«Un parallèle évident avec l’Afrique du Sud»
Après la campagne «Boycott – Désinvestissement – Sanctions» (BDS), les amis des Palestiniens préparent une nouvelle initiative, «Apartheid Free Zones». Inspirée de la lutte anti-apartheid de l’Afrique du Sud, la démarche aborde cette fois la question palestinienne sous l’angle de la dénonciation d’une forme de racisme institutionnalisé. Une déclaration engage ses signataires à le condamner et à ne pas s’en montrer complices en refusant de coopérer avec des entreprises et des institutions qui contribuent à sa préservation. En Suisse, l’initiative, qui devrait être officiellement lancée dans le courant du mois de mars, se développe pour le moment dans les cantons de Berne et de Genève. Au bout du lac, une quarantaine d’organisations l’ont déjà signée. Le comité régional d’Unia Genève a ainsi décidé d’apposer la signature du syndicat. De même que le Centre Europe – Tiers Monde (Cetim). «Nous pensons que la solidarité envers la question palestinienne devrait être prioritaire pour toute organisation qui porte des idéaux d’égalité et de justice», explique le directeur du Cetim, Melik Özden. Mais existe-t-il vraiment un régime d’apartheid en Israël et peut-on raisonnablement comparer cet Etat à l’ancien régime sud-africain? «Si nous analysons le régime d’occupation imposé par Israël dans les territoires occupés à la lumière des définitions du terme d’apartheid telles qu’énoncées par l’ONU dans la Convention internationale sur l'élimination et la répression du crime d'apartheid et par la Cour pénale internationale, le crime d’apartheid perpétré par les forces d’occupation israéliennes est sans équivoque», répond le responsable de l’ONG. En 2017, une commission de l’ONU était arrivée à la même conclusion, mais son rapport avait été retiré sous pression américano-israélienne. «En Palestine, l’apartheid est constatable par la nature du régime d’occupation militaire, avec la construction du mur de séparation, les check-points, la guerre et la répression contre le peuple palestinien. Ce système raciste et belliciste permet, entre autres, l’expropriation des terres, la démolition de villages et de maisons palestiniennes, le détournement des ressources naturelles en faveur des colonies israéliennes ou l’impossibilité pour les Palestiniens d’accéder aux terres.» En Israël même, les Palestiniens font face à des obstacles administratifs et légaux qui les relèguent au statut de «citoyens de seconde zone». «Selon la loi israélienne, un Palestinien jouit de moins de droits qu’un Juif. La loi sur la propriété territoriale par exemple atteste que la terre d’Israël n’appartient qu’au peuple juif. Les Palestiniens d’Israël n’ont pas le droit d’acheter ou d’échanger des terres.» Pour Melik Özden, ces politiques discriminatoires s’inscrivent dans un «plan de nettoyage ethnique de la Palestine» et il existe donc bel et bien «un parallèle évident entre la situation en Palestine et l'apartheid en Afrique du Sud, puisque la situation découle des mêmes racines et des mêmes motivations». Il espère que l’initiative «Apartheid Free Zones» sera plus visible que la campagne BDS et qu’elle pourra ainsi dégager des «résultats positifs en faveur de la lutte existentielle du peuple palestinien». «Un magasin, une commune ou un individu peut adhérer à cette campagne, autant sur le plan moral qu’en bannissant de ses achats des produits fabriqués dans des territoires occupés illégalement.»
Déclaration et infos sur: apartheidfree.ch