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Feu vert à la médiation

Les syndicats acceptent une médiation dans la construction. Les grèves sont suspendues jusqu'à fin novembre

Après un nouvel échec des négociations entre syndicats et patrons le 5 novembre dernier, les entrepreneurs ont demandé une médiation externe. Une proposition acceptée par les syndicats qui voient là une possibilité de solution rapide au conflit, pour autant que cela soit aussi le but de la SSE. Les grèves prévues en novembre sont suspendues.

Les grèves suivies par plus de 8'000 travailleurs depuis le mois d'octobre commencent à porter leurs fruits. Le 5 novembre, à l'issue des négociations entre la Société suisse des entrepreneurs (SSE) et les syndicats, qui n'ont à nouveau pas abouti, les patrons ont demandé une procédure de médiation dans le conflit de la construction. Même si les syndicats auraient préféré des négociations conventionnelles directes entre partenaires sociaux, ils ont décidé d'accorder cette chance aux patrons pour trouver une rapide issue au conflit. Car jusque-là, la SSE, après avoir dénoncé unilatéralement la Convention nationale au printemps dernier, se murait dans son intransigeance en continuant à exiger 80 heures de flexibilité supplémentaires comme condition pour reprendre les discussions. «Les entrepreneurs ont manifestement compris que leurs exigences de démantèlement n'aboutiraient pas. D'où leur demande d'un médiateur externe», explique Unia dans un tract distribué ces derniers jours sur les chantiers romands.
Mais il aura fallu l'un des plus forts mouvement de grèves et de manifestations syndicales de ces dernières années pour ramener les entrepreneurs à la table des négociations. Après les arrêts de travail sur les chantiers du Gothard, puis à Genève, Neuchâtel et Berne organisés à la mi-octobre et suivies par 6000 travailleurs, ce sont 2'500 maçons de Bâle et Zurich qui débrayaient le 1er novembre dernier.

Intervention de Doris Leuthard
La SSE avait donné trois jours aux syndicats pour accepter la demande de médiation. Ce qu'Unia et Syna ont fait le jeudi 8 novembre, tout en appelant la conseillère fédérale Doris Leuthard à intervenir. Les syndicats attendent aussi en retour que les entrepreneurs renoncent à toute décision préjudiciable à la conclusion d'une nouvelle convention et abandonnent toute forme de représailles contre les travailleurs qui ont pris part aux mouvements de grève.
Pour les syndicats, face à cette situation qui concerne les conditions de travail et les salaires de 100'000 travailleurs en Suisse, il était important que la médiation se fasse sous les bons offices de l'Etat. Mais la ministre Leuthard a décliné l'offre d'une intervention directe. Elle a cependant proposé le nom de trois personnalités extérieures à la Confédération. Lundi dernier, syndicats et patrons s'accordaient sur l'un d'eux, Jean-Luc Nordmann, ancien chef de la Direction du travail du Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco).

Grèves suspendues
Dans le but de créer un climat favorable aux négociations, les grèves prévues les 15 et 16 novembre à Lausanne et Genève (voir aussi ci-dessous), sont donc suspendues. De même que celles prévues à Bienne et au Tessin, les 22 et 23 novembre.

Christophe Koessler




Sans résolution rapide, la lutte reprendra!

Questions à Aldo Ferrari, secrétaire régional d'Unia Vaud.

Les syndicats avaient demandé à la conseillère fédérale Doris Leuthard d'intervenir directement dans le conflit. Finalement, c'est un médiateur extérieur à l'administration fédérale qui a été désigné. Etes-vous tout de même satisfaits?
Je rappelle d'abord que c'est la Société suisse des entrepreneurs qui a fait appel à une médiation. En l'acceptant, nous avons fait un geste vis-à-vis des patrons qui ont eu peur des grèves et des mobilisations. Quant à Madame Leuthard, elle a dit clairement qu'elle s'engageait moralement à suivre de près cette médiation. On peut partir du principe qu'elle le fera, dans la perspective des votations sur les bilatérales, ce serait plus que souhaitable.  

Le choix du médiateur vous convient-il?
Les deux autres personnes proposées étaient des politiciens, sans connaissances particulières des mécanismes conventionnels. Alors que Jean-Luc Nordmann, comme ancien chef de la Direction du travail au Seco, connaît parfaitement ces mécanismes.

Quelles seront les prochaines échéances?
Nous allons rencontrer le médiateur pour définir les règles du jeu. Et Unia a déjà convoqué une Conférence professionnelle des maçons pour le 1er décembre. Nous voulons un résultat rapide de cette médiation, que l'on souhaite fructueuse. Si son objectif est de trouver une solution, cela pourra être atteint. Si le seul but des patrons est de gagner du temps, ils savent déjà de quoi nous sommes capables.

Ce week-end, le président de la SSE Werner Messmer, a déclaré qu'il n'entendait pas renoncer aux 80 heures en moins...
Si c'est cela le dialogue, personne ne comprendrait. Et si M. Messmer était si sûr de faire passer ses 80h, il n'aurait pas eu besoin d'appeler à une médiation. C'est un aveu de faiblesse. Par ailleurs, il est évident que si la SSE, qui doit se réunir les 20 et 21 novembre, prenait des décisions qui iraient à l'encontre de la conclusion d'une nouvelle convention, nous serions prêts à reprendre la lutte.
Nous avons bien compris que la demande de médiation de la part de la SSE était une manœuvre pour stopper la mobilisation des travailleurs. Mais nous pensons que cette médiation a des chances d'aboutir, pour autant que nos interlocuteurs soient de bonne foi.

Les grèves prévues ce mois sont suspendues, quel est le message adressé aux travailleurs?
Nous les appelons à rester mobilisés. Nous voulons une nouvelle convention nationale. Si la médiation n'aboutit pas et que nous devons repartir en lutte, nous repartirons.

Propos recueillis par Sylviane Herranz