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Biden ne fait pas son adieu aux armes

Il a bien choisi son moment, Joe Biden! C’est la veille de l’ouverture de la conférence de la Convention d’Ottawa que l’administration étasunienne a annoncé la livraison de mines antipersonnel à l’Ukraine. Du 25 au 29 novembre s’est tenue au Cambodge la convention autour du traité, signé par 164 pays, qui interdit les mines terrestres antipersonnel. Après un quart de siècle d’un combat exemplaire contre ce fléau, les participants ont déploré que ces mines connaissent un nouvel essor sur deux zones de conflit, la Birmanie (un millier de victimes dénombrées en 2023) et, justement, l'Ukraine (580). Mais pourquoi diable envoyer maintenant des mines en Ukraine alors que Trump a fait savoir qu’il y imposerait la fin des combats? C’est que, en attendant l’investiture et de s’asseoir à la table des négociations, chaque camp cherche à atteindre les meilleures lignes possibles. L’armée ukrainienne tente notamment de conserver cette petite enclave gagnée en territoire russe comme monnaie d’échange, alors que son adversaire veut la déloger à tout prix. La Maison-Blanche met le paquet pour aider son allié. Après l’avoir autorisé à frapper la Russie en profondeur avec des missiles ATACMS, elle a donné son feu vert aux mines antipersonnel. 

Certes, les Etats-Unis, pas plus que la Russie, ne sont signataires du traité, contrairement à l’Ukraine, mais Biden avait déclaré en 2022 qu'il en interdirait l'utilisation. Aujourd’hui, le Gouvernement étasunien assure que ces mines sont «non persistantes». Equipées de piles, elles pourraient être désactivées une fois le conflit terminé. Ce que contestent les ONG actives dans la lutte contre ces armes en évoquant des dispositifs défaillants provoquant des explosions et des victimes civiles. Aujourd’hui, l’Ukraine est déjà le pays le plus miné du monde et son déminage prendra des décennies. La décision étasunienne ne peut qu’aggraver cette situation.

Depuis le début de ce conflit, malheureusement, les Démocrates ont choisi l’escalade. Avec quel résultat? Kiev se retrouve dans une position plus inconfortable qu’il y a deux ans, après l’échec de l’attaque russe, et avec des dizaines de milliers de morts sur les bras. La guerre est dans une voie sans issue, mais elle redoublerait de vigueur? Jusqu’à la dernière minute, on va s’étriper pour de petits bouts de territoire? C’est un formidable gâchis. Cela ne disculpe pas, il faut le souligner, l’Etat russe et son principal dirigeant de leurs responsabilités et de leurs crimes. Le désastre et l’impasse sont également patents au Proche-Orient. Tsahal utilise chaque jour, et depuis plus d’un an, une quantité phénoménale de munitions fournies, là aussi, par les Etats-Unis. A Gaza et au Liban, la population civile en paie le prix le plus fort. A nous, la société civile, de continuer de refuser l’escalade militaire et les fournitures d’armement, et d’exiger de tous les belligérants, en Ukraine, au Proche-Orient et au Soudan oublié, un cessez-le-feu immédiat et sans condition. Aucune condition n’est valable lorsqu’il s’agit de faire taire les armes.