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Cimo, une CCT tournée vers l'avenir

Alors que le climat économique est morose, Unia se félicite d'avoir conclu une bonne CCT chez Cimo à Monthey

«Dénoncer une convention collective de travail dans la chimie n'est pas un acte d'hostilité, c'est un moyen d'y apporter des améliorations. Comme l'ancienne convention reste en vigueur tant que la nouvelle n'est pas conclue, le seul risque est de revenir au statu quo.» Ce credo, Blaise Carron, syndicaliste d'Unia, vient à nouveau de le confirmer avec les progrès obtenus dans la nouvelle convention collective (CCT) conclue tout récemment chez Cimo à Monthey.
Les négociations pour son renouvellement ont débuté en novembre 2008 sur la base de revendications issues d'un questionnaire envoyé aux syndiqués de Cimo, l'entreprise de services du site chimique de Monthey. Créée en 1997 par Syngenta et Ciba, Cimo travaille également pour Huntsman, la quatrième société active sur le site. Cimo emploie plus de 350 personnes, dont près de la moitié sont au bénéfice de la CCT.  
«Ce sont les délégations syndicales qui négocient la CCT. Nous avons eu sept séances qui se sont déroulées sans conflit, dans un bon climat. Cela montre que le syndicat est un partenaire dont on ne doit pas avoir honte. Encore trop souvent, certains salariés ont peur de se syndiquer, ils pensent que ce n'est pas bien, alors qu'au contraire, c'est un atout pour pouvoir améliorer les conditions de travail», explique Blaise Carron. Un avis partagé par Bernard Pilet, membre de la délégation syndicale et président de la commission du personnel de Cimo, qui regrette toutefois le manque d'intérêt des jeunes. «Ce qu'on a obtenu est très bien, mais avec plus de membres, nous aurions pu gagner davantage...»

Améliorations sociales
Les améliorations de cette nouvelle CCT, entrée en vigueur avec effet rétroactif au 1er janvier 2009 pour cinq ans, sont loin d'être négligeables. Au contraire. Sur le plan social, notons l'augmentation du congé maternité qui passe de 16 à 18 semaines payées à 100%, un congé paternité de 6 jours au lieu de 3, l'introduction d'un congé d'adoption de 6 jours, et la possibilité de bénéficier de 3 jours de congé pour soins dans la famille. Les vacances sont allongées de deux jours, ce qui les porte à 5 semaines pour tous, et à 6 semaines pour les plus de 50 ans.
Autre acquis, la protection contre les licenciements en cas de maladie et d'accident est dorénavant assurée durant toute la durée de perception des indemnités. D'autre part, le délai de congé pour une personne de plus de 55 ans peut être porté à 12 mois après concertation de la commission du personnel. L'égalité salariale et la lutte contre le dumping sont aussi incluses dans la CCT.

13e salaire ancré dans la CCT
«Nous avons également ancré le principe du 13e salaire dans la CCT» se réjouit Blaise Carron, alors que dans la chimie bâloise par exemple, le 13e salaire a disparu... D'autres acquis, comme les jours fériés qui avaient pris place dans un règlement, ont été réintégrés dans la CCT. «Cela redonne toute sa place à la convention qui permet de rendre ces acquis pérennes. Car tout règlement peut être modifié très facilement par la direction», relève le syndicaliste.
La place du syndicat est aussi renforcée au sein de l'entreprise avec, en cas de licenciements économiques ou de restructuration, la possibilité pour la commission du personnel d'être conseillée et soutenue ouvertement par le syndicat.

Travail temporaire sous contrôle
Autre élément fort de cette nouvelle CCT: le contrôle du travail temporaire. Après un mandat de 12 mois, les ressources humaines et la commission du personnel doivent discuter de l'engagement ou non du travailleur. Ce qui devrait faciliter l'engagement des temporaires et valoriser la formation obtenue durant leur mandat.
«Nous avons ouvert des portes pour le futur. En particulier sur la pénibilité et les aménagements des horaires», se réjouit encore Bernard Pilet qui indique que pendant la durée de la convention, des nouveaux modèles, avec plus de repos et moins d'heures de nuit et du week-end, devront être trouvés.
«Je suis très satisfait du résultat des négociations, surtout lorsque l'on voit ce qui se passe à côté», conclut le président de la commission. Car la crise commence à sévir sur le site chimique montheysan. L'activité de Cimo n'est pas remise en cause, ni celle de Syngenta, en pleine extension, mais Huntsman est en phase de ralentissement et Ciba est touché de plein fouet avec 270 travailleurs sur 380 au chômage technique.  Un contexte dans lequel la conclusion d'une bonne CCT permet d'apporter un message de solidarité aux collègues de Ciba. «Cela montre qu'il y a un avenir pour le site», souligne Blaise Carron.

Sylviane Herranz