d'un délégué de Clariant à Bâle, qui a été retiré après une menace de grève, sont venus confirmer la brûlante nécessité de protéger les militants. Les délégués présents ont par ailleurs chaleureusement apporté leur soutien à leur collègue Marisa, présidente d'Unia Genève.
De nombreuses autres propositions ont été passées en revue par l'assemblée. Une brochure contenant le texte d'orientation sur les CCT sera publiée.

Quelle réponse à la crise?
Les quelque 120 délégués ont ensuite discuté du «Programme en six points d'Unia contre le crise», un programme élaboré par le comité central du syndicat. Ce programme, disponible sur le site internet d'Unia, exige la mise en place d'un certain nombre de mesures pour faire face efficacement à la crise. Il est articulé sur les six points suivants, contenant tous des revendications précises: 1. garantir les emplois; 2. renforcer le pouvoir d'achat; 3. mettre fin au démantèlement des acquis sociaux; 4. faire passer les profiteurs à la caisse; 5. renforcer les droits syndicaux et démocratiques; 6. s'attaquer aux causes de la crise.
Durant le débat, de fortes réactions ont été exprimées. «Nos dirigeants et les investisseurs ont amené le monde à la faillite, et c'est à nous de payer leur échec? Nous devons dire non, et le dire fort! Ils nous disent qu'il faut consommer davantage. Comment? Nous avons déjà du mal à boucler les fins de mois... Il faut mettre un terme à ce système de massacre!» dénonce un délégué. «Il faut une phrase dénonçant le système capitaliste, lance un autre militant. Un collègue touché par un licenciement sait que la crise est due au capitalisme. Ce système porte en lui de nouvelles crises.» «Le capitalisme financier est une association criminelle, nous en avons les preuves. Pendant les années 60, l'écart salarial était de 50 à 1. Aujourd'hui il est de 400 à 1. Notre pouvoir d'achat n'a pas augmenté durant 30 ans. On constate qu'en Europe, une révolte sociale se dessine. Autrefois, la révolte sociale se nommait la lutte de classe. Aujourd'hui, c'est de cela qu'il s'agit» ajoute un autre délégué qui se demande s'il ne faut pas aussi exiger de fermer les bourses.
La discussion est ouverte et va se poursuivre au sein du syndicat. Mais le programme en six points sera d'ores et déjà distribué lors des manifestations du 1er mai.

Sylviane Herranz



Lettre à Obama

Andreas Rieger, coprésident d'Unia, a rappelé que la politique néolibérale à l'origine de la crise actuelle a pu se développer grâce à l'affaiblissement des syndicats qui a commencé sous Reagan aux Etats-Unis, lorsqu'il a muselé les aiguilleurs du ciel, puis s'est poursuivi en Europe avec Thatcher. «Obama a établi avec les syndicats un projet de loi pour renforcer les droits syndicaux aux Etats-Unis. Cette loi est aujourd'hui devant le parlement mais les entreprises s'y opposent. En particulier la City Bank, sauvée par des milliards de l'Etat, qui paie aujourd'hui des millions à des lobbyistes pour faire échec à cette loi!» Face à cette situation, et parce que l'adoption de cette loi serait un signe clair pour le renforcement des droits syndicaux de par le monde, l'assemblée des délégués a décidé de répondre à l'appel des syndicats américains pour que des déclarations de solidarité affluent de partout. Unia va donc écrire au gouvernement Obama pour apporter son soutien à l'Employee Free Choice Act.

SH